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Br�ler des pneus, faute de calories
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 08 - 2010


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Imam attitr� de plusieurs quotidiens nationaux, cheikh Chems-Eddine n'est pas ce qu'on appelle un opposant furieux au r�gime. Il va m�me dans le m�me sens que le ministre du Culte, Ghoullamallah, lorsqu'il d�nonce le fondamentalisme wahhabite.
Normal, c'est un a�n� autocratique et un vigoureux concurrent pour le salafisme local, dit mal�kite. A trop vouloir d�passer le ma�tre, on s'essouffle et on perd du terrain. D'abord, en oubliant ce tr�s vieil adage, sans doute biblique : ventre affam� n'a point d'oreille. Or, en appelant ces derniers jours au boycott de la viande indienne, il risquait fort de ne pas �tre entendu. D'abord, parce qu'il s'adressait � un public qui en veut uniquement pour son argent, en cette veille de Ramadan. Et l'argent des Alg�riens, on sait ce qu'il vaut aux �tals des fruits et l�gumes et aux comptoirs r�frig�r�s des bouchers. Le buffle indien, pour nos consommateurs, c'est un pis-aller, mais c'est mieux que rien, c'est-�-dire une viande hors de prix et inaccessible. Au rayon boucherie, le mieux reste encore l'ennemi du bien. Ensuite, quelle mouche (� buffle) a donc piqu� le cheikh de la simplification contre la complication, pour qu'il s'oppose ainsi � la volont� nationale ? Car, il s'agit bien de volont� nationale, puisque, pour une fois, le peuple est d'accord pour manger, n'oublions pas que c'est le Ramadan, et que le gouvernement consent � le nourrir. Dans ce pays o� tout est g�r� en fonction de l'urgence, et dans l'urgence, on peut obliger le bon peuple � se serrer la ceinture durant toute l'ann�e, sauf durant la p�riode du je�ne. Aucun gouvernement, aussi peu comp�tent qu'il soit, ne peut ignorer que nos concitoyens ne se r�soudront jamais � manger maigre pendant le mois de car�me. Or, on peut br�ler des pneus, autant par manque de calories que par d�ficit en logements d�cents. Gr�ce � l'exp�rience acquise sur tous les th��tres d'�meutes, dites populaires, les experts peuvent �tablir d�sormais un bar�me national. Ils peuvent dire, avec une pr�cision diabolique, combien de pneus de camions il faut br�ler pour un F3 et comment se surpasser pour avoir l'interphone et la TNT. Oui, ils peuvent faire cela, nos experts, mais demandez-leur combien de roues de v�los partiront en fum�e, pour un steak ou pour un brik, et vous les verrez rester bouche b�e. Non, il n'y a pas un seul gouvernement musulman, au monde, qui soit pr�t � livrer des �quipements anti-�meutes tout neufs � la vindicte de citoyens qui ont la dent ! Chems-Eddine a choisi de faire de l'opposition, en p�riode de p�nurie cruelle d'opposants, et de mati�res � s'opposer. Il fait front contre un consensus national qui ne se r�alise que durant le mois sacr�, mois de l'abn�gation et de l'effort sur soi, qu'ils disent. D'accord ! Dites-moi un peu comment convaincre un estomac qui a d�sert� les talons et s'installe durant trente jours dans les orbites oculaires ? Avoir les yeux plus gros que le ventre, c'est l'exercice diurne de tous les Alg�riens, � charge pour eux d'inverser la tendance � la tomb�e de la nuit. Cheikh Chems- Eddine a perdu de vue, semble-t- il, ces r�alit�s, � moins qu'il n'ait ob�i � d'�tranges injonctions d'origine inconnue. Il devrait savoir, comme nous tous, que lorsque le ventre est plein, la t�te se met � chanter (bien lire chanter, et non psalmodier). Comment aller � contre-courant de cette communion spirituelle et digestive, lorsque gouvernants et gouvern�s salivent devant une chorba � l'indienne? Peut-on ignorer superbement, drap� dans sa gandoura pakistanaise, les vertus alimentaires de ce buffle indien ? Nos