Chercher de la fraîcheur, de la relaxation, du bien-être, malgré le confinement, c'est la promesse faite par la montagne. Cette année, circonstance sanitaire oblige, nombreux sont ceux qui sont devenus des adeptes de la randonnée. Une tendance qui ne semble pas baisser, même avec l'ouverture des plages. Les sports de montagne connaissent de plus en plus de fans. En famille, en solo ou en groupe, ils s'organisent, loin des grandes affluences de la plage. Timides, il y a de cela encore quelques années, les randonnées, escalades, treks, bivouacs, la spéléologie, sont autant de sports que peuvent offrir nos massifs aux amoureux du grand air, loin de la cohue et du bruit. De plus en plus de groupes via leurs pages Facebook voient le jour en encourageant les promeneurs, les adeptes des grands espaces verts, les amoureux de la roche, à faire le déplacement. Ils partagent leur passion avec ce tourisme peu ou méconnu du grand public. Zidani Azzedine, du groupe les marcheurs d'Aokas, décrit régulièrement leurs randonnées et font partager leur bouffée d'oxygène. «Les randonneurs de l'enthousiaste groupe mes Marcheurs ont effectué, le samedi 15 août, un nouveau pèlerinage à la féerique cascade de Imeârtene où une extraordinaire baignade rafraîchissante a eu lieu à la grande joie des 24 participants à cette mémorable escapade. En effet, cette énième sortie en montagne où on a enregistré, à l'occasion, l'arrivée de nouveaux membres de qualité, est à inscrire en lettres d'or dans le registre du palmarès du groupe qui a parcouru, faut-il le signaler, pas moins de 18 kilomètres de sentiers et de pistes forestières jalonnés de plusieurs sources d'eau savoureuses et de délicieuses mûres. La procession s'est ébranlée, comme prévu, du paisible village Tibizelt, à Tichy, sous la conduite de notre généreux poète Laïdi Lounnès qui nous a offert, pour la deuxième sortie d'affilée, de délicieuses et savoureuses figues fraîches cueillies la veille de ses propres figuiers. L'avancée sous un soleil de plomb fut rythmée et le groupe a sillonné, ensuite, le territoire de la commune de Aït Tizi relevant de la wilaya de Setif pour atterrir, vers la mi-journée, à la splendide cascade de Bouamara où une pause-déjeuner bien méritée fut observée dans la joie et la grande ambiance. Il faut dire que les randonneurs n'ont pas cessé de prendre des photos souvenirs tout le long du magnifique parcours. Et pour clore cette journée de rêve, les deux fourgons de transport affrétés sont arrivés pour nous déposer, quelques kilomètres plus loin, à la paradisiaque cascade de Imeârtene que les villageois d'Iwericene ont aménagée bénévolement, a-t-on constaté sur les lieux. Sur place, les heureux marcheurs se sont baignés à différents endroits de cette rivière alimentée directement des entrailles rocheuses du mont Issek qui culmine à quelque 1764 mètres d'altitude et situé à cheval entre les communes montagneuses de Tizi N'berbère, Aït Smaïl et de Taskriout. Ce fut le bonheur total, cette sortie a été caractérisée, faut-il le souligner, par une solidarité sans faille du groupe et une discipline exemplaire. Vivement la prochaine, prévue le long de Assif (oued) Laâlam pour non seulement visiter le ‘'Pont de Dieu'' mais, aussi, pour se rafraîchir à travers la baignade habituelle ! Avis donc aux amateurs/trices.» Ce témoignage et récit à lui seul dévoile tout ce que peuvent apporter ces escapades en termes de bien-être mais aussi pour l'échange humain et culturel. De quoi casser et dépasser certaines «mesquineries» de la vie quotidienne. Réglementation des campings Face à cette affluence et cet intérêt grandissant, la Direction générale des forêts, dans le cadre de la préservation des sites forestiers, comme les parcs protégés, comme celui du Djurdjura, œuvre pour la réglementation des campings. La réglementation autorise, en effet, l'activité dans des endroits spécialement dégagés. Cependant, pendant plusieurs années, notamment après la décennie noire, cela n'a pas été respecté mais il faut dire que ce genre de loisir n'était pas aussi sollicité. Ainsi, le bivouac n'importe où est interdit car il génère des nuisances liées au risque de départ de feux et de pollution. Naïma, une adepte, depuis plusieurs années déjà, de sport de montagne, a pu connaître les bienfaits de ce tourisme en famille. Elle témoigne : «La loi a toujours existé mais pas systématiquement appliquée. Cette année, des patrouilles de gendarmes et gardes forestiers surveillent les campeurs pour leur rappeler quels sont les endroits autorisés pour préserver la faune, la flore et l'écosystème. Il s'agit de zones protégées mondialement. Je suis consternée en considérant que durant ces dernières années à Tikjda, la prairie d'Aswel, avec le tourisme de montagne à trois sous, des sites merveilleux ont été clochardisés, et sont devenus des décharges à ciel ouvert.» Déchets et protection des forêts «Dans les forêts et les montagnes, les animaux ne laissent pas de déchets, les humains, oui... SVP, comportez-vous comme les animaux !» Une phrase choc pour interpeller les esprits et mettre en avant l'effet dévastateur de certains randonneurs. Ces derniers, pour les authentiques, se considèrent aussi comme les protecteurs de ces espaces vitaux. «Nous sommes randonneurs par plaisir et éboueurs par amour !» déclame Nora, une jeune adepte de la randonnée. Et de poursuivre : «J'y suis tombée par hasard par le biais d'un ami qui trouve un réel équilibre dans ces randonnées où l'effort physique se conjugue à la beauté des paysages.» Les immondices dans ces espaces sont un réel danger. Toutes les associations, collectifs, pages professionnels rappellent non pas la nécessité mais le devoir de laisser propres ces espaces et œuvrer pour le ramassage des ordures. «Nous profitons tant que nous voulons des bienfaits qu'offre généreusement dame nature mais, de l'autre côté, il faut faire de sa protection notre devoir. Pour nous, c'est plus qu'un devoir de contribuer à la protection et à la préservation de la nature, c'est une nécessité et une obligation», résume Cherif, un randonneur passionné. Par ailleurs, dans le cadre de la nouvelle loi de finances 2020, une révision à la hausse des tarifs de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM), à l'article 25, a été décidée. Ceci, afin d'améliorer les prestations fournies aux citoyens par commune en matière d'hygiène, de santé, de sécurité et de protection de l'environnement, notamment en ce qui concerne l'enlèvement des ordures ménagères, la loi de finances pour 2020 a revu à la hausse les tarifs de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, comme suit : entre 10 000 DA et 25 000 DA par terrain aménagé pour camping et caravanes. Sarah Raymouche