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La Syrie, terre de mission des conspirationnistes
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 06 - 09 - 2013


Par Catherine Gouëset, publié le 06/09/2013
Au moment où la communauté internationale se déchire sur une éventuelle intervention en Syrie, une partie de l'opinion publique se laisse bercer par la complotite très active des « Bacharophiles ». Pourquoi un tel succès? Eléments d'analyse.
La zone assiégée de Homs, août 2013.
Alors que plusieurs pays dont la France s'interrogent sur l'opportunité d'une action militaire en Syrie après l'attaque chimique qui a fait plus d'un millier de morts le 21 aout, une partie de l'opinion publique est sensible aux sirènes complotistes qui soutiennent plus ou moins objectivement le régime de Bachar el-Assad. Ils voient dans la crise syrienne une machination contre un régime « laïc » et « défenseur des minorités », sans le moindre égard pour les 110.000 morts et les 6 millions de déplacés causés par la réponse apportée par le régime syrien à ce qui n'était au départ qu'une demande de réformes.
De l'extrême droite à la gauche de la gauche
Cette vision trouve un écho assez « naturel » au sein de l'extrême droite, mais également chez certaines personnalités et organisations qui se réclament de la gauche. « On observe pantois la gauche laïcarde faire des mamours à la droite identitaire et s'émouvoir soudainement du ‘sort des Chrétiens', s'emporte l'historienne Marie Peltier, tandis que l'on découvre cette même droite subitement férue de laïcité et pourfendeuse de la volonté hégémonique occidentale dont elle a pourtant été l'un des plus fidèles apôtres ». Ces anti-impérialistes, relève Marie Peltier, ne se sont guère manifestés depuis les deux ans que dure la répression orchestrée par ce régime.
Comme il en a l'habitude après chaque massacre, le régime syrien a nié, le 21 août, l'usage d'armes chimiques: « Les informations sur l'utilisation d'armes chimiques dans la Ghouta sont totalement fausses », a réagi l'agence de presse officielle Sana, avant, alors que l'indignation montait, d'accuser les insurgés d'être les responsables de cette attaque. Une lecture des faits aussitôt relayée par une multitude de sites complotistes pro-Assad aux noms évocateurs de cequelesmediasnenousdisentpas,Investig'action ou francaisdefrance. Ils s'empressent de préciser que la Russie a fourni aux Nations Unies des « images satellites, irréfutables, des 2 missiles chargés de produits chimiques qui se sont abattus sur Al Ghouta faisant des centaines de morts, dont la plupart des enfants », précisant que ceux-ci « ont été lancés depuis la région de Douma en Syrie, sous contrôle des rebelles! »
Depuis le début du soulèvement des Syriens contre quarante années de règne des Assad père et fils en mars 2011, Damas a trouvé, dans les pays occidentaux, une multitude de relais veillant à diffuser sa vision de la crise. Aux premières loges, des activistes d'extrême droite ou proches de l'extrême droite comme Frédéric Chatillon. Cette mouvance compte plusieurs figures issues de la gauche de la gauche se proclamant « anti-impérialiste », commeThierry Meyssan, célèbre pour avoir imputé à une conspiration ourdie par la CIA les attentats du 11 septembre 2001, et fondateur du Réseau Voltaire, aujourd'hui installé à Damas. Mais aussi Alain Soral, qui dirige le site Egalité et Réconciliation, Louis Denghien, fondateur du site Infosyrie (Lire l'enquête de L'Express sur la « légion française d'Assad« ), le journaliste Michel Collon, fondateur du site Investig'action, ou l'écrivain Jean Bricmont.
Le rôle démultiplicateur d'Internet
L'obsession du complot à l'oeuvre à propos de la Syrie s'est largement développée grâce à Internet. Dans une « époque saturée par l'information, ceux qui tendent vers le conspirationnisme se piquent de pratiquer un hypercriticisme, qui n'est en fait qu'une fainéantise intellectuelle, explique Stéphane François, chercheur spécialisé dans les sous-cultures de la droite radicale. Les publications à connotation paranoïaque/conspirationniste étaient jusqu'à présent confidentielles, très peu lues. Internet, en dématérialisant les supports, a permis une diffusion accrue de ces thèses, au travers notamment de la démultiplication de ces sites ».
