La perspective d'ouvrir la formation du master et du doctorat à l'ensemble des étudiants suscite autant d'interrogations que d'incompréhensions. Evoquée en Conseil des ministres, la disposition est jugée irréalisable par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes). Les organisations estudiantines attendent d'en savoir plus sur les modalités d'application, mais considèrent, d'ores et déjà, l'enseignement à distance comme une utopie. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Jusque-là soumis à conditions et à un concours, l'accès au master et au doctorat pourrait être ouvert à tous les étudiants y formulant le souhait. La proposition a été émise en Conseil des ministres au cours duquel le chef de l'Etat a affirmé qu'il était « nécessaire d'ouvrir la formation pour le master et le doctorat à tous les étudiants qui le souhaitent, sans sélection préalable, notamment en recourant à l'enseignement à distance qui peut être une formule appropriée, à condition qu'elle soit soutenue par les moyens technologiques et satellitaires nationaux». Une annonce qui a laissé perplexe la famille universitaire. Du côté du Conseil national des enseignants du supérieur, c'est l'incompréhension totale. Malek Azzi, son coordonnateur national, affirmait, hier lundi, n'avoir pas encore cerné les tenants et les aboutissants de cette décision, expliquant que « c'est insensé de vouloir ouvrir le doctorat à tous les étudiants. Cela peut être plus ou moins compréhensible pour le master, mais tout le monde ne peut pas accéder au doctorat ». Les raisons ? La première, dit-il, réside dans la difficulté d'encadrer puisque, actuellement déjà, beaucoup d'universités souffrent d'un déficit en encadreurs. Les organisations estudiantines ne semblent pas non plus comprendre le pourquoi d'une telle décision. L'organisation des étudiants libres estimait, hier, que compter sur l'enseignement à distance pour les futurs doctorants relève de l'utopie, affirmant que les moyens sont loin d'être réunis pour la mise en œuvre d'un tel projet qui semble s'inscrire dans le cadre de ce que le président de la République a qualifié de « réformes structurelles profondes du secteur ». Le ministre du secteur a été instruit d'engager à « brève échéance », et dans la concertation la plus large possible, la réflexion qui doit prendre en compte l'impératif de « raccorder l'université à l'économie réelle , avec la possibilité de prestation effective en faveur de ses différents segments ». L'accent devra être mis sur « le besoin de leur autonomisation et de leur ouverture sur le monde qui leur permettraient de développer des échanges d'enseignants et d'étudiants, dans le cadre d'opérations de jumelage avec leurs homologues étrangères et de coopérations mutuellement bénéfiques ». Cette approche ne doit pas exclure le système des œuvres universitaires, à travers la rationalisation des dépenses et l'amélioration des prestations fournies aux étudiants, allant du système d'hébergement à celui du transport qui doit faire l'objet de révision en envisageant de nouvelles solutions qui évitent les situations de monopole et favorisent le jeu de la concurrence ». Concernant la rentrée universitaire, il est question de séparer les mesures d'achèvement de l'année universitaire 2019-2020 de celles qui concernent la rentrée 2020-2021 et d'en débattre lors du prochain Conseil du gouvernement, avant d'adopter le programme retenu par le prochain Conseil des ministres et d'adopter les mesures devant permettre d'étaler dans le temps le retour aux cours en tenant compte des impératifs liés à la situation épidémiologique. N. I.