Les débats vont bon train. Tout le monde, y compris ceux qui n'ont jamais douté en la capacité des Algériens à réagir pour stopper la dérive imposée à leur pays, aimerait pouvoir dérouler le film et comprendre comment on en est arrivé là. Les hypothèses fusent, mais bien malin serait celui qui disposerait, en ce moment, d'éléments qui aideraient à avancer avec certitude dans l'analyse. Même s'il faut reconnaître que ce qui, il y a quelques semaines encore, était quasi impossible à envisager apparaît aujourd'hui comme la résultante attendue d'une colère qui couvait depuis des lustres. Pourquoi, par conséquent, voudrait-on continuer à embrouiller les Algériens tout en sachant que, désormais, l'on n'y parviendrait plus, tant cela revêt une prise de risque irresponsable et inconsidérée ? Jusque-là, le système avait développé puis renforcé ses certitudes selon lesquels les Algériens avaient été gagnés par un mutisme sans précédent. Mais voilà que ces derniers se sont réveillés en dénonçant le fait que le pays soit condamné à subir une humiliation après l'autre et estimant injuste d'être privé d'un président apte au service. Un leader qui, en permanence, prendrait le pouls de la société et viendrait ponctuellement à elle. Pour lui rendre compte, la consulter et lui proposer les solutions qu'il estimerait les mieux adaptées à son épanouissement. Lui dire qu'il est à son écoute, qu'il a entendu et qu'elle peut compter sur lui. Serions-nous un peuple maudit au point de ne pas mériter un chef qui joue un rôle de chef tout en s'interdisant de privilégier des soutiens pourtant décrits comme peu recommandables ? Il semble bien que le ras-le-bol ne soit plus disposé à avaler la moindre couleuvre. Voilà à quoi l'on conduit un pays comme l'Algérie lorsque l'on focalise son attention sur les seuls bénéfices personnels susceptibles d'être engrangés. Lorsque l'on dirige un pays dont les richesses sont inestimables et dont on raconte qu'il ne possède plus rien. Qui peut ignorer comment un peuple qui souffre de mépris et de maltraitance va réagir ? Comment le système pourra récupérer la donne et, de nouveau, composer avec un peuple mécontent ? M. B.