La colère est toujours là, nourrie par l'arrogance d'un système condamné au dépôt de bilan, par les humiliations en cascades et le non-respect des attentes populaires. Ils ont cuvé leur douleur et leur impuissance à mettre le holà aux dépassements durant plus de 20 ans et, un matin, ils ont décidé de mettre un terme à la mascarade conscients que personne d'autre à leur place ne leur ferait ce cadeau. Et de cela, les voilà désormais convaincus. Il était prévisible que le système ne cèderait pas ni ne tremblerait à la première sommation, les enjeux étant ce qu'ils sont, c'est-à-dire colossaux. Il était entendu qu'un système rompu à l'esquive et à la dérobade s'interdirait tout signe de défaite face à toute offensive qui tenterait de remettre en question son autorité, même si troquer un directeur de campagne contre un autre ou promettre de se retirer en temps opportun est révélateur d'un embarras profond. Il était tout aussi entendu que le régime ne capitulerait pas après des manifestations, fussent-elles de l'importance que l'on sait, parce que cela l'engagerait à reconnaître qu'il tient debout à coups de bluffs. Les algériens, en otage depuis bien plus longtemps que 20 ans, le règne de Bouteflika ayant juste aggravé la situation, il faudra plus que battre le pavé pour déposer une autorité que tout condamne, mais qui sait que céder équivaudrait à admettre sa culpabilité. Comment capituler et courir le risque d'être mené à l'échafaud par des millions d'Algériens prêts à lui faire payer, et chèrement, toutes ces années perdues à ronger leur frein par sa faute et qui pourraient, sans hésiter, lui imputer le lourd impact de la dérive ? Le système et les hommes qui alimentent sa force ne sont pas du genre à brandir un étendard blanc à peine le bras de fer entamé. Oui ! On aura beau affirmer le contraire, le bras de fer est tout juste entamé. Quand on s'est construit tous les privilèges qui hérissent le poil au citoyen lambda, on ne peut pas les abandonner juste pour satisfaire à une invitation à y renoncer. Non, ce n'est pas comme ça que les choses se passent dans des pays comme le nôtre, où céder ne figure dans aucun programme. M. B.