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Fait historique peu connu de la guerre de libération 1954-1962
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 06 - 2019


Par M. Boubetra
Acte de bravoure d'un jeune écolier qui évita le carnage pour nous les petits élèves de l'ex-école Ollivier, rue Van Vollenhoven, Belcourt.
Frappante coïncidence, puisque une année après, jour pour jour, c'est le déclenchement à travers le territoire national de la manifestation du 11 décembre 1960 qui va changer le cours de l'Histoire. Aujourd'hui, il m'arrive souvent de fouler l'ex-rue Van Vollenhoven, Belcourt, pour me remémorer des souvenirs de jeune écolier au sein de l'école primaire Ollivier. Je revois cette muraille de bois à deux vantaux qui fait toujours office de porte d'entrée des élèves.
La forme du fronton n'a pas changé d'un iota, sauf que l'écriture en arabesque ne porte plus : «Ecole de garçons indigènes.»
Entre 1953 et 1961, on était ces petits Arabes, les indigents dont beaucoup parmi nous étaient habillés de guenilles. Notre scolarité devait s'arrêter en classe de fin d'études. Les titulaires du Certificat d'études primaires (CEPE) n'avaient d'autre débouché que d'apprendre un métier dont la formation était dispensée par des collèges d'enseignement technique (CET).
Il y en avait quatre : Alger-Nord, Alger-Sud, Alger-Est et Yusuf. Jules Ferry disait qu'il y a par les races supérieures, avec pour finalité de mettre en évidence la France, le droit de civiliser les races inférieures. Le gouvernement de l'Algérie, colonie française, comptait parmi ses enseignants expatriés quelques-uns, des nationaux, qui avaient un désir ardent que nous soyons sur un pied d'égalité que les petits élèves européens d'autres écoles. Pour cela, ils n'avaient de cesse de nous encourager à redoubler d'efforts pour leur damer le pion dans toutes les matières. Parmi les instituteurs français, il y avait quelques-uns qui n'acceptaient pas cette séparation des classes, et supputaient sur les conséquences qui pouvaient en découler.
Un sentiment d'isolement qui tôt ou tard nous poussera à la révolte. Effectivement, ce qui devait arriver arriva. Dans notre classe de fin d'études, il y avait un élève du nom de Mohamed Yala, le plus âgé d'entre nous, qui avait obtenu une dispense d'âge délivrée par l'Académie de redoubler de classe avec pour objectif de réussir son examen du certificat d'études primaires.
Le mercredi 9 décembre 1959, au retentissement de la cloche activée par le directeur dont je me rappelle toujours le nom, M. Kuhen, pour sa froideur, sa cruauté, nous sortîmes en récréation. Dans la grande cour de l'école, le regretté Mohamed Yala nous réunit par petits groupes de quatre membres pour nous sommer qu'à la sortie des classes le vendredi 11 décembre, nous sillonnerons tous les quartiers de Belcourt pour chanter à l'unisson l'hymne révolutionnaire Min djibelina.
Cette jeune personne, consciente que le peuple algérien arabo-musulman vit dans une cruelle indigence, rejoindra en 1960 le groupe de fidaïs de Belcourt. C'est cette profonde résonance politique de son statut d'apatride qui l'incita à quitter l'école et prendre les armes. Tous les garçons de l'école étaient au rendez-vous, hormis les élèves de la classe d'initiation. Une année auparavant, en 1958, le général de Gaulle, dans le cadre du Plan de Constantine, promet d'attribuer aux musulmans les droits et devoirs de citoyens et augmenter le nombre d'élus dans les assemblées.
La balle sortie du canon d'une arme à feu ne revient plus. L'indépendance constituait la seule caution de pérennité pour le peuple algérien de souche. Quand arrive l'heure de la sortie des classes, c'est la ruée, le cartable sur le dos, les mains en l'air, nous parcourons toutes les rues de Belcourt jusqu'au Ruisseau, en scandant «Tahya el Djazaïr !» «Vive le FLN !»...
La population pied-noire, parmi elle des fanatiques de l'Algérie française, créera par la suite l'OAS. Ils se sont mis aux balcons et terrasses des immeubles de la rue de Lyon, Auguste-Comte, Allée des mûriers... Ils n'y sont pas allés de main morte pour nous lapider et utiliser tout ce qui était à portée de main pour faire mal et même tuer. Compte tenu de l'ampleur qu'a pris la manifestation, ils feront appel à l'armée. Des territoriaux cantonnés dans une immense villa de Belcourt, qu'ils ont occupée à la mort d'une vieille dame française, sans descendance. Quelques-uns parmi nous ont été arrêtés dont Hamid qui était en première ligne, brandissant un drapeau aux couleurs vert et rouge, puis relâchés après interrogatoire. Personne n'a soufflé mot sur le nom du meneur.
Le chef de section de ce bataillon de l'armée française, un gaillard aux yeux de fauve, qui n'a pas obtenu ce qu'il désirait savoir, n'avait d'autre alternative que de donner à chacun de nous un coup de pied aux fesses et une mise en garde que si jamais on persistait dans notre entêtement à sillonner encore une fois les rues de Belcourt, on exacerberait sa colère et il n'est pas exclu qu'on serait traduits en justice et mis en prison pour le motif de fauteurs de troubles.
Les fanatiques de l'Algérie française qui n'ont pas digéré cette manifestation spontanée, pris de panique de quitter un jour le pays, vont passer à la vitesse supérieure : tuer un grand nombre de bicots. Le samedi 12 décembre 1959, un camion plateau, garé près de la porte d'entrée de l'école, a attiré l'attention d'un jeune écolier du nom de Meguesli Ferhat.
Curieux de savoir ce que transportait ce camion qu'il ne pouvait pas voir, s'accroche à la ridelle qui n'est pas abaissée et découvre un paquet ficelé dans du papier journal. Pris de curiosité, il l'ouvre et découvre deux cadrans de montre reliés à des fils, il les arrache et se saisit d'une des montres.
Sans le savoir, il venait de déminer une bombe artisanale faisant éviter ainsi une effroyable hécatombe.
M. B.
PS : Je suis un ancien élève de cette école primaire que j'ai fréquentée de 1953 à 1961 et je puis affirmer que c'est ce jeune élève qui a déminé cet engin explosif.
Pour justifier cet acte barbare, œuvre du melting-pot des fanatiques de l'Algérie française. En annexe copie du Journal d'Alger du samedi 12 décembre 1959, que j'ai retrouvé dans mon fouillis de souvenirs.


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