Une commémoration des manifestations du 11 Décembre a eu lieu hier au siège du journal El Moudjahid. La salle était pleine d'anciens moudjahidine, venus écouter les intervenants, eux-mêmes acteurs de la guerre de Libération nationale. Nedjma Merabet - Alger (Le Soir) - Le capitaine Mohamed Bousmaha a tenté d'établir un état des lieux à la veille des manifestations, et a tenu à rappeler qu'elles se sont déclenchées dans la capitale, contrairement à ce que disent les falsificateurs de l'Histoire, héritiers de l'OAS, nostalgiques de la colonisation, etc. Il rappelle qu'en octobre et novembre 1960, de nombreux événements avaient eu lieu, dont l'assassinat de plusieurs moudjahidine de l'ALN. La date du 25 novembre 1960 est à retenir. Le capitaine Bousmaha parle de plusieurs accrochages à Chéraga, Saoula et Béni-Messous. La propagande des ultras de l'Algérie française clamait la désintégration totale de l'organisation révolutionnaire dans la capitale, ce qui est faux selon l'intervenant. Occultant la crise profonde qui sévissait au sein du régime français, partagé entre les gaullistes et les ultras, on voit cependant se profiler une bataille sourde entre ces derniers et les combattants algériens encore actifs et présents dans la capitale, malgré la machine de propagande coloniale tendant à faire croire le contraire au peuple algérien, atteste M. Bousmaha. Ce dernier insiste sur la mise en place d'une véritable stratégie du chaos et de l'enfer, dont les exécutants étaient les capitaines des SAU (Section administrative urbaine). Arrestations massives et arbitraires, tortures, manipulations (notamment par l'organisation de fêtes un peu partout dans la capitale, qui rassemblaient la population européenne)… La révolution était cependant en marche, et à tous les niveaux de la population dite indigène. La femme de Massu est allée jusqu'à apporter une cargaison de machines à coudre de marque Singer, et créa des ateliers de couture pour les femmes «indigènes» afin de les éloigner de la révolution. On se souviendra de sa fameuse phrase : «Une machine à coudre vaut 10 mitraillettes.» Le président de l'association du 11 Décembre, et ancien moudjahid Saïd Bouraou considère que les manifestations ont éclaté à Belouizdad (Belcourt), rejoignant ainsi autant les écrits de Mahfoud Kaddache, que ceux du chercheur indépendant Hamouma, auteur du livre Les enfants de Décembre, qui considère les enfants à l'origine des manifestations du 11 Décembre, en contestation de l'arrestation de militants FLN opposés aux manifestations des ultras. Il était un jeune garçon faisant du sport avec ses camarades, avant d'être pris sous l'aile de Mohamed el Ayachi, qui était boxeur et militant du mouvement national depuis longtemps. La rue où ont éclaté les manifestations à Belouizdad porte aujourd'hui son nom, selon M. Bouraoui. Il exhorte les autorités publiques à mettre les moyens dans la production d'un récit historique fort, solide, et à toute épreuve, qu'il considère comme une nécessité vitale pour le pays. N. M.