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“J'étais dans la salle”. Témoignage sur l'assassinat de Mohamed BOUDIAF.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 28 - 06 - 2012

Nous tenons à remercier notre frère et Ami, Si Abdelkrim BADJADJA pour nous avoir adressé ce témoignage.
Témoignage de Salim Serradj (1) sur l'assassinat de Mohamed Boudiaf le 29 juin 1992: “J'ETAIS DANS LA SALLE"
Le 28 Juin 1992, je reçois un appel téléphonique du cabinet du wali de Constantine, me sommant de récupérer une invitation pour une réunion à Annaba présidée le lendemain par Mohamed Boudiaf, président du Haut Comité d'Etat. J'assurais ce jour-là l'intérim du directeur en mission à Alger. Malgré mon insistance pour ne pas partir arguant du fait que j'occupais un poste stratégique et en me référant à ma hiérarchie, le secrétaire général de la wilaya me signifie que je suis sur la liste protocolaire et que je ne peux refuser la mission.
J'arrive à Annaba le 29 juin 1992 à 9 heures du matin, et impossible d'imaginer un instant que j'allais assister à la mort en direct d'un chef d'état, qui plus est un historique de la Révolution algérienne. La ville de Annaba était parée de ses plus beaux habits. J'emprunte le cours de la Révolution où des policiers étaient de faction tous les dix mètres. Arrivé au palais de la culture (qui porte depuis le nom Boudiaf Mohamed), après avoir eu toutes les peines du monde à garer le véhicule de service, j'accède au lieu de la réunion.
Après plusieurs fouilles au corps, je me dirige vers le chargé du protocole de la Wilaya de Constantine qui me remit un badge permettant l'accès à la salle. A 9 heures 30, la salle était archicomble. Je suis interpellé par des amis de Constantine pour m'asseoir à leur côté. Je scrute la salle, et j'aperçois des directeurs d'entreprises de l'est algérien, et il y avait aussi pour la première fois beaucoup de jeunes et de représentants d'associations de jeunes. Un message on ne peut plus clair sur la nouvelle politique du pays. On assiste à un ballet incessant des responsables de la sécurité qui contrôlaient tous les coins et recoins de la salle, y compris les pots de fleurs qui ornaient la tribune vérifiés par le chef de sûreté de wilaya d'Annaba qui est un ancien camarade de classe.
A 10 heures 45 mn, l'arrivée du Président se fait le plus simplement du monde. Boudiaf, vêtu d'un costume marron, accède à la tribune. La surprise était de taille : il n'y avait avec lui que le Wali de Annaba et quelques jeunes. La délégation présidentielle s'était installée dans la salle au premier rang. Après deux interventions très courtes du wali et d'un représentant des jeunes, le président Boudiaf prend la parole, en repoussant carrément d'un revers de la main le discours préparé pour la circonstance (rires approbateurs dans la salle). Boudiaf a parlé spontanément de la politique du pays, en axant son intervention sur le devenir de la jeunesse, un message fort qui se devait de donner l'espoir justement à cette jeunesse qui représente plus de 70 % de la population. Le reste du discours sera centré sur la mafia politico-financière qui gangrène le pays (ce qui continue à ce jour), et le président n'a cessé également de parler de la tendance islamisante du pays.
A 11 heures 20 mn, alors qu'il était en train de conclure son intervention, un coup de feu retentit derrière le rideau. Boudiaf s'est retourné tout en continuant à parler. Quelques secondes après le rideau s'ouvre, et toute la salle voit surgir un officier de la garde rapprochée, l'arme au poing, et qui instantanément ouvre le feu d'abord dans la salle (ce qui fait plonger l'assistance sous les sièges), et puis nous entendîmes une explosion suivie de tirs nourris de mitraillette. Le calme revenu, nous constatons impuissants les dégâts : le président avait le crâne fracassé, et des blessés qui hurlaient. Commence alors une panique indescriptible. Un homme avait recouvert le président Boudiaf de sa veste en attendant les secours (plus tard nous sûmes que c'était le beau-frère du président).
Certains ont fui carrément les lieux, les blessés étaient acheminés vers les hôpitaux, et le reste des invités était obligé de rester dans l'enceinte du palais de la culture en attendant les ordres. L'attente dura six heures. On a assisté à des scènes d'hystéries, je vous assure que les femmes présentes étaient plus courageuses que certains hommes, y compris ceux chargés de l'organisation qui quelques instants auparavant se pavanaient dans la salle avec lunettes noires.
Et par manque d'informations, on pensait à tout, y compris au coup d'état, les suppositions et commentaires allaient bon train. Et dès qu'on nous avons appris la mort éventuelle de l'assassin, nous avons commencé à imaginer des scénarios dignes des films Hollywoodiens, y compris une analogie avec la mort de Kennedy. Le président, comme je l'ai signalé plus haut, n'avait pas mâché ses mots et avait été on ne peut plus clair sur la crise qui secoue le pays : maffia politico-financière, crise au sein du gouvernement, comportement des citoyens (pas de Redjla pour protéger les femmes), et surtout il s'était attaqué à plusieurs reprises aux pseudos Chouyoukh qui avaient ramené un Islam que nous ne connaissions pas. (D'où rires dans la salle à plusieurs reprises).
Ce n'est que vers 17 heures que nous fumes relâchés, après que quelques directeurs d'Annaba se soient portés volontaires pour l'audition par la gendarmerie nationale afin d'éviter ces formalités à huit cents personnes présentes ce jour-là. Au sortir du palais c'était une ambiance de coup d'état. On était encadré par des blindés de la gendarmerie, et j'ai été obligé de prendre avec moi dans le véhicule deux directeurs dont les chauffeurs avaient disparu.
Cela reste bien entendu mon témoignage personnel sur la mort de cet homme valeureux qui en l'espace de quelques mois avait conquis une estime et une confiance totale chez les jeunes. Il faudrait visionner le discours en entier pour juger parce que la télévision n'avait montré que des bribes.
Salim SERRADJ
(1) Salim SERRADJ avait fait toute sa carrière à Sonelgaz-Algérie (anciennement EGA), du mois d'août 1962 jusqu'à son admission à la retraite en avril 1998.


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