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Harragas, témoignages du dernier espoir
Enquête-Témoignages
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 03 - 2018


Par Sarah Raymouche
Soirmagazine se penche dans ce numéro sur une question des plus sensibles, celle des harragas ou des émigrés clandestins. Pour eux, aller vers l'Europe est l'ultime espoir, le voyage de la dernière chance. Qu'est-ce qui les pousse à aller vers une solution aussi radicale ? Dans l'anonymat, ils racontent leur périple et expliquent leur choix.
Lyès, 23 ans : «Partir rejoindre mon père !»
Il est le cadet de la famille. Avec ses deux frères, ils vivent seuls avec leur mère. Leur père les a quittés pour vivre en France. Lyès a fait quatre demandes de visa, toutes refusées par la France et l'Espagne. «J'ai même acheté un rendez-vous et monté un dossier. Mais sans succès», note-t-il. La 5e tentative était la bonne, mais avec un départ clandestin via la Turquie. Lyès part avec un groupe de quatre amis du quartier. Mais, sur place, le groupe de jeunes Algériens allant pour le même objectif était beaucoup plus important. Arrivé en terre d'exil, il a vécu près de six mois dans des conditions très pénibles. Sans argent, sa famille a pu lui envoyer quelques sous pour tenir le coup. Finalement, c'est par la Grèce via les frontières terrestres et en traversant une forêt pendant 4 jours, qu'il a pu atteindre l'Allemagne. «Il fallait marcher la nuit et dormir le jour dans les bois. La faim était omniprésente. Mais ce qui nous faisait le plus peur, c'était le risque de se faire attaquer par des chiens et des loups. Et cela était inévitable. Un de mes camarades a même été mordu par un loup», raconte-t-il à demi-mot. Tous ces risques ont, pourtant, été sans résultat. Lyès poursuit son récit : «Nous avons été arrêtés par les gardes-frontières allemands. Ils sont très agressifs. Ils nous ont embarqués dans une barque de 8 personnes et laissés sur la rivière, à la frontière turque. Je sais que les gardes en Turquie sont au courant de cela et qu'il suffit juste de payer pour pouvoir passer.» De retour en Turquie, il n'a pas abandonné et est revenu de nouveau par le même chemin et s'est fait choper une seconde fois. «Mais, cette fois-ci, nous avons détruit nos passeports pour que l'on ne dévoile pas nos origines. C'est le conseil qu'on nous avait donnés», explique encore Lyès. «Cela dit, les gardes ont commencé à interroger tous les membres du groupe s'ils étaient algériens en les questionnant : «Are you algerian ?» Et même avec la destruction de nos documents, ils nous ont renvoyés. Je suis donc revenu au bercail», dit-il en soupirant.
Lyès pense que le seul moyen pour ne pas se faire arrêter est la voie maritime mais elle est la plus risquée. «C'est simple, soit tu réussis, soit tu meurs. Mais je ne le ferai pas parce que je l'ai promis à ma mère.»
A la question de savoir pourquoi il veut à tout prix quitter son pays, il répond : «Je veux rejoindre mon père et comprendre pourquoi il n'est pas parmi nous, pourquoi il ne donne plus signe de vie, je veux m'installer près de lui même aller loin, vers les pays nordiques. Vous savez, je suis diplômé technicien supérieur. J'ai travaillé comme stagiaire au Sud mais impossible de décrocher un poste ou un contrat. Il faut avoir des connaissances et des copains ou bien il faut payer !»
Lyès ne regrette pas son choix, ni les périples qu'il a connus et il veut encore tenter sa chance et repartir. Mais cette fois-ci, en obtenant un visa. «Je n'abandonnerai jamais!» Quant à la fatwa disant que la harga est illicite, haram, Lyès est convaincu : «Non, c'est uniquement par la mer que c'est haram. Je pense que de cette manière, on se fait du mal à soi-même et surtout on va droit vers la mort, c'est comme si on se suicidait. Sinon, le reste, non.»
Mohamed, 52 ans : «Jamais je ne retournerai en Algérie»
Sa vie entière a été une course pour quitter son pays. Fuir, s'exiler a de tout temps était son objectif. «J'ai quitté l'Algérie il y a de cela 7 ans en passant par les frontières espagnoles. Je suis resté au camp des réfugiés durant deux années en me faisant passer pour un Syrien. Aujourd'hui, je suis en France en situation irrégulière mais je travaille et je gagne bien ma vie en tant que cuisinier, ce que j'ai toujours aimé faire, résume Mohamed. Je suis maintenant heureux et j'ai pu atteindre mon but.» Mais avant d'y arriver, il a tenté 7 fois l'émigration. Il a même séjourné en Arabie Saoudite pendant 7 ans où il a été exploité et qu'il a dû quitter définitivement. Par la suite, il a tenté l'Italie par la Tunisie, en bateau, où il a passé 4 ans avant d'être arrêté par la gendarmerie dans la mosquée après la prière du vendredi. C'est à son retour qu'il a décidé de rejoindre l'Espagne.
Les raisons de cette volonté effrénée de départ, il ne les explique pas vraiment. Mohamed relève qu'il a de tout temps vécu dans un environnement familial instable avec des soucis. Abandonné par son père, qui était violent et agressif, et sa mère, qui s'est remariée, Mohamed a dû, très tôt, se prendre en charge. Il ne souhaite plus jamais revenir dans son pays. Il n'a d'ailleurs pas assisté à l'enterrement de son père. «Aujourd'hui, mon souhait est de rencontrer une femme qui m'aimerait. Je ne veux pas me marier juste pour avoir les papiers.»
Souhil, 18 ans : «La mer pour fuir»
Souhil a fui l'Algérie qu'il considère comme le lieu où existent les pires conditions de vie familiale et où la violence règne en maîtresse. Il sait de quoi il parle car il a vécu une enfance des plus perturbées.
Il ne veut pas vraiment s'étaler sur les conditions de son émigration et préfère se contenter d'une phrase laconique : «J'ai tenté la première fois de partir par voie terrestre par la Turquie, mais cela n'a pas marché. J'ai économisé et par la suite quitté le pays par voie maritime, en barque. C'était difficile, mais j'ai réussi et maintenant je vis en France
Mounir, 26 ans : «Un diplôme universitaire et aucun espoir»
«Toute ma vie, mes parents ne cessaient de me répéter qu'avec un diplôme universitaire, on peut avoir une belle vie et un travail en Algérie. Mais, au final, ce n'est pas le cas. Trop de passe-droits, trop de hogra m'ont poussé à partir, à prendre le risque de perdre la vie et tenter ma chance ailleurs. Vous imaginez ce que c'est que de rester deux années au chômage avec un diplôme universitaire en poche. La première fois, j'ai essayé par la Turquie et cela n'a pas marché. la seconde, je me suis fait passer pour un Syrien et ça a collé. Aujourd'hui, je vis en Suisse depuis deux années.»


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