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Le plaisir d'apprendre aux élèves, ce jeu exaltant
MES PLUS BEAUX SOUVENIRS DANS L'ENSEIGNEMENT DE DJAMILA OUARAB
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 05 - 2018

Enseignante à la retraite, Djamila Ouarab publie un opus (un petit ouvrage) à lire d'une traite, en moins d'une heure. Le livre s'adresse autant à l'esprit qu'au cœur et à l'émotivité du lecteur.
On peut être très savant, mais peu pédagogue, dit-on. Chez Djamila Ouarab, l'expérience du métier, mais aussi un instinct très délicat du sens de l'enseignement l'ont spontanément orientée vers l'écriture d'un modeste ouvrage n'ayant d'autre prétention que de donner envie de lire et de trouver du plaisir. Mes plus beaux souvenirs dans l'enseignement est le genre de titre qui ne trompe pas : les connaissances acquises et les expériences vécues sont mises, ici, au service de l'intérêt humain du message à transmettre. «Pour une fois dans ma vie, je voulais parler de ce qu'il y a de beau dans l'enseignement, à savoir les émotions et les bons souvenirs qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. D'où le titre que j'ai choisi de donner à cet écrit», précise l'auteure au début du texte.
Dès l'entame de ce témoignage, le lecteur ne peut s'empêcher de sourire à la fraîcheur de la plume alerte qui commence à réveiller son imagination. Le style de Djamila Ouarab — à la fois clair, lisible et harmonieux — est son reflet intérieur, en même temps qu'il trahit la grande sensibilité de l'auteure. «L'idée d'écrire m'est venue grâce à une journaliste qui j'ai eu l'occasion de rencontrer au cours de mon passage à la foire du livre. J'étais en train de feuilleter un roman en anglais quand, soudain, la journaliste, mademoiselle Samah, s'approcha de moi et m'aborda gentiment. Elle n'avait jamais écrit d'articles auparavant.
Aussi, grande était sa joie lorsque j'avais accepté de lui consacrer une partie de mon temps pour écrire son premier article», confie-t-elle spontanément. A la journaliste débutante, la bonne pédagogue a alors conseillé d'adopter ce point de vue fort sensé pour son article : «J'ai expliqué à celle-ci que je n'étais pas prête à parler des problèmes rencontrés au cours de ma carrière, mais plutôt je voulais parler du bon côté de l'enseignement.» Manière de dire que l'enseignante en pleine maturité préfère retourner à sa fraîcheur de perception, elle qui a toujours été réceptive aux enfants et aux élèves. La jeune journaliste a été néanmoins un éveilleur d'idées. C'est suite à ce concours de circonstances que s'est opéré le déclic.
Djamila Ouarab s'est prise au jeu de l'écriture, mais c'est pour simplement exprimer l'essentiel de ce qui est en elle après tant d'années. Preuve aussi d'une jeunesse d'esprit restée pétillante. Résultat, un petit livre d'une quarantaine de pages où l'auteure a catalogué les plus belles images que garde et fournit la mémoire.
Surtout, l'ouvrage vient rappeler au lecteur que l'enseignement, au temps de Djamila Ouarab, n'était pas un métier comme aujourd'hui ; c'était plus une passion pour de nombreux éducateurs. A l'époque, l'enseignant n'apprenait pas seulement à l'élève à écrire, à lire ou à compter, il savait apprendre à aimer les matières enseignées. Il ne cultivait pas les intelligences comme des bonsaïs, mais comme on plante et fait s'épanouir les arbres.
Le professeur Youssef Nacib, auteur de la préface, l'a tout de suite relevé. Il écrit : «Ce livre est modeste par son volume et dense par sa tonalité psychologique. Le fil conducteur du récit n'est rien moins que la passion avec laquelle la pédagogue embrasse et exerce son métier qui, en l'occurrence, apparaît moins comme un gagne-pain que comme une vocation. Et l'exercice de la profession d'enseignante dans la joie n'est pas seulement, pourrait-on dire, culturel pour autant que la professeure d'anglais, après de brillantes études, se retrouve outillée de remarquables connaissances, mais le noble métier d'enseignante s'affiche pour l'auteure autant comme une acquisition culturelle que comme un héritage naturel.»