Relativiser les exactions du régime
Les conspirationnistes, s'ils sont très actifs sur internet, sont certes assez peu nombreux, mais leur activisme est parvenu, bien au delà de leur cercle à instiller le doute sur la réalité des événements en cours en Syrie. Aussi voit-on, notamment sur les réseaux sociaux, nombre d'internautes et de d'activistes remettre en question la réalité des exactions du régime Assad, ou les relativiser en mettant en balance l'incroyable répression menée par Damas, avec les dérapages, condamnables bien sûr mais d'une ampleur infiniment inférieure, d'une partie des rebelles syriens et des djihadistes qui ont profité du chaos pour avancer leurs pions. Et cette prose sert de justification à de nombreux acteurs politiques en France pour justifier leur rejet de toute idée d'intervention, du Front national au Front de gauche. Pour les « tenants de l'interprétation policière de l'histoire », peste l'éditeur franco-syrien Farouk Mardam-Bey, « les manifestations populaires à travers le pays, les dizaines de milliers de morts et de blessés, les centaines de milliers de réfugiés, les arrestations massives, les tortures, les viols, les pillages, les bombardements des villes et des villages à l'artillerie lourde et à l'aviation de combat ne sont qu'une illusion d'optique, des images fabriquées dans les officines de la CIA et les studios d'al-Jazeera. »
Le passif des pays occidentaux
Comme souvent dans la complosphère, l'argumentaire sur lequel s'appuient ceux qui nient ou minimisent les crimes du régime Assad n'est pas dénué de fondement. Les réfractaires à toute intervention en Syrie ont beau jeu de rappeler les mensonges américains sur les armes de destruction massives qui ont servi de justification à l'intervention en Irak en 2003. Et « comment accorder crédit aux invocations vertueuses des Etats-Unis, dont le Plan Condor a soutenu les tortionnaires d'Amérique latine avant de livrer à Saddam Hussein le gaz destiné à leur ennemi iranien? », fait valoirFrançois Burgat, chercheur à l'Institut de Recherches et d'Etudes sur le Monde Arabe et Musulman. Il est difficile, complète-t-il, de donner crédit au soutien à la démocratie de « ces Européens qui boycottent les urnes arabes chaque fois que les vainqueurs ne leur plaisent pas. »
« Au coeur de tous les malentendus que manifeste la lamentable « complotite » qui paralyse aujourd'hui la solidarité internationale à l'égard de l'opposition syrienne, il y a le fait que des diplomaties occidentales au lourd passé de cynisme impérialiste ont compris, après le désaveu des révoltes tunisienne et égyptienne, les limites tactiques du soutien aveugle qu'elles apportaient à des régimes autoritaires déchus. Et qu'elles ont décidé de « changer », au moins partiellement, leur fusil d'épaule », ajoute encore le chercheur.
Un culturalisme frisant parfois le racisme
Derrière la vision tronquée de ceux qui doutent de la véracité des massacres commis par le régime, transpire aussi un « culturalisme qui assigne aux autres peuples, consciemment ou inconsciemment, une culture à jamais différente de la nôtre, et qui leur colle à la peau comme une seconde nature, dénonce Farouk Mardam-Bey. S'il est en France tout à fait naturel, quand on est de gauche, de défendre les acquis sociaux et les libertés individuelles et collectives, il est en revanche impensable, inouï, aberrant, contre nature, selon cette même gauche, de vouloir en Syrie vivre libres et égaux. »
Une partie de la gauche latino-américaine, et notamment la communauté d'origine levantine dans ce continent soutient elle aussi de façon inconditionnelle le régime. Janaina Herrera, ancienne diplomate et consultante relève elle aussi « l'absence d'interrogations sur les causes du soulèvement syrien ». « Tout se passe comme si la souveraineté du peuple syrien, si souvent invoquée contre les ingérences extérieures, était dépourvue de tout volet interne. Le grand absent de ces débats est in fine le peuple syrien lui-même ». Pire, pour ces culturalistes, « les Arabes semblent être un peuple qui favorise la violence comme moyen de résoudre les conflits, s'abreuve au puits de l'extrémisme, dont la capacité à rejeter le fardeau du despotisme oriental et l'aptitude à la démocratie est toujours mise en doute. Vue sous cet angle, la violence qui accompagne la révolution n'est pas exceptionnelle et n'appelle donc pas une action urgente », avance le politologue libanais Ziad Majed.
