Des r�ponses d�El-Anka � des gens impolis, comme �Elli fakou rahou�, sont entr�es dans le langage populaire. D�autres artistes, notamment Benguettaf et Sid-Ali Kouiret, sont rest�s artistes dans les pires moments. Une journ�e ne fait pas l�artiste et un artiste l�est pour la vie. Aujourd�hui, c�est la journ�e nationale de l�artiste. Comme chaque ann�e, il y aura des �c�l�brations� par-ci et des activit�s culturelles et artistiques par-l�. Des artistes vont encore reparler de leur situation et d�autres vont encore une fois revendiquer le fameux �statut de l�artiste�. Il y a des artistes heureux et d�autres, s�rement plus nombreux, malheureux. Mais, quand on est un vrai artiste, on l�est pour la vie. Certains artistes sont rest�s artistes et ont r�agi en artistes dans des situations inhabituelles. Nous sommes au Th��tre national alg�rien � la fin des ann�es 1980. C��tait cette courte p�riode �dor�e� o� le public accourait pour voir des pi�ces comme Babor ghrak ou Hafila Tassir et voir � l��uvre de grands com�diens comme Azzedine Medjoubi. Sur la sc�ne, M�hamed Benguettaf donnait la r�plique � Ziani Ch�rif Ayad. Un groupe de personnes entre � l�orchestre de la salle. Une dispute verbale oppose les membres de ce groupe de retardataires. Les spectateurs sont d�rang�s. Conform�ment au sc�nario de la pi�ce, Ayad pose une question � Benguettaf. Celui-ci d�signe du doigt les �perturbateurs� encore debout dans la salle, avant de r�pondre : �Attends un peu que ces messieurs r�glent leur probl�mes, puis nous pourrons continuer tranquillement notre discussion. � C�est l�hilarit� g�n�rale parmi le tr�s nombreux public, puis une longue ovation, apr�s cette �sortie� inattendue de Benguettaf. Les perturbateurs n�ont, alors, plus qu�� aller chercher un si�ge de vide ou s��clipser en douce et la pi�ce peut continuer jusqu�au baisser du rideau. Deuxi�me acte : quelques ann�es plus tard, au TNA toujours. C�est la d�cennie noire, les productions sont rares et le public a d�sert� les salles de spectacle. Sid-Ali Kouiret est seul sur la sc�ne, en train de monologuer devant une maigre assistance. Un homme entre dans la salle et va directement s�asseoir au premier rang � quelques m�tres de Kouiret. Il regarde le com�dien avant de lui lancer un moqueur �khrout !�, qu�il vaudrait mieux ne pas traduire. Mais il ne sait pas sur qui il est tomb�. Sid-Ali Kouiret avance lentement, regarde l�intrus et se met � dire avec une rare conviction : �Que vient faire un type comme toi dans cette endroit ? Les gens de ton esp�ce, on devrait leur interdire de venir ici. Si �a ne te pla�t pas tu n�a qu�a partir, personne ne t�oblige � rester ici.� Alors, l�homme se l�ve et sort de la salle sous les rires du public. Le plus �trange dans l�histoire, c�est que Kouiret n�a pas trop improvis� et qu�il est rest� dans le sens du dialogue de sa pi�ce. Jadis, on racontait beaucoup d�histoires de ce genre sur El-Hadj M�hamed El-Anka sur sa mani�re de clouer le bec aux mal-polis, aux blancs becs et autres fanfarons. Certaines expressions comme �Elli fakou rahou� ou �Dahrek khir men ouej�hek�, attribu�es � El- Anka, sont entr�s dans le jargon populaire. En cette journ�e, hommage � celui qui avait dit : � Fenni ma houche mel m�cid�� (mon art, je ne l�ai pas appris � l��cole, ma vraie �cole, c�est celle de la vie difficile). Bonne f�te � tous les artistes, y compris ceux qui ne croient � l�utilit� d�une journ�e de l�artiste.