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26 décembre 1991: l'urne fatale en Algérie
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 10 - 01 - 2012


In SlateAfrique 26 décembre 2011
Jeudi 26 décembre 1991. Il y a vingt ans… Comment oublier cette date? Celle du début d'une décennie noire, d'événements terribles et de traumatismes profonds. Ce jour-là, au premier tour des premières élections législatives pluralistes qu'a connu l'Algérie depuis l'indépendance, le Front islamique du salut (FIS, aujourd'hui dissous) rafle la mise. Il obtient 188 sièges (47,4% des voix) contre 25 pour le Front des forces socialistes (FFS) et 15 pour l'ex-parti unique, le Front de libération nationale (FLN). Avec plus de 140 ballotages favorables, le parti est même pratiquement assuré de remporter la majorité absolue à l'issue du second tour prévu à la mi-janvier. Le 26 décembre ou jour de «l'urne fatale» comme avait titré un journal proche de l'extrême-gauche algérienne et opposé à la tenue d'élections dont on connaît la suite. Le 11 janvier 1992, le président Chadli Bendjedid, acculé par l'armée, est forcé de démissionner. Le scrutin est annulé. Les violences commencent presqu'aussitôt. Une nuit cauchemardesque tombe sur l'Algérie.
On connaît la sempiternelle question concernant ces élections. Fallait-il ou pas les annuler? Fallait-il, au nom de la démocratie, tordre le cou à cette même démocratie? Vingt ans et un Printemps arabe plus tard, les positions sont toujours aussi tranchées. Je m'en suis encore rendu compte récemment lors d'un débat public à propos des événements de 2011, notamment en Tunisie, en Egypte et en Libye, où la question algérienne s'est invitée et a failli monopoliser les débats. Le fait est que cette question de «l'annulation du processus électoral», expression consacrée en Algérie, reste à la fois douloureuse et polarisante. Elle nous divise encore entre Algériens. Elle peut pourrir une discussion et fâcher des amis d'autant qu'elle n'a toujours pas de réponse définitive.
Ces élections sont venues trop tôt
Pour ma part, et je l'ai toujours assumé, j'étais contre l'interruption de ces élections. Depuis, je n'ai pas changé d'avis même si j'entends bien les arguments de celles et ceux qui m'expliquent que laisser le FIS prendre le pouvoir aurait précipité le pays dans l'abîme. Mes arguments n'ont pas changé non plus. Précisons d'abord que j'étais contre la tenue de ces élections. En décidant de n'en faire qu'à sa tête et de les organiser coûte que coûte, le pouvoir algérien ne pouvait ignorer que les islamistes allaient l'emporter. Au passage, on fera l'analogie avec tous les scrutins actuels dans le monde arabe où les partis religieux l'emportent tous à la surprise de celles et ceux qui s'étaient précipités pour évoquer l'émergence d'un monde arabe post-islamiste…
Il ne fallait donc pas organiser ces élections aussi rapidement alors que la transition démocratique algérienne en était encore à ses balbutiements. Au cours de l'automne 1991, de nombreuses voix se sont ainsi élevées en Algérie pour dire que ce scrutin, prévu à l'origine en juin de la même année (et reporté en raison d'affrontements entre les militants du FIS et les forces de l'ordre), pouvait être encore différé d'au moins une année, le temps pour que les démocrates puissent mieux s'organiser. Si je rappelle cela, c'est aussi pour dire que je ne crois absolument pas à la thèse qui veut que ce vote a été organisé pour tendre un piège au FIS. Bien au contraire, le pouvoir algérien était persuadé que les urnes allaient donner un tiers des suffrages au parti islamiste, les deux tiers étant partagés par le FLN et les autres partis démocrates (FFS, RCD,…) ce qui aurait ouvert la voie à des alliances au sein du Parlement. Je me souviens bien de ces analyses savantes que l'on nous servait à l'époque. Ce fut le cas y compris le soir même du 26 décembre alors que je couvrais la soirée électorale dans un cinéma d'Alger transformé pour l'occasion en centre de presse. Ah, les sourires confiants de Sid Ahmed Ghozali, Premier ministre de l'époque, et de Larbi Belkheïr, son ministre de l'intérieur. Il était vingt-heures, les premiers résultats n'étaient pas encore arrivés. Puis, les heures passant, les sourires ont disparu et les visages se sont liquéfiés. « FIS… FIS… FIS… FFS… Ballotage favorable pour le FIS… FLN… FIS… », égrenait un Belkheïr de plus en plus abattu face à des journalistes médusés. Non, n'en déplaise aux amateurs de théorie du complot, et ils sont nombreux en Algérie, ce scrutin n'a pas été organisé pour que la victoire du Fis puisse servir de prétexte à sa dissolution.
