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L'intelligence du passé pour appréhender le présent et l'avenir
Littérature et guerre de libération nationale
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 05 - 2019

«Le résultat de près de quarante années de lecture et d'appréciation d'œuvres algériennes et de problématiques induites par une guerre de résistance au colonialisme dans une colonie de peuplement.»
L'ouvrage de Christiane Chaulet Achour, Echos littéraires d'une guerre/Œuvres algériennes et guerre de Libération nationale, que vient de faire paraître Dar Khettab à Alger est un outil précieux, aussi bien pour les spécialistes de la littérature algérienne que pour le profane : tous y trouveront un éclairage particulièrement intéressant dans la mesure où, au-delà des multiples informations qu'il nous offre, le lien y est toujours établi avec l'Histoire dans laquelle s'inscrivent ces œuvres ; le contexte de leur parution est soigneusement dessiné, permettant de saisir la complexité d'une littérature s'élaborant dans les déchirures et les tourments.
Il est, de plus, d'une actualité étonnante alors même que son auteure signale que les analyses qu'il contient sont «le résultat de près de quarante années de lecture et d'appréciation d'œuvres algériennes et de problématiques induites par une guerre de résistance au colonialisme dans une colonie de peuplement». Mais loin de considérer ce retour au passé comme une forme de nostalgie ou de juger la période interrogée comme une page à refermer, C. Chaulet Achour souligne l'importance de l'intelligence du passé pour appréhender le présent et l'avenir. «Oublier le passé, écrit-elle, est une façon d'en enkyster les effets négatifs et d'occulter ce qu'il a représenté de positif et de dynamique.»
Le regard porté sur le passé et ses résonnances sur le présent est en phase avec notre présent quand sa remise en question s'accompagne aujourd'hui d'un désir de s'approprier un passé souvent méconnu du fait des nombreuses torsions que subit son histoire : la remise au premier plan de certains visages du passé traduit ce désir de connaissance et de «vérité». C'est dire que cet ouvrage paraît à point nommé et démontre quel lien attache le présent à ce qui le précède, et quelle nécessité représente l'interrogation lucide de ce qui semble résolu et qu'on enterre trop vite. Il est aussi un inappréciable instrument de travail, utile au chercheur comme au simple lecteur désireux de s'informer, à travers l'image qu'en donne la littérature, sur une période cruciale de l'Histoire commune, à la fois par la pertinence des analyses qui y sont proposées — l'auteure est, depuis longtemps, une spécialiste reconnue de la littérature algérienne, en particulier — et par la richesse de la documentation qui nous est offerte, par les chronologies qu'elle établit, les recensements méthodiques d'œuvres littéraires, d'essais, de témoignages d'acteurs de l'Histoire, mais aussi par l'analyse de la constitution d'un champ littéraire, par la recherche du lieu à partir duquel s'énoncent les textes, par l'accès à une foule d'informations historiques et littéraires, par une mise en valeur des œuvres majeures qui n'exclut pas les œuvres «moins performantes» qui sont, écrit l'auteure, «une mine d'informations pour un regard sur cette guerre». Tout un chapitre est consacré à la torture, «chambre noire de la guerre», sujet douloureux, s'il en est, comme en témoigne la poésie souvent choisie pour exprimer «l'indicible» et toujours bouleversante. L'analyse de romans de la fin des années 90 amène l'auteure de l'ouvrage à s'interroger sur la façon dont, inscrivant leur fiction dans le cadre du désastre de ces années, les écrivains «font entendre l'écho de la guerre antérieure», celle de la libération. Et ce questionnement, tout à fait passionnant, ne nous laisse pas indemnes, en particulier à cause de «l'incapacité de transmission de ce que fut la GLN aux jeunes générations» : elle «n'est plus le ferment dynamique du devenir qu'elle aurait dû être et elle est enfermée dans un discours et des rites convenus». L'auteure montre comment les romanciers expliquent le retour de la violence par, entre autres, «un blocage de mémoire» ; mais pour compenser cette simplification, l'auteure suggère de relire ces œuvres à la lumière des analyses de Fanon. Un dernier chapitre est consacré aux écrits d'Algériennes : «l'écriture féminine de la guerre, écrit C. Chaulet Achour dont on connaît les travaux sur les écritures féminines, se distingue de celle des hommes (par) la place qu'elle fait au sordide, au baroque, à l'interdit sexuel.» Témoignages sur la vie des militantes et des combattantes qui permettent «de retrouver le ferment qui fait lever les luttes, l'étincelle qui déclenche le processus libérateur quand il sommeille ou s'ankylose».
Poèmes, nouvelles, romans, «impriment une force de suggestion et une polysémie qui fait résonner dans l'Histoire nationale, l'Histoire des résistances et luttes des femmes ou de leur aspiration, au moins, à une autre vie.»
Dans le sillage de cette analyse des écrits féminins, une séquence très finement analysée ­— «elles ont été regardées (photographies et récits)» — se penche sur deux albums de Marc Garanger contenant des photos de femmes algériennes (pendant la guerre, pour le premier) dont l'auteure nous montre comment elles ont pu travailler l'imaginaire de certains écrivains.
En conclusion, l'auteure ouvre sur le retour d'œuvres récentes à la guerre pour «chahuter les narrations officielles», écrit l'auteure citant Joseph Andras, l'auteur du très beau De nos frères blessés.
Il y aurait, bien sûr, encore beaucoup à dire sur cet ouvrage remarquable dont on ne peut ici que donner une vue superficielle qui ne rend pas justice au travail dont il est le résultat et à sa capacité à toujours laisser ouvertes d'autres perspectives d'analyse.
B. T.
Christiane Chaulet Achour : Echos littéraires d'une guerre/Œuvres algériennes et guerre de libération nationale. Edition Dar Khettab - Alger, 152 pages. Prix 700 DA.


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