dirigeants, omnipotents et ventripotents, savaient certainement ce qu'ils faisaient en optant pr�cis�ment pour cette viande-l�. Soucieux de la sant� du peuple, autant que de la leur, et comme le berger veillant � son troupeau, ils ont choisi une viande � faible teneur en cholest�rol, cette mal�diction alg�rienne. Voil� encore un argument majeur que cheikh Chems- Eddine a occult� : tous les Alg�riens accumulent des performances en mati�re de cholest�rol. Ce ne sont pas seulement nos routes et nos rues qui bouchonnent, mais nos art�res aussi. Le cholest�rol, c'est tellement nouveau en Alg�rie, qu'on s'en r�clame comme d'une m�daille acquise sur de douteux champs de bataille. C'est nouveau, et donc adorable, comme toutes les maladies qu'on attrape au filet � papillons. On ne s'attardera pas plus longuement sur les autres qualit�s nutritives de cette viande exceptionnelle, nous assurent des confr�res bien inform�s, comme sa richesse en magn�sium, un bienfait pour nos ch�rubins scolaris�s. Voil� donc qui devrait ravir nos deux caricaturistes du moment, Dilem et Le Hic, au lieu de susciter chez eux ce que je per�ois comme une sourde inqui�tude(1). Il ya quelques ann�es, � l'�poque de la �d�cennie grise�(2), le gouvernement avait eu recours � l'importation massive de viande australienne pour faire face aux besoins nutritionnels autant que rituels. Les imams, proches du Front islamique du salut (FIS), ou s'en rapprochant, avaient d�cid� que le mouton australien �tait �haram�, au pr�texte que son appendice caudal n'avait pas les mensurations l�gales. � ce moment-l�, j'avais commis, dans un hebdomadaire disparu, une chronique dans laquelle je sugg�rais aux imams anti-queues de s'int�resser plut�t � l'authenticit� des moutons vendus dans le pays. Il suffisait pour cela de v�rifier, dans une petite ville de l'est, que les m�les attributs attach�s � la b�te n'avaient pas �t� cousus par la main experte du boucher sur une carcasse de brebis. Une pratique � laquelle certains marchands s'adonnaient r�guli�rement et massivement de notori�t� publique. Mais, comme ils donnaient g�n�reusement lors des qu�tes du vendredi, � la sortie des mosqu�es, personne n'y trouvait � redire. Le boycott aurait donc presque r�ussi si l'appel s'�tait adress� � des citoyens repus, esp�rant aller au paradis, tout en �tant heureux ici-bas. Las, le peuple �tait aussi mal lun�, aussi mal nourri, quoique moins sujet � des pouss�es de fi�vre qu'aujourd'hui. Le mouton australien a donc fait son office, en attendant que notre cheptel se reconstitue et que nous entreprenions de le d�cimer encore et encore. L'appel de Cheikh Chems-Eddine aurait sans doute eu plus de chances d'�tre entendu, lors de la �d�cennie grise� qu'aujourd'hui. Hier, le FIS tenait la rue et les quartiers, mais il avait affaire � une forte r�sistance, autant au sein du gouvernement que dans la soci�t� civile, encore balbutiante, mais �touff�e depuis. De nos jours, jeter l'opprobre sur le buffle indien, c'est souder davantage un peuple qui s'enflamma jadis pour le FIS et un pouvoir qui applique le programme du m�me FIS. Le gouvernement et le peuple tiennent � vivre un Ramadan sans encombre et surtout avec viande, d'o� qu'elle provienne. C'est juste une nouvelle exp�rience � tenter, dans l'urgence, apr�s avoir fait l'essai de produits, certes avec l'�tiquette d'origine, mais sans date de p�remption. Alors, le buffle indien�
A. H.
(1) Je ne comprends pas cette m�fiance vis-�-vis de la viande indienne et des plats indiens en g�n�ral. J'en ai mang� r�guli�rement durant des mois et je n'en suis pas mort. Enfin, pas encore�
(2) Que les m�dias ont baptis�e h�tivement �d�cennie noire�, ne pouvant lire dans le marc de caf� et deviner ce que serait la suite.


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