Aux yeux du monde, aussi bien des institutions internationales qui comptent que de certains pays partenaires, l'image de l'Algérie ne change pas tellement puisque, encore une fois, la liberté d'entreprendre sur le plan économique prend un sacré coup si l'on doit se fier au dernier rapport «Doing Business» de la Banque mondiale, publié mercredi. Désespérant. Si l'on exclut les pays en guerre ou tout au moins en butte à l'instabilité politico-sécuritaire, à l'instar de la Libye, l'Irak, la Syrie ou encore le Yémen, l'Algérie est le pays de la région Mena le moins perméable aux réformes pour adapter son économie aux exigences, parfois les plus minimales, pour adapter son économie mondiale, sur le plan de la création de l'entreprise, de l'entreprenariat globalement. Pour tout dire, à lire sous toutes ses coutures le Doing Business 2019 de la Banque mondiale, se lancer dans le monde de l'entreprenariat en Algérie c'est se heurter à des écueils qui font du projet de monter une affaire une véritable aventure. Et dire que, depuis plusieurs années, des initiatives sont prises par les pouvoirs publics pour améliorer le climat des affaires et mettre en place les outils devant garantir l'instauration d'un tissu de PME-PMI en adéquation avec les atouts dont dispose le pays. Des initiatives et des discours qui se heurtent à une réalité telle que, donc, l'on se retrouve à la 157e place sur les 190 pays soumis à l'étude des experts de la Banque mondiale pour les besoins du Doing Business 2019. Ainsi, la Banque mondiale a publié, mercredi, son édition 2019 du rapport Doing Business sur la facilité de faire des affaires à travers 190 pays, rapport qui a requis l'étude d'une dizaine d'indicateurs, à savoir : le démarrage d'une entreprise, la délivrance de permis de construire, le raccordement au réseau électrique, l'enregistrement des biens, l'obtention de crédits, la protection des investisseurs minoritaires, le paiement des impôts, le commerce transfrontalier, l'exécution des contrats, et la résolution de l'insolvabilité. Selon le rapport, un nombre record de 314 réformes ont été mises en œuvre à travers 128 pays et, fait notable, 107 de ces réformes allant dans le sens de l'amélioration des conditions pour faciliter les conditions d'entreprendre sur le plan économique l'ont été en Afrique subsaharienne. En Algérie, selon la Banque mondiale, ce sont uniquement deux réformes qui ont vu le jour entre la publication du classement 2018 et celle d'aujourd'hui qui voit notre pays accrocher un très modeste rang (157e) sur les 190 pays pris en compte. Une place due notamment aux mauvais scores enregistrés pour le critère «obtention de prêts» avec la 178e place, 173e pour «le commerce transfrontalier», 168e pour le critère «protection des investisseurs minoritaires», 165e pour «le transfert de propriété», 156e pour le critère «paiement des taxes et impôts», 129e pour l'obtention d'un permis de construire, et on en passe. Petite éclaircie au tableau, l'Algérie se classe 76e pour le critère «règlement de l'insolvabilité». Le détail des critères pris en compte, comparé au reste du monde, renseigne mieux encore sur les difficultés que rencontre le potentiel entrepreneur en Algérie pour lancer son affaire. Ainsi, pour l'obtention d'un permis de construire, pas moins de 19 formalités administratives doivent être accomplies en 136 jours. Pour le raccordement au réseau électrique, ce sont 5 formalités qui nécessitent 93 jours, alors que pour le paiement des taxes et impôts, l'entrepreneur algérien doit procéder à 27 paiements par année, ce qui lui coûte 265 heures par an. Pour une économie qui espère sortir de la dépendance des hydrocarbures, si l'on doit se fier au Doing Business 2019, tout comme l'ont souligné d'ailleurs d'autres rapports d'organisations internationales et même nationales tel le constat établi par le think tank algérien Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) qui relevait en mai dernier dans un rapport sans concession combien est difficile le climat des affaires chez nous. Azedine Maktour