Les dirigeants du Parti des travailleurs (PT) et les avocats de la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, refusent d'admettre sa condamnation à 15 ans de prison ferme par le tribunal militaire dans la même affaire qui concerne Saïd Bouteflika et le général Toufik. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les avocats de Mme Hanoune, qui ont animé, hier lundi, une conférence de presse au siège du parti à Alger, ont affirmé que son procès était politique, que le dossier était vide et que les accusations à son encontre ne reposaient sur aucune preuve. Dans son intervention, Mokrane Aït Larbi a expliqué que Louisa Hanoune n'a fait qu'exprimer son opinion et les positions de son parti lors de la rencontre avec Saïd Bouteflika et le général Toufik le soir du 27 mars dernier. «Elle a été convoquée comme témoin avant de se retrouver en prison», a-t-il regretté, affirmant que le code de la justice militaire n'a pas été respecté lors du procès, dans le sens où le dossier n'a pas été remis à la défense. «Le procès n'était pas public car le public n'était pas présent. La presse aussi était absente», a-t-il relevé, précisant que «contrairement à ce qui a été dit, la défense n'a jamais demandé le report du procès». «C'est un procès politique et Louisa Hanoune est une détenue politique», a-t-il affirmé, précisant que la SG du PT a été présente à la rencontre du 27 mars qui a duré une heure». Selon ses affirmations, il n'y a aucun enregistrement de la rencontre, il n'y a aucun témoin et les deux autres accusés n'ont rien dit à son encontre au cours de l'instruction et lors du procès. «La voix de Louisa Hanoune n'existe dans aucun enregistrement. Et malgré l'absence de preuve, elle a été condamnée à 15 ans de prison», a-t-il regretté. Mokrane Aït Larbi a révélé que Mme Hanoune a dit au juge qu'elle était une prisonnière d'opinion et que sa place n'était pas en prison mais à la tête de son parti afin de contribuer à la sortie de la crise par des moyens pacifiques. La défense a évoqué, en outre, l'absence d'un témoin principal lors du procès : il s'agit de Liamine Zeroual que le tribunal militaire a refusé de convoquer. Selon Aïssa Rahmoune, l'enquête a débuté sur la base de la lettre de l'ancien président Zeroual, dans laquelle il a parlé de la volonté de Saïd Bouteflika et de Toufik de lui confier la gestion de la transition. L'avocat pense même que la lettre de Zeroual était recommandée. Affirmant que le procès est politique, Me Rahmoune a soutenu que «les libertés et l'Etat de droit sont en danger en Algérie», précisant qu'on est en présence d'un «glissement grave vers l'Etat militaire». Pour sa part, Hakim Saheb a dénoncé une volonté de criminalisation de l'acte politique, évoquant un procès expéditif. Il rappelle que le jour des faits, soit le 27 mars, Louisa Hanoune était encore députée (avant sa démission de l'APN) et qu'à ce titre, elle jouissait de l'immunité parlementaire qui interdit toute poursuite pour une opinion politique. Ce faisant, Me Saheb a indiqué que lors de sa rencontre avec Saïd Bouteflika et Toufik, Mme Hanoune a proposé deux noms pour gérer un gouvernement de transition, dont le professeur Abdelhamid Aberkane. Lors de cette rencontre, elle a défendu également les positions du PT, à savoir la démission du Président et du gouvernement, la dissolution du Parlement et de l'Assemblée constituante. A souligner enfin que la défense a fait appel. K. A.