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La France «s'inquiète» du devenir de l'Afrique
Selon une note qui a «fuité» du Quai d'Orsay
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 04 - 2020

La longue et trouble, pour le moins que l'on puisse dire, histoire que partagent la France et l'Afrique, comme s'il était écrit quelque part, n'en finira pas de s'enrichir, quelles que soient les conjonctures. Et une conjoncture telle que celle qui est imposée au monde entier, depuis plusieurs semaines maintenant, offre l'opportunité à cette relation de s'allonger d'un nouveau chapitre qui, comme souvent, ne plaira sans doute pas aux dirigeants africains.
Des impacts de la pandémie du nouveau coronavirus, le monde en subit et de toute évidence il ne finira pas d'en subir pour un bout de temps encore. Ainsi, en dehors des urgences sanitaire et économique, si l'on croit la France la plus officielle, l'Afrique serait en passe de subir un impact du genre qui pourrait lui valoir un tout nouveau destin, sur le plan politique. C'est en fait à travers un document tout ce qu'il y a de confidentiel — à savoir déjà comment il a pu fuiter — que la France étale ce à quoi les Africains devraient s'attendre dans un futur proche, en guise de conséquence politique de la pandémie du coronavirus. Le document en question, une note diplomatique du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS), est le produit d'une réflexion commandée par le ministère français des Affaires étrangères. Intitulée «L'effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ?», la note résume ses prédictions en affirmant que «la crise de Covid-19 peut être le révélateur des limites de capacité des Etats, incapables de protéger leur population. En Afrique notamment, ce pourrait être «la crise de trop» qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale). Vu d'Afrique, le Covid-19 se présente sous la forme d'un chronogramme politique qui va amplifier les facteurs de crise des sociétés et des Etats. Face au discrédit des élites politiques, il convient de trouver d'autres interlocuteurs africains pour affronter cette crise aux conséquences politiques».
Les analystes du CAPS se demandent si la pandémie ne serait pas «la crise de trop sur les appareils d'Etat ?». Autrement dit, selon le think tank du Quai d'Orsay, l'onde de choc à venir du Covid-19 en Afrique pourrait être le coup de trop porté aux appareils d'Etat. «Le taux de médicalisation est quasi-nul et les systèmes de santé nationaux peuvent être considérés comme saturés d'office. L'Etat va faire massivement la preuve de son incapacité à protéger ses populations. Cette crise pourrait être le dernier étage du procès populaire contre l'Etat, qui n'avait déjà pas su répondre aux crises économiques, politiques et sécuritaires», est-il stipulé dans le document sur lequel il est statué que les Etats les plus exposés à une déstabilisation seraient ceux du Sahel et de l'Afrique centrale où les politiques publiques sont «défaillantes» au contraire d'autres pays aux «institutions plus solides» tels que le Rwanda ou le Sénégal. Poussant encore un peu plus loin l'analyse sur l'état des lieux en Afrique, le CAPS estime que les déclencheurs de la crise politique pourraient prendre plusieurs formes : un nombre trop élevé de décès; l'effet de comparaison défavorable à certains Etats – notamment francophones – fragiles ou dont les politiques publiques sont défaillantes donc, ou encore ce qu'il appelle «la mort politique zéro», c'est-à-dire la personnalité dont la mort cristalliserait la contestation, qu'il appartienne au système en place ou à l'opposition. «Le risque d'infection d'un dirigeant âgé et souffrant d'autres pathologies pourrait avoir de lourdes conséquences et obligerait à se positionner clairement et rapidement sur la fin d'un système et sur une transition. De manière plus structurelle, le Covid-19 a deux dimensions économiques spécifiques sur le continent. En Afrique de l'Ouest, les mesures de confinement saperont l'équilibre fragile de l'informel, économie de survie quotidienne essentielle au maintien du contrat social. En Afrique centrale, le choc pourrait précipiter la crise finale de la rente pétrolière au Cameroun, au Gabon et au Congo-Brazzaville (effondrement d'un prix du baril déjà en crise avec la demandé, aggravé par un ralentissement de la production, et risque d'accélération de la réflexion d'opérateurs pétroliers – Total au premier chef – de quitter ces pays), là aussi au cœur des équilibres sociaux». Et dans les deux cas, cela pourrait constituer le facteur économique déclencheur des processus de transition politique, estiment les analystes sollicités par le Quai d'Orsay. Comme dans un scénario, ces derniers voient les villes comme les potentiels épicentres de crises. «Au bout de quelques semaines – certainement assez rapidement – la question du ravitaillement des quartiers va se poser sous trois formes : l'eau, la nourriture et l'électricité».
Un état des lieux qui fera apparaître «des phénomènes de panique urbaine (…) le terreau sur lequel se construisent les manipulations des émotions populaires. Cette recette fait le lit d'entreprises politiques populistes. Ce sont les classes moyennes en cours de déclassement qui seront les premières fragilisées, car leur quotidien risque de s'effondrer», estime le CAPS qui pousse encore plus loin sa vision de la situation que vivront ces pays d'Afrique en pleine pandémie en s'attendant à ce que «la question de la sélection ne portera pas sur les personnes à sauver médicalement (faute de capacités d'accueil), mais sur les besoins de première nécessité : quel quartier ravitailler ? Quelles autorités locales crédibles peuvent être les relais d'organisation de la distribution ? Quels produits de première nécessité fournir dans une phase attendue de pénurie ? Dans ce contexte, des hausses de la délinquance sont attendues, mettant d'autant plus à l'épreuve l'autorité de l'Etat». Puis, en guise de propositions, les analystes du CAPS préconisent que la France prenne langue avec de nouveaux interlocuteurs pour gérer la crise. Pour ce faire, ils conseillent aux dirigeants français de s'adresser aux autorités religieuses qui «pourraient vouloir défier l'ordre public pour imposer le leur dans ce moment de faiblesse de l'Etat», les diasporas, des artistes populaires qui sont «des autorités morales crédibles et façonnent les opinions publiques», et puis les «entrepreneurs économiques et les businessmen néolibéraux». C'est donc tout un programme que propose le CAPS pour le redéploiement de la France en Afrique, il est vrai pays qui n'a plus bonne presse sur le continent noir depuis plusieurs années maintenant.
Azedine Maktour


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