S'attabler à une terrasse de café, dîner au restaurant, faire trempette dans une mer azurée, s'asseoir sur le banc d'un jardin public... des gestes presque oubliés dans un monde éprouvé par la pandémie de coronavirus. Après cinq mois de fermeture, ces espaces s'ouvrent enfin aux Algériens à partir de ce samedi 15 août. Une nouvelle accueillie avec soulagement par les citoyens. Le compte à rebours s'est déclenché depuis quelques jours. L'attente a été très longue. Les semaines s'égrenaient l'une après l'autre avec une épée de Damoclès sur la tête : interdiction de se baigner, de s'attabler aux terrasses des glaciers et de faire des balades dans les forêts. Et puis la bonne nouvelle est tombée. Dès aujourd'hui, certains loisirs sont permis, dans le strict respect de la distanciation physique et des règles d'hygiène, afin d'éviter un rebond des contaminations. Après des mois de frustration, les Algériens s'apprêtent à renouer avec les plaisirs de l'été comme les randonnées, les baignades, les pique-niques, les sorties au restaurant... Comme une délivrance Hassen, 41 ans, a applaudi des deux mains la décision des pouvoirs publics d'ouvrir l'accès aux plages. « C'est comme une délivrance ! Il était temps de recommencer à vivre un peu », s'exclame-t-il. « Je suis en congé depuis début août. Cela fait quinze jours que je tourne comme un lion en cage, dans mon petit appartement avec ma femme et mes trois enfants. Depuis la fermeture des lieux de loisirs, nous n'avions plus d'endroit où aller. Habituellement, nous profitons des plaisirs de la mer tout l'été. Ce maudit virus a mis nos vies à l'envers. Les plages ouvrent ce samedi, une bonne nouvelle. Je vais enfin pouvoir nager, faire des châteaux de sable avec mes enfants et profiter des bienfaits de la mer en famille avant la rentrée.» L'été, synonyme de vacances, farniente, sorties, détente a été complétement chamboulé cette année. Les Sablettes, espace qui accueillait bon nombre de visiteurs, a été déserté depuis mars dernier. Cette promenade qui longe la mer s'apprête, dès aujourd'hui, à renouer avec les longues balades, les joggings, les pique-niques et les jeux d'enfants. Samir, 25 ans, habite à Bab-Ezzouar. Avant le confinement, il se rendait trois fois par semaine sur cette esplanade pour courir. «C'est l'endroit idéal pour faire de l'exercice tout en respirant un bon bol d'air frais», confie-t-il. «Je vais enfin pouvoir reprendre mes entraînements tôt le matin avec mon groupe d'amis. Ça n'a l'air de rien mais depuis la fermeture des salles de sport et des espaces pour joggeurs, beaucoup de gens ont sombré dans la déprime», ajoute-t-il. Petit tour au parc Malika, 71 ans, se réjouit de l'ouverture des jardins publics. Une sortie quotidienne dans le parc de son quartier qui lui a beaucoup manquée. « Depuis des mois, je suis confinée à la maison mais là je vais enfin reprendre mes anciennes habitudes», dit-elle. «M'asseoir sur un banc au parc Mont-Riant et retrouver les voisines de mon âge, échanger des banalités et surtout m'extraire de la chaleur de mon appartement en ces journées caniculaires me remplit d'espoir.» D'autres s'impatientent de profiter des sorties au restaurant et au café. Feriel a vécu le confinement comme un emprisonnement. «Je vais enfin pouvoir m'attabler à une terrasse avec mes amis, partager un repas ensemble ou juste siroter un café. Un plaisir simple, dont on a été privé à cause de l'épidémie de coronavirus. Certes, j'ai beaucoup échangé avec mes amis via les réseaux sociaux mais rien ne remplace le contact direct dans la vraie vie, avec le respect des consignes sanitaires imposées par cette crise, bien évidemment. J'attends impatiemment de passer une journée à la plage. La date du 15 août sonne comme une délivrance pour moi», assure-t-elle. Oui, mais... Respirer, renouer avec les distractions et profiter un peu de ce qu'il reste de l'été avant la rentrée sociale est dans l'esprit de tous les citoyens mais certains y mettent un bémol. «Je vais d'abord observer si les règles sanitaires sont respectées à la lettre avant de me précipiter la tête la première», observe Mourad, 49 ans. «Bien sûr, comme tout le monde, je suis tenté par un bon restaurant, ou une journée à la plage en famille ou entre amis. Toutefois, je n'oublie pas que le virus circule toujours et qu'il faut demeurer extrêmement vigilant en l'absence de vaccin. S'il faut sacrifier l'été 2020, en demeurant confiné jusqu'à la fin, je le ferai car la santé n'a pas de prix.» Dur, dur le confinement ! La fermeture des lieux de distraction et de loisirs a impacté le moral de bon nombre de citoyens. C'est le cas de Salima (34 ans). «Avec des enfants en bas âge, il n'y a rien à faire durant l'été, hormis aller à la plage ou à la piscine. Nous partons une semaine à Azzefoune. Ma belle-sœur possède une maison en bord de mer. Je crois que nous allons bien nous rattraper en profitant de la plage tous les jours.» Avec le déconfinement progressif et la réouverture des plages et des espaces de loisirs, les Algériens s'apprêtent à mettre les bouchées doubles. Privés de vacances à l'étranger à cause de la fermeture des frontières, ils entendent bien profiter des plaisirs de l'été avant le retour de l'automne. Toutefois, la vigilance est de mise. Le virus court toujours et les gestes barrières sont plus que jamais nécessaires afin de se protéger. Soraya Naili