Mekhazni Rabah, directeur des relations de travail au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, a déclaré que sur les 138 organisations syndicales enregistrées au niveau du ministère du Travail, 48 sont inactives, représentant un taux de 39%. Une réflexion est engagée sur les mesures à prendre vis-à-vis de ces syndicats allant jusqu'à la suspension. Le droit syndical est reconnu constitutionnellement et confirmé par les lois 90-11 et 90-14. «Nous sommes dans une Algérie nouvelle et le droit syndical ou le dialogue social constitue un droit fondamental reconnu par la Constitution et placé au cœur de l'action du gouvernement», a soutenu, hier, Mekhazni Rabah, directeur des relations de travail au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, à la Radio Chaîne 3 en insistant sur la ratification de l'Algérie des accords internationaux en matière des droits œuvrant pour le renforcement des libertés syndicales. Selon l'invité, l'application de la loi est toujours respectée par le monde du travail. «C'est vrai, il y a des dépassements dans certaines activités et il y a toujours des pressions exercées sur les syndicalistes au niveau de certaines entreprises ,mais l'Etat a toujours veillé au contrôle et à l'application stricte de la loi notamment 90-14.» La question de l'exercice syndical ne peut être abordée sans faire un détour par la problématique de la délivrance des agréments. A cette question, le représentant du ministère du Travail dira que «la constitution du dossier est fixée par la loi en termes de dispositions respectées par rapport aux statuts et aux membres fondateurs», et d'ajouter : «La procédure d'enregistrement d'un syndicat est conforme aux normes internationales et constitue une simple formalité.» Il faut bien reconnaître que cette étape est obligatoire. «Il ne s'agit pas là d'agrément mais d'enregistrement» qui sera suivi par un traitement du dossier qui ne dépassera pas un délai de 30 jours. «Au-delà, il y aura une réponse de l'administration.» Affirmatif, le directeur des relations de travail soulignera : «Il n'y a pas eu de refus de dossier de constitution de syndicat.» L'UGTA demeure seule représentative Quant à la reconnaissance par le gouvernement du «seul» syndicat qui est l'UGTA, M. Mekhazni a estimé que la question est relative à la large représentativité de cette organisation au plan national, qui touche tous les secteurs d'activité. Bien qu'après la promulgation de la Constitution de 1989 qui consacre le pluralisme syndical et des lois sociales notamment celles 90-14 et 90-02, le pluralisme a donné lieu à plusieurs organisations syndicales de base concernant des catégories socioprofessionnelles. «Ces organisations n'ont pas cette représentativité au niveau national», de l'avis de l'invité de la radio qui reconnaît que l'UGTA est historiquement connue et plus représentative. Il y a, d'ailleurs, un travail au niveau de son département, qui se fait dans l'objectif de «revoir certains critères de représentativité» et «certaines conditions pour la création des fédérations», a t-il lancé. 138 syndicats dont 48 sont inactifs Le visage syndical algérien par les chiffres fait état d'une nette augmentation du nombre de syndicats depuis 2018 où l'on comptait quelque 101 organisations alors qu'actuellement «on est à 138 formations dont 91 organisations syndicales de travailleurs et 47 organisations patronales». Sur les 91 organisations syndicales, 28 activent dans les secteurs économiques face à une grande majorité de 63 qui sont dans la Fonction publique, soit de 61% pour une concentration importante au niveau de deux secteurs importants, à savoir l'éducation (avec 25 organisations syndicales) et la santé avec 19 organisations syndicales. Pour le secteur économique, sur les 28 syndicats existants, on trouve neuf syndicats dans le secteur des transports avec ses différentes filiales. Pour ce qui est des confédérations patronales, il y en a cinq selon toujours le même responsable qui soulève que «sur les 138 organisations syndicales enregistrées au niveau du ministère du Travail, 48 sont inactives». Il s'agit d'organisations qui n'ont jamais activé ou qui n'ont jamais communiqué leurs éléments afin de permettre la connaissance de leur représentativité sur le terrain «et c'est ce qui pose problème» de l'avis de M. Mekhazni qui annonce que «39% des syndicats n'activent pas». Des mesures seront prises contre les organisations inactives Il y a lieu donc de réfléchir à des mesures concernant ces syndicats. «S'il n'y a pas d'exercice syndical ou de renouvellement des instances, ni d'activité, le ministère du Travail envisagera des mesures concernant ces syndicats, comme la suspension jusqu'à nouvel ordre», a expliqué le responsable avant d'ajouter : «Le ministère du Travail contactera, dans une première étape, les membres fondateurs de ces syndicats avant d'étudier quelles sont les mesures à prendre.» Ainsi donc, il sera question d'évaluation de la situation de chaque syndicat «avant de prendre les mesures qui s'imposent». Quant au gel ou à la dissolution, «ils sont laissés à l'autorité judiciaire», a-t-il encore soutenu. Abordant la question du droit fondamental à la grève avec un petit détour sur la grève du personnel navigant d'Air Algérie, M. Mekhazni a souligné que «les protestataires doivent faire la grève tout en respectant les procédures légales». Reconnaissant tout de même la légitimité des revendications des travailleurs d'Air Algérie, l'invité de la radio a souligné que ce débrayage a été fait en violation des dispositions légales. Il annoncera également que durant l'année écoulée, l'Inspection du travail a recensé 466 grèves dont 5 à caractère national. «Ces grèves ont mobilisé environ 314 000 travailleurs et occasionné une perte de 266 journées non travaillées.» Ilhem Tir