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Nouvelle configuration pour une sortie de crise ?
Libye
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 08 - 2020

Le cessez-le-feu promulgué simultanément vendredi dernier mais séparément à travers deux communiqués distincts, l'un par Tripoli et l'autre par le représentant de l'homme fort de Benghazi, le maréchal Khalifa Haftar, ouvre-t-il enfin la voie à la paix ? Preuve de l'intérêt sans commune mesure que suscite la Libye dans les chancelleries étrangères est leur réaction prompte et favorable.
Cette initiative, dont on ne connaît pas pour l'heure les tenants et les aboutissants sauf le côté trêve des armes, pourrait sortir le pays de l'impasse et calmer, pour un temps, les cris de guerre qui se font entendre sans retenue dans les camps opposés, soutiens étrangers aux parties libyennes en conflit. Le risque d'escalade est devenu tellement réel que l'on craignait, d'un moment à l'autre, un dérapage vers l'affrontement entre les parrains de l'une et de l'autre partie à l'odeur de pétrole. La ville de Syrte est au cœur d'une bataille d'influence. La Turquie, alliée du gouvernement d'El Serraj qui comptait imposer ses conditions, semble revenir à de meilleurs sentiments. Elle hésite à lancer une offensive contre cette ville stratégique pour l'accès au croissant pétrolier. Silence des Emirats arabes unis, ennemis jurés d'Erdogan et de l'Egypte d'Al Sissi qui se préparait à envoyer ses soldats dans le pays voisin. La trêve militaire, si elle ne peut que profiter aux populations libyennes fragilisées par les pénibles conditions de vie et la crise sanitaire due au Covid-19, ne doit pas masquer ce qui se trame dans les coulisses, voire entre les pays intervenant dans le conflit libyen.
En effet, il faut être bien naïf de croire que les appels au silence des armes est du seul ressort des frères ennemis libyens, et cela depuis déjà plusieurs années. Changement de stratégie des poids lourds impliqués dans la crise libyenne ? Il faut admettre que l'échec de la « prise éclair » de Tripoli la capitale, par le maréchal Haftar en dépit d'énormes moyens logistiques mis à sa disposition, a fait voler en éclats le rêve de ses sponsors de mettre le pays tout entier dans leur giron et de se partager les immenses richesses en hydrocarbures, d'où l'importance de la ville de Syrte, porte ouverte à cet eldorado ! Joker malheureux du jeu d'influence dans cette région historique de la Méditerranée, le maréchal se voit signifier une fin de mission qui ne dit pas son nom avec la désignation du président du Parlement de Benghazi pour jouer les apôtres de la paix.
Tout a été dit ou presque sur la transformation de la Libye (à nos frontières) en terrain d'affrontements et d'ingérences étrangères, de trafic d'armes de guerre et de terre de prédilection, aujourd'hui, de terroristes de tous poils. Dépourvus de moyens de contrôle, les Libyens regardaient impuissants le grand banditisme à l'œuvre sur leur territoire. À l'exclusion du peuple libyen, tout le monde trouvait son compte dans cette confusion générale voulue et encouragée. C'est pourquoi l'on en vient naturellement à s'interroger sur les commanditaires des deux communiqués... au même contenu ! S'oriente-t-on alors vers une nouvelle distribution des cartes, comme qui dirait changer de fusil d'épaule pour mieux l'ajuster ? Sans doute, mais cela ne peut se faire sans un modus vivendi. D'un côté, la Turquie qui a montré ses prétentions dans cette région de la Méditerranée avec le quitus de Tripoli et la Russie de Poutine qui veut sa zone d'influence, sans oublier la France, à l'origine du malheur libyen. Mené par l'Arabie Saoudite et de façon belliqueuse par les Emirats arabes unis, suivis par l'Egypte, frontalière de la Libye.
Si l'on considère que le maréchal Al Sissi veut s'aménager un espace vital, l'on comprend alors ses ambitions, d'autant qu'il est mis sous pression par une démographie galopante (100 millions d'habitants), et les risques mortels induits par la mise en service du barrage de la Renaissance de l'Ethiopie qui entend s'émanciper du diktat imposé par les anciens accords du partage des eaux du Nil bleu. Une aventure en Libye permettra-t-elle pour autant de desserrer l'étau ? Pour un temps, sans doute. Mais le raïs égyptien compte surtout engranger des bénéfices de sa politique de coaliser avec les monarchies pétrolières du Golfe qui lui prodiguent diverses aides et subventions.
Les Emirats ont financé l'ouverture d'un deuxième canal à Suez parallèlement à l'ancien. C'est donc sans état d'âme que l'Egypte se livre à ses petits calculs d'intérêts afin d'obtenir sa part du gâteau. Si la France, (l'Italie?) voire l'Allemagne n'ont d'yeux que pour le pétrole et le gaz du pays , il en est de même pour la Turquie qui a déjà lancé ses explorations en Méditerranée orientale au moment où Ankara annonce, sans rire, la découverte d'immenses gisements de gaz en mer Noire. Mais cela ne l'empêche pas de vouloir sa propre zone d'influence, tout en partageant cette ambition avec la puissante Russie. L'hostilité des pays du Golfe à l'endroit du chef de l'ancien empire ottoman est nourrie par ses soupçons de rêves de grandeur et... d'hégémonie.
L'appel à la fin des affrontements armés contenu dans les communiqués des « frères libyens » n'aurait d'effectivité à long terme que s'il émanait d'une légitimité, c'est-à-dire négocié et mis en forme par les deux parties. Est-ce le cas ? L'on s'interroge, alors, sur la nouvelle configuration de la Libye post-Kadhafi. Depuis 2005, date de l'ouverture des hostilités entre Tripoli et Benghazi, les positions sont toujours figées. Mais pas seulement puisque les deux belligérants, chacun pour ce qui le concerne, ont offert sur un plateau d'argent la Libye aux ingérences étrangères, réduisant à néant toute chance de s'en sortir par eux-mêmes dans cette « affaire de famille ». Si l'applaudimètre a accueilli bruyamment les communiqués, les chancelleries occidentales s'en félicitant, c'est parce qu'elles veulent bien croire à une sortie de la crise politique pourtant rendue plus complexe avec les années de heurs et de malheurs. Les occasions d'exorciser les démons de la guerre civile n'ont pourtant pas manqué depuis la Conférence de Berlin et, surtout, les bons offices maintes fois réitérés par l'Algérie. Il ne peut y avoir de solution à la crise libyenne qu'avec l'accord souverain des Libyens eux-mêmes dans des pourparlers libres et motivés par une volonté de paix partagée.
Les récents évènements ayant confirmé la dimension du drame et la nécessité de trouver, au plus vite, une solution à la crise, avec le retour à la table des négociations, l'Algérie réitère sa volonté et sa disponibilité à assister les Libyens dans leurs efforts.
Brahim Taouchichet


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