Dans la wilaya de Bouira, alors que la campagne oléicole bat son plein, et tandis que des milliers de familles sont occupées dans la récolte annuelle de ce précieux produit qui donne du baume dans les chaumières, des professionnels de la filière oléicole tirent la sonnette d'alarme sur certains problèmes qu'ils rencontrent chaque année, sur le terrain. Dans une requête adressée au Premier ministre, le président du Conseil interprofessionnel de la filière oléicole de Bouira, M. Hafidh Toumi, énumère un certain nombre de problèmes auxquels font face les oléiculteurs concernant, d'abord, la commercialisation de l'huile, ensuite l'organisation des exploitations agricoles collectives ou EAC. Dans cette requête, le conseil évoque d'abord un problème des plus délicats et qui a trait à la vente anarchique de l'huile d'olive, le long des routes nationales et, ou dans les marchés sans aucun contrôle. Des huiles qui sont le plus souvent fraudées puisque des personnes sans scrupules mélangent souvent de l'huile de soja avec l'huile d'olive, dans une proportion de 80/20% et la vendent comme étant de l'huile d'olive pure. Ici, ouvrons une parenthèse pour évoquer d'autres cas de fraude qui nous ont été rapportés par des oléiculteurs et concernent des huiles de soja mélangées de margine pour donner le goût un peu amer et, surtout, une odeur forte de l'huile d'olive, que des escrocs écoulent le long des routes aux automobilistes qui ne se rendent compte de la supercherie qu'une fois chez eux à des centaines, voire des milliers de kilomètres. Aussi, pour ce problème de commercialisation non régulée de l'huile d'olive, le Conseil interprofessionnel appelle les pouvoirs publics à interdire cette pratique à travers des textes de lois qu'il faudrait appuyer par des patrouilles de la gendarmerie, pour faire des saisines contre tout récalcitrant. Cela, outre la redynamisation des fameux Orecpo, les fameux offices de régulation et de commercialisation des produits oléicoles. Par ailleurs, et toujours dans sa requête, le Conseil interprofessionnel de la filière oléicole de Bouira évoque le problème des EAC ou exploitations agricoles collectives, dont les textes les régissant doivent être impérativement revus puisque ces exploitations sont devenues un frein pour toute professionnalisation de la filière avec des centaines d'hectares dans l'indivision. Dans cette indivision, certains oléiculteurs qui ne veulent pas travailler ou qui refusent de marcher l'esprit collectif, deviennent un véritable frein pour tout essor ou professionnalisation de ladite exploitation. Aussi, le Conseil interprofessionnel préconise la révision de ces textes de loi pour asseoir de véritables EAI, ou exploitations agricoles individuelles,individuelles, où le vrai oléiculteur sera encouragé et aidé via des prêts bancaires et autres subventions de l'Etat et les «bras cassés» seront sanctionnés et dessaisis de leurs exploitations au profit d'autres agriculteurs qui sont nombreux à attendre ces opportunités pour s'investir pleinement dans la filière et avec un esprit professionnel. En attendant, il y a lieu de rappeler le problème du prix de vente de ce produit précieux qu'est l'huile d'olive, surtout quand elle est bien récoltée et bien triturée par des professionnels. L'huile d'olive dont l'acidité est inférieure à 0,1% est largement exportable, et dans ce cadre, plusieurs oléiculteurs de la région de M'chédallah sont sur la bonne voie. Il suffit que l'Etat, comme le rappelle justement le Conseil interprofessionnel, redynamise les Offices de régulation et de commercialisation des produits oléicoles ou Orecpo, pour que le prix de vente de l'huile d'olive soit régulé et surtout valorisé. Actuellement, au niveau local, l'huile d'olive est cédée entre 550 et 700 dinars le litre, selon la région, en commençant par la région de M'chédallah jusqu'à Bouderbala, en passant par Bechloul, Haizer et Ath-Laâziz. Cette fluctuation des prix n'est pas pour encourager les professionnels de la filière, ni les familles à maintenir cette culture ancestrale qui n'est plus rentable, surtout lorsque le rendement est faible comme c'est le cas cette année dans la région de M'chédallah où les rendements oscillent entre 15 et 18 litres le quintal. Y. Y.