Et le préfacier d'expliquer que la professeure d'anglais a de qui tenir : son père, Si El Hocine Ouarab, a lui-même consacré sa vie à l'enseignement, en plus d'être un poète polyglotte (il composait en langues amazighe, arabe et française). «La polyglotie (l'auteure de ce livre pratique aussi quatre langues) et le don de poésie chez la fille sont une continuation héréditaire des qualités mêmes qui caractérisent le père», ajoute le préfacier. Naturel prolongement des choses, donc, que d'«exercer un noble métier qui requiert, comme le suggère sa fille dans cette modeste autobiographie, générosité, patience, sens de l'effort et humilité. Car (...) l'enseignant ne transmet pas seulement des notions par un apprentissage codifié, mais il communique aussi la culture et les valeurs par son propre exemple».
Tout comme la passion de l'artiste (ce qui, de sa sensibilité et de son enthousiasme, passe dans l'œuvre), les «plus beaux souvenirs» de Djamila Ouarab sont la vie qui accourt à fleur de peau. «Ce qui touche le cœur se grave dans la mémoire», disait Voltaire. Les pactes d'amour, les vrais, ceux que l'on n'oublie jamais, ont été scellés à maintes occasions durant le long parcours de celle dont la vocation était d'enseigner. Première rencontre avec l'Amour, il y a presque un demi-siècle : «Le premier souvenir que je garde dans ma mémoire remonte à 1973, année où j'ai débuté dans l'enseignement comme professeur d'enseignement moyen en anglais. Après un stage à l'Ecole normale de Ben-Aknoun, je fus affectée au CEM El Khensa (ex-Victor Hugo) à Hussein-Dey, situé à la rue Tripoli, non loin du lycée Aïcha.» Heureux hasard ? «Je ne savais pas que ce collège d'apparence triste et modeste, renfermait une chaleur et une atmosphère qui m'ont fait aimer cet établissement dès le premier jour où j'y ai travaillé.
Cet amour pour ce collège a grandi de jour en jour pensant les quatre années de services dans ce CEM et occupe jusqu'à présent une grande place dans mon cœur.» Djamila Ouarab donne des détails significatifs (dont des anecdotes amusantes ou des observations pleines de sens) sur l'«ambiance unique» qui prévalait à El Khensa, où éducateurs et élèves formaient «une vraie famille». Une affaire d'émotions, de choses qu'on donne et qu'on reçoit en partage... C'était presque la même ambiance au CEM Pasteur, puis au lycée Delacroix. L'art d'enseigner s'accompagnait de rapports positifs entre les éducateurs et les élèves, la convivialité rendait la vie délicieuse et chacun trouvait son bonheur. La narratrice évoque ensuite deux évènements restés gravés dans sa mémoire : la réception, dans sa salle de classe, du ministre de l'Education nationale en visite au lycée Delacroix ; le séminaire d'anglais qu'elle avait contribué à organiser et pour lequel elle avait été félicitée. Une vie totalement vouée à l'enseignement ne peut s'accommoder du changement brusque, quoique prévisible, qu'est le passage de l'activité à la retraite. Seconde nature oblige, le désir de se prolonger dans sa passion exclusive a été le plus fort pour Djamila Ouarab.
Elle raconte : «Après avoir quitté le lycée et pris ma retraite suite à de longues années de service, j'ai continué à enseigner, car l'amour pour ce métier si noble était toujours présent en moi. J'avais encore beaucoup à donner aux élèves et, pour la première fois de ma vie, je voulais tenter une expérience avec les petits.» L'expérience avec les élèves de l'école primaire (privée) est un succès, car facilitée par l'ouverture d'esprit de l'enseignante à la retraite et par sa réceptivité au monde merveilleux des enfants.
«C'est dans cette école que j'ai découvert le monde des petits que je n'avais jamais connu auparavant», confie-t-elle, pour ensuite décrire les moments magiques vécus avec les enfants une année durant. Et puis, il y a ce fameux séjour qui a laissé d'autres images lumineuses. Souvenirs qui «remontent à 1976, année où j'ai quitté le CEM Victor- Hugo pour un détachement d'une année dans un lycée de jeunes filles à Manchester, une grande ville industrielle située dans le nord de l'Angleterre». Là encore, dans ce lycée de Manchester, elle avait tant donné aux élèves... C'est cela l'amour du métier : une valeur impérissable. Et c'est pourquoi, aujourd'hui encore, Djamila Ouarab caresse un rêve qui serait une seconde vie. Elle écrit : «A présent, même retraitée, je peux encore donner non seulement aux élèves, mais encore aux jeunes enseignants débutants, en les formant et en les faisant bénéficier de mes connaissances linguistiques et de ma pédagogie. Etre professeur formateur a toujours été mon rêve, mais à présent, dans ma situation de retraitée, cela reste dans le domaine de l'impossible.»
Hocine Tamou
Djamila Ouarab, Mes plus beaux souvenirs dans l'enseignement, éditions Necib, Alger 2015, 42 pages.


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