Des sites pétroliers et gaziers ont répondu à l'appel de grève la semaine dernière. Cette action de soutien au mouvement populaire n'a pas eu d'impact. Des experts mettent, cependant, en garde contre l'impact d'un mouvement de grève dans le secteur pétrolier et gazier lorsqu'il est prolongé. Les conséquences d'une grève dans la production qui peut durer plus de trois jours seront désastreuses pour le pays, estime l'expert Abdelmadjid Attar. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - L'expert Abdelmadjid Attar estime que les travailleurs des sites pétroliers et gaziers ont évidemment le droit de faire grève, à condition que le mouvement ne touche pas la production. Selon cet expert, aller vers une grève doit être le dernier recours et le service minimum doit être assuré. «Les travailleurs des sites gaziers et pétroliers ont le droit de faire grève pour exprimer leur avis et leur solidarité d'une façon ou d'une autre et de soutenir telle ou telle action, surtout actuellement avec ce que vit notre pays. Les travailleurs peuvent marcher, organiser des sit-in de soutien au niveau de leurs lieux de travail, ils peuvent s'exprimer à travers leurs représentants syndicaux, et la grève c'est le dernier recours», a déclaré M. Attar. Toutefois, avertit l'expert, la grève ne doit pas toucher la production du gaz et du pétrole. Selon lui, si la production pétrolière et gazière s'arrêtait, cela engendrerait d'énormes dégâts. «Je ne parle pas évidemment de l'impact d'une grève sur les exportations, mais sur ce que cela va engendrer au niveau local», souligne-t-il. M. Attar dit que toute l'Algérie sera paralysée puisque, rappelle-t-il, toute notre énergie fonctionne au gaz et tout fonctionne au carburant. «En 1991 le SIT, Syndicat islamique des travailleurs, a demandé aux travailleurs du site de Hassi Rmel d'arrêter la production du gaz car il savait qu'à travers cette action, le pays serait bloqué au bout de 48 heures, heureusement qu'il y a eu la mobilisation des volontaires pour faire fonctionner le site et nous éviter le pire», a rappelé intervenant. Actuellement, dit-il, «nous n'aurons plus d'électricité au bout de 2 à 3 jours d'arrêt et il nous faut au moins un service minimum pour qu'on puisse assurer une alimentation des centrales de gaz et les raffineries». M. Attar a également indiqué que si une grève durait une semaine ou 15 jours cela engendrerait des problèmes techniques. Pour sa part, l'expert Mohammed Saïd Beghoul a expliqué qu'il peut y avoir un impact sur l'économie du pays au cas où la grève est générale et toucherait tous les chantiers. La grève observée la semaine dernière au niveau du site de Hassi Rmel, dit-il, a été partielle, et n'a touché ni les forages ni les usines. «Nos ingénieurs et nos techniciens sont très conscients, ils peuvent protester mais ils savent que les forages doivent tourner», dit-il. «Si nous prenons ce qui se passe à l'échelle internationale où il y a eu des grèves qui ont duré entre 15 et 20 jours dans les pays pétroliers comme le Venezuela, l'Angola ou autre, il y a eu bien sûr des perturbations importantes sur l'économie et le transport», a souligné cet expert. L'expert international Mourad Preure a posté il y a quelques jours sur sa page Facebook qu'une grève dans l'industrie pétrolière et gazière nationale «est excessivement dangereuse et à éviter». L'expert a expliqué que le système pétro-gazier algérien qui est composé de chaînes intégrées verticalement depuis le puits jusqu'à l'aval de la chaîne est complexe. «Toute perturbation peut être excessivement dangereuse», a-t-il averti. S. A