La défense des minorités contre la majorité sunnite
La justification que représente, selon la complosphère pro-Assad la « défense des minorités » par un régime qui les a plus souvent manipulées que véritablement défendues a un aspect paradoxal. Ainsi, ceux qui s'indignent des menaces qui pèsent sur les Chrétiens ou les Alaouites, ne s'embarrassent guère de justifier l'oppression de la majorité sunnite (70% de la population): « Ils préfèrent la tyrannie exercée sur la majorité afin de préserver la minorité », constate Ziad Majed.
La hantise de l'islam est également présente chez nombre de détracteurs de l'opposition syrienne qui réunit laïcards de gauche et de droite. Pour une partie de l'opinion et notamment au sein de la gauche arabe, par ailleurs, il est difficile d'accepter le cours des événements depuis le début des printemps arabes alors que les forces islamistes ont distancé les « modernistes » à chaque fois qu'ils ont pu voter librement, observe François Burgat. D'où « la tentation de l'alliance avec ces militaires qui disent vouloir ‘sauver la révolution', comme en Egypte.
L'obsession du « grand jeu » international
Les complotistes ne voient dans la crise syrienne qu'un champ de bataille pour les puissances mondiales et régionales. Les doutes légitimes sur les intentions des parrains de l'opposition que sont les monarchies du Golfe, bien peu démocrates à domicile, servent aussi de prétexte pour délégitimer le combat des opposants syriens. Ceux qui voient dans la crise en cours une cabale américano-israélo-saoudo-qatarie, « sont obsédés par la lecture géostratégique des événements, au point d'en oublier le sort de millions d'individus, de leurs droits et de leurs dignité », regrette Ziad Majed. Ces conspirationnistes « ne s'intéressent qu'aux frontières, aux ressources et aux intérêts des acteurs externes de la crise », oubliant au passage que » l'essence même des relations internationales est basée sur la quête des intérêts propres des protagonistes -Iran, Russie et Chine compris », ajoute-t-il.
Ceux qui apportent leur soutien au régime baasiste au nom de la cause palestinienne, oublient que les Assad ont plus fait peser leur bellicisme sur les Libanais les Syriens et les Palestiniens eux-mêmes, que sur « l'ennemi sioniste ». D'ailleurs, « l'Etat hébreu s'accommode fort bien des discours sur la ‘résistance' baasiste, qui n'a jamais été suivie d'effets par le passé », relève Ignace Leverrier, auteur du blog Un oeil sur la Syrie. Bien qu'inquiets de la déstabilisation de la Syrie, les Israéliens préfèrent, jusqu'à aujourd'hui, « le diable qu'ils connaissent », selon l'expression employée par un responsable des services secrets israéliens.
En dernier ressort, il faut souligner ce paradoxe: le soutien occidental aux rebelles syriens, décrié par les conspirationnistes « est d'autant plus absurde qu'ils n'en n'ont, pour l'heure, pas vu grand chose, contrairement à l'effort russe, iranien ou libanais, efficacement concentré sur le maintien de l'écrasante supériorité militaire du régime, déplore François Burgat. « Jalonné d'une longue série d'atermoiements, faite de promesses incertaines soumises à des exigences irréalistes (Etes-vous tous vraiment laïques?) il est demeuré jusqu'à ce jour plus proche du baiser de la mort que de la main salvatrice. »
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