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Le civil et le militaire.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 10 - 05 - 2011


In La Nation.info
Mardi 10 Mai 2011
Un débat autour du rôle de l'armée dans le changement du système de pouvoir actuel est salutaire. A condition d'engager les êtres au-delà de la simple rhétorique. Car une partie du clivage qui scinde dangereusement « parole politique » et « action politique » réside dans la déconnexion plus ou moins profonde des mots avec le pays, le système et l'armée auxquels ils renvoient.
Mille anecdotes pour le dire.
Affecté pour son service national dans une garnison du sud du pays dans les années 70 un jeune médecin se présente devant son commandant et lui déclare son incompétence à servir à ce poste, sa spécialité étant la gynécologie. Sans se laisser démonter le commandant le convoque pour la levée des couleurs du lendemain et devant les 600 hommes rassemblés il interpelle ses troupes en ces termes : « s'il ya un homme parmi vous qu'il avance d'un pas. » Aucun soldat ne bouge, le commandant se tourne alors vers le médecin et lui dit : « Tu peux travailler. »
Cette anecdote, comme des milliers d'autres dans son genre, est généralement rapportée dans les milieux « éclairés » pour dénoncer la brutalité des rapports ayant cours au sein de l'armée et entre cette dernière et les « élites ». Dans les milieux « populistes ou militaristes » elle vise au contraire à mettre en relief la vanité et l'égoïsme social du comportement des civils de manière générale et des « savants » en particulier.
A elle seule, cette lecture restrictive faite de part et d'autre contient l'immensité du « gap » qui sépare le discours savant sur le réel et le discours du « réel » sur le savant.
Ce qui se joue dans cette histoire n'est rien de plus que la notion d'autorité au sens que lui donne Hannah Arendt : « … s'il faut vraiment définir l'autorité, alors ce doit être en l'opposant à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments. La relation autoritaire entre celui qui commande et celui qui obéit ne repose ni sur une raison commune ni sur le pouvoir de celui qui commande, ce qu'ils ont en commun, c'est la hiérarchie elle-même, dont chacun reconnait la justesse et la légitimité, et où tous deux ont d'avance leur place fixée. »
Ce qui est en jeu ici est la qualité effective de l'autorité exercée par le militaire et l'absence d'autorité par absence de justesse et de légitimité chez le « savant » en l'occurrence le médecin.
Dans son volet implicite, cette part immergée du réel qui neutralise sa part apparente, le discours est là pour disqualifier une petite imposture par une imposture plus grande. L'excuse : Je suis gynécologue étant neutralisée par l'assertion : il n'ya pas d'hommes ici. Et pourtant cette deuxième affirmation qui repose sur un mensonge évident dispose d'une autorité qui neutralise la première laquelle relève de la vérité du diplôme.
Caractéristique des sociétés où la rareté et l'adversité forcent à une économie en « jérémiades » les obligeant à aller à l'essentiel. Cette histoire met en évidence, parfois à tort et parfois à raison, une posture du « savant » en décalage criant avec les impératifs de survie de sa société. En plus bref, une garnison militaire dans les années 70 avait besoin de quelqu'un sachant soigner les bobos et les blessures ordinaires, ce que n'importe quel médecin généraliste pouvait accomplir
En faisant référence à sa spécialité de gynécologue pour refuser son affectation dans une garnison militaire le médecin est doublement suspect. Suspect de vouloir échapper aux contraintes du service national en zone inconfortable. Suspect d'ignorer l'ampleur des besoins d'un pays en manque de tout. Par cette anecdote le militaire marque sa double supériorité sur le civil. D'abord en allant au charbon. Ensuite en affirmant son autorité dans son domaine de compétence : se faire obéir.
La faillite du « savant » intervient à l'instant même où il participe à faire glisser le domaine de compétence du militaire de l'application de la loi vers l'énonciation de la norme.
Tout pronunciamiento donne à celui qui l'accomplit la possibilité de formuler la règle du jeu. Il ne reste aux autres qu'à obéir. Ou à entrer en guerre. Or aucune de ces deux possibilités ne permet de résoudre la douloureuse question du rôle des élites.
