Le chef du mouvement libanais du Hezbollah a mis en garde Israël samedi contre la persistance de ses raids en Syrie, allant même jusqu'à brandir la menace de frappes de représailles contre l'Etat sioniste. Appelant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à éviter toute «erreur de jugement» qui entraînerait la région «vers une guerre ou un affrontement majeur», Hassan Nasrallah n'a pas exclu qu'un jour, la ville de Tel-Aviv soit la cible de frappes de représailles. S'adressant directement au Premier ministre israélien, le chef du Hezbollah l'a appelé à «faire attention dans la persistance» de ses «agissements» en Syrie, dans un rare entretien avec la chaîne de télévision al-Mayadeen qui a duré plus de trois heures. Les dernières frappes israéliennes ont eu lieu en début de semaine, faisant 21 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée à Londres et proche de l'opposition islamiste syrienne. Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, Tel-Aviv a mené plusieurs raids contre des infrastructures militaires en Syrie. Le gouvernement sioniste martèle qu'il est déterminé à empêcher l'Iran de s'ancrer en Syrie. Mais depuis peu, il revendique beaucoup plus ouvertement ses actes offensifs, au moment où le retrait à venir des troupes américaines annoncé par Washington fait régner l'incertitude. «A tout moment, la décision peut être prise, par la direction syrienne et l'axe de résistance, de gérer autrement les agressions israéliennes», a mis en garde M. Nasrallah, en référence à l'alliance entre Téhéran, Damas et le Hezbollah. Interrogé par le journaliste pour savoir si cette réaction pouvait se traduire par des frappes de représailles sur Tel-Aviv, M. Nasrallah a indiqué : «A un moment donné, tout est possible». Il a assuré que son mouvement était doté de «missiles de haute précision» capables de frapper partout en Israël. Les frappes israéliennes en Syrie, dans la nuit de dimanche à lundi, ont visé des entrepôts de missiles ou de munitions tenus par les forces iraniennes et leurs alliés près de Damas, et des centres de la défense anti-aérienne du régime syrien aux abords de la capitale et dans le sud du pays, affirme l'OSDH. Ces hostilités, présentées par Israël comme la riposte à un tir de missile iranien, sont le dernier épisode en date d'un affrontement qui a vu Israël attaquer à de multiples reprises en Syrie des positions iraniennes ou des convois d'armes destinés au Hezbollah. La dernière grande confrontation en date entre le Hezbollah et Israël remonte à 2006 quand 33 jours de guerre déclenchés en juillet avaient fait 1 200 morts côté libanais, et 160 côté israélien, sans neutraliser le mouvement chiite, principale cible de l'incursion israélienne. Samedi soir, le chef du Hezbollah a ironisé sur des tunnels creusés depuis le Liban et découverts récemment par Israël. «Les Israéliens ont découvert après de longues années un nombre de tunnels, et ce n'est pas une surprise, la surprise c'est qu'ils ont mis du temps à les découvrir», a lancé M. Nasrallah. «Au minimum, un des tunnels découverts ces dernières semaines, est vieux de 13 ou 14 ans», a poursuivi le chef du Hezbollah, estimant que cette affaire mettait en lumière «l'échec» des services de renseignement israéliens tout au long de ces années. L'armée israélienne avait annoncé en décembre avoir découvert plusieurs tunnels creusés depuis le Liban. Ils ont été détruits à l'aide d'explosifs ou bouchés avec des matériaux étanches et l'Etat hébreu a pointé du doigt le Hezbollah. M. Nasrallah a refusé de se prononcer sur l'existence d'autres tunnels, indiquant que «cette question devait rester obscure».