Il fallait respecter le vote du peuple
J'étais contre la tenue de ces élections mais j'ai toujours pensé que, dès lors qu'elles avaient été organisées, il était nécessaire d'en respecter le résultat. Pour moi, le fait de les interrompre ne pouvait que conduire à l'explosion et c'est bien ce qui s'est passé. Cette annulation du scrutin du 26 décembre a donc ouvert la boîte de Pandore. Elle a offert aux islamistes le statut de victimes à qui le système a volé leur victoire électorale. Elle en a fait autant des élus du FIS puisque nombre d'entre eux ont été arrêtés et incarcérés au fur et à mesure que montait la contestation populaire contre l'annulation du scrutin et la violence. En privant le FIS de sa victoire électorale, on lui a offert une légitimité dont ses leaders qui vivent encore, dont Abassi Madani installé au… Qatar, se prévalent pour exiger leur retour sur la scène politique.
Cette question du «fallait-il interrompre les élections ou pas» étant des plus épineuses, je me vois forcé de préciser ma position. Je ne suis ni un adhérent ni un sympathisant de l'islamisme politique. Mais j'ai toujours estimé que l'on ne doit pas mépriser le choix d'un peuple fut-il celui que l'on n'espérait pas. Aujourd'hui, j'envie les démocrates tunisiens. Certes, leur position est difficile face à Ennahdha mais, au moins, ce parti ne va-t-il pas camper dans le rôle de victime et il est désormais redevable de ses actions devant son peuple. Je suis persuadé qu'un FIS au pouvoir aurait, tôt ou tard, été «dégagé» par les Algériens comme le sera Ennahdha si ce parti ne tient pas ses promesses notamment économiques.
Je connais l'argument principal de celles et ceux qui ne sont pas d'accord avec moi. Nombre de ces personnes sont des amies et amis proches. Quand on aborde cette question, tous me lancent à la figure le nombre de victimes durant la décennie noire (200.000 morts selon un bilan officieux et près de 20 milliards de dollars de destruction). Et c'est en cela que réside la faiblesse de leur argumentation. La question que je pose est simple et c'est la même que j'ai longuement analysée dans mon ouvrage «Un regard calme sur l'Algérie». La voici, cette question qui attend toujours son débat national: imaginons que le FIS ait pu contrôler l'Assemblée algérienne. Imaginons-même que le président Chadli Bendjedid ait fait alliance avec ce parti. Aurait-on eu autant de morts et de destructions? Aurait-on eu un pays autant meurtri? Aurait-on eu autant de familles divisées? Tous ces enfants des quartiers populaires, tous ces démunis dans des coins perdus de l'Algérie, tous ces populations pauvres, auraient-ils perdu la vie dans d'infâmes massacres? Je ne le crois pas. Je ne prétends pas que les choses auraient été roses avec le FIS (pas plus que je ne crois que la Tunisie est tirée d'affaire avec Ennahda) mais je ne pense pas que l'on aurait atteint un tel niveau de dévastation et de violence.
Tout ça pour ça?
Reste aussi une autre question pour laquelle j'attends toujours une réponse cohérente. Admettons un instant qu'il fallait interrompre les élections et empêcher le FIS de gouverner. Mais quel en a été le résultat? Tout ça, pour ça? Où en est l'Algérie vingt ans plus tard? A-t-elle avancé ou a-t-elle régressé? S'est elle engagée dans la voie de la modernité ou pas? Est-elle devenue laïque ou plus religieuse? Cette religiosité qui a envahi l'espace public et privé, n'est-elle pas le signe que, quelque part, les idées du FIS ont triomphé? Envisager juste de répondre à ces questions permet de se rendre compte des conséquences du 26 décembre 1991 et des jours qui ont suivi.
J'insiste enfin sur le point suivant. Critiquer l'annulation du scrutin du 26 décembre 1991 ne signifie pas que j'accorde un blanc-seing aux islamistes du FIS ou que je considère qu'ils n'ont aucune responsabilité dans les drames de la décennie noire. En matière de violence, nombre d'entre eux sont responsables de ce qui s'est passé avant comme après ce vote. Par leur discours guerrier et revanchard, par leurs actes, ils ont terrorisé une partie de l'Algérie, celle-là même qui a soupiré de soulagement au lendemain de l'annulation du scrutin. Nombre d'entre eux sont passés du statut de victimes ayant été dépossédée de leur victoire électorale à celui de coupables d'avoir massacré et terrorisé le peuple algérien. Et, aujourd'hui, ceux qui veulent réinsérer le FIS dans le jeu politique doivent, d'une manière ou d'une autre, faire leur mea culpa à propos de cette violence qui a démoli le pays dans les années 1990.
Akram Belkaïd
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