Il existe pourtant une extraordinaire galerie de portraits de « savants » médecins, ingénieurs ou autres qui se sont jeté corps et âme dans la « bataille du développement ». Tout comme il existe des responsables militaires qui ronflaient pendant l'exercice de leurs missions. Ou pire. Là n'est pas le problème du jour. Le problème du jour est de relever le défi d'instaurer une autorité en soi au sein de l'élite civile.
Recréer de l'Autorité dans l'espace civil.
Il existe effectivement un pouvoir des textes et on peut, on doit même, y recourir pour affronter la complexité du réel. Mais il ya également un pouvoir qui se passe des textes et des mots pour s'exercer. C'est avec celui-ci que l'Algérie a son plus gros problème. Autrement plus grave que toute l'approche juridique et politique qui peut séparer une simple révision constitutionnelle d'une assemblée constituante. Ou un premier coup d'Etat de la promesse du dernier avant la route.
Ce pouvoir d'obstruction devant l'émergence d'une Autorité en soi dans l'espace public civil a pour nom tantôt pesanteurs sociales, tantôt police politique. Tantôt démission des élites. Et plus vraisemblablement une combinaison des trois.
Mais il est bien là. Et c'est lui le défi à relever. Avec les moyens que la science, la politique, la culture, la société, les croyances, les valeurs mettent entre les mains des acteurs sociaux. Et seulement par ces moyens.
C'est en tous cas ce qui, par delà toutes les autres vicissitudes, a jusqu'ici manqué pour l'émergence du moindre contre-pouvoir.
Comment continuer à utiliser les concepts de société civile, de compétences scientifiques, managériales, intellectuelles ou politiques quand ces dernières ne sont pas en mesure d'instaurer par elles-mêmes et en leur propre sein une autorité en soi. En l'absence de l'élaboration et d'une reconnaissance par les pairs d'une instance capable de décliner le juste et le faux au sein des corporations, des partis, des universités etc.
On a bien plus entendu remettre en cause la légitimité de Bensalah à mener les discussions autour des réformes politiques que celle de Babes à organiser les Etats-Généraux de la société civile. Pourtant le second est à la société ce que le premier est à la politique : un servant docile des manœuvres du pouvoir. Mais les technocrates quand ils vont à la soupe prétendent faire de l'expertise.
La science, la connaissance, la culture et la politique ne peuvent se réduire à une prestation de service. Que l'on effectue en échange de biens matériels. N'impliquant aucune plus value morale. Ou citoyenne. Ni même une obligation de respect de la déontologie. En tout domaine de compétence.
A elle seule l'expérience de la chasse aux sorcières menée contre les cadres par le gouvernement Ouyahia à ses heures d'épurateur du secteur public renseigne sur la fragilité sociale, tous corps confondus, des forces d'administration et d'encadrement civils du pays.
Avocat, architecte, urbaniste, médecin, juge, journaliste, économiste, manager, entrepreneur, enseignant, fonctionnaire, informaticien, ingénieur, universitaire, chercheur, député, militant politique, élu local… Tous ont des organisations qui parlent pour eux. Tous pourtant sont incapables de faire émerger en leur sein un ordre professionnel, corporatif ou un groupe d'intérêts juste et légitime. Capable d'énoncer une parole qui fasse autorité.
A partir de là toutes les paroles se valent. Et seule demeure la force qui fait loi.
Cet état de choses voulu par le pouvoir réel c'est-à-dire par les parrains militaires d'un personnel politique, administratif, économique et culturel docile n'est nulle part contré par une force morale mobilisant la société sur les terrains politique, administratif, économique et culturel pour faire contre-pouvoir. Réel. C'est-à-dire engagé à faire respecter la norme et non à la faire violer à son propre bénéfice comme c'est le plus souvent le cas.
Là est le problème et le défi majeur. L'intervention, encore une fois, de l'armée pour pallier à cette carence ne peut en aucun cas remédier au fait que celui qui dispose de la force dispose du reste à sa convenance.
Plus grave, la carence entretenue des élites civiles pourra être invoquée contre la société dans son ensemble par un de ces désirs de pureté totalitaire aux quels les situations de crise ont souvent donné lieu à travers l'Histoire.
« La dernière fois l'armée est sortie pour nettoyer les rues, la prochaine fois ce sera pour nettoyer les palais. » Ce propos d'un militaire à la retraite est à méditer dans toutes ses implications.
S.G.
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