La plupart des Etats africains seront en faillite du fait du Covid-19. Il s'agit des prévisions contenues dans une note produite par les membres du Centre français d'analyse, de prévision et de la stratégie (CAPS), organe relevant du quai d'Orsay. Intitulée «L'effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ?, la note de l'ex Centre d'analyse et de prévision (CAP) estime que la crise engendrée par le Covid-19 pourrait être en Afrique «la crise de trop, qui déstabilisera durablement, voire qui mettra à bas des régimes fragiles ou en bout de course». L'accent est particulièrement mis sur les Etats du Sahel, «régimes fragiles» et ceux d'Afrique Centrale, «régimes en bout de course». Selon le document en question, les mesures de confinement saperont l'équilibre fragile de l'informel, économie de survie quotidienne essentielle au maintien du contrat social en Afrique de l'Ouest. En Afrique centrale, poursuit la note du CAPS, «le choc pourrait précipiter aussi la crise finale de la rente pétrolière au Cameroun, au Gabon et au Congo-Brazzaville, là aussi au cœur des équilibres sociaux». Dans les deux cas, cela pourrait constituer le facteur économique déclencheur des processus de transition politique. Pourquoi ? Dans l'ensemble, le taux de médicalisation est quasi-nul et les systèmes de santé nationaux peuvent être considérés comme saturés d'office, lit-on dans le rapport. Et cela pourrait susciter aussi un mécontentement généralisé au sein des populations. «L'Etat va faire massivement la preuve de son incapacité à protéger ses populations. Cette crise pourrait être le dernier étage du procès populaire contre l'Etat, qui n'avait déjà pas su répondre aux crises économiques, politiques et sécuritaires», avertit la note du CAPS. Le CAPS dirigé par le diplomate Manuel Lafont Rapnouil appelle le Quai d'Orsay à «anticiper le discrédit des autorités politiques» et à «accompagner en urgence l'émergence d'autres formes d'autorités africaines crédibles pour s'adresser aux peuples afin d'affronter les responsabilités de la crise politique qui va naître du choc provoqué par le Covid-19 en Afrique». Loin de vouloir voler au secours de l'ordre politique actuel, les experts de la diplomatie française appellent ainsi plutôt «de trouver d'autres interlocuteurs africains pour affronter cette crise aux conséquences politiques». Autrement dit, le CAPS invite Paris à «aider» à l'émergence d'une nouvelle élite dirigeante.
Covid-19 : Les Africains comptent leurs morts L'Afrique de plus en plus touchée par le nouveau coronavirus. Plus d'une quarantaine de pays du continent est désormais contaminée par le Covid-19, avec une forte augmentation ces derniers jours dans certains pays en particulier. Des mesures drastiques sont prises par certains pays sur le continent pour endiguer l‘épidémie de coronavirus. Plusieurs ont décrété l‘état de catastrophe nationale. Plusieurs nations expérimentent le traitement à base de la chloroquine sur ses malades. Plus de 8578 cas confirmés dans 51 pays pour plus de 388 décès ont été recensés en Afrique. Face à l'ampleur de la catastrophe, la BAD a appelé les bailleurs de fonds à aider les pays africains. «Le Covid-19 pourrait entraîner une baisse du PIB en Afrique, allant de 22,1 milliards de dollars américains (USD) dans le scénario de référence, à 88,3 milliards d'USD dans le scénario catastrophe, soit une contraction des prévisions du PIB pour 2020 de 0,7 à 2,8 points de pourcentage en 2020. Si la situation actuelle persiste, l'Afrique pourrait même tomber en récession cette année », a annoncé la Banque africaine de développement (BAD), dans un communiqué publié samedi 4 avril. Dans ce contexte, le président du Groupe de la BAD, Akinwumi A. Adesina, a affirmé qu'il soutient le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, «pour la mise à disposition de ressources spéciales aux pays en développement à travers le monde» et pour «la suspension de la dette des pays à faibles revenus en ces temps d'incertitude et de mutation rapide».