Ils sont de plus en plus nombreux à privilégier les activités en plein air. Femmes, hommes, jeunes et moins jeunes ont découvert les bienfaits de la marche à pied, de la course ou de l'escalade. Parcourir plusieurs kilomètres, parfois à travers des sentiers escarpés, ne les fait pas renoncer à l'objectif qu'ils se sont fixé. Celui de combiner les joies de la randonnée à l'exercice physique, meilleur remède pour accéder au bien-être. La randonnée, une activité sportive et patrimoniale Il suffit de surfer sur les réseaux sociaux pour relever l'importance du phénomène des randonnées dans la ville de Skikda. Chaque week-end, ils sont des dizaines à enfiler leurs tenues d'occasion et à partir à la découverte de nouvelles sensations. Mais plus qu'un phénomène de mode, la randonnée à Skikda se veut également être une activité sportive, éducative et aussi patrimoniale. L'instauration de cette nouvelle dynamique sociale revient essentiellement à «Alto» et à «Blue-Planet», deux associations locales qui ont su garder, voilà déjà plus de cinq années, une régularité dans leurs programmes respectifs en proposant, chaque week-end, des circuits qui vont du simple parcours aux randonnées les plus exotiques. Les deux associations, à l'origine versées dans les sports aériens, pour «Alto», et dans les sports aquatiques, pour «Blue-Planet», ont également réussi à fidéliser beaucoup d'amateurs de marche à pied et d'autres curieux. L'attrait suscité par ces deux mouvements s'explique, en partie, par la prise de conscience des gens quant à l'importance sanitaire de la marche à pied, et aussi par les garanties qu'offrent ces sorties, organisées pour certains, notamment pour la gent féminine. L'autre caractéristique qui singularise les randonnées proposées reste le partage de la même passion par des groupes sociaux de différents âges. «A notre niveau, nous enregistrons la présence continuelle de beaucoup de jeunes, de couples mariés et aussi de grands-parents, qui parviennent tous à réaliser de longs parcours», témoigne Abdou Baâli, président du club «Blue-Planet». Le même constat est fait par Abid Berchi, président du club «Alto» : «Le plus jeune randonneur du club a tout juste 12 ans. Nous comptons aussi parmi nos adhérents un grand nombre de seniors, dont Rabah Boudjelal, 83 ans, ainsi qu'une dizaine de septuagénaires qui ne ratent aucune randonnée.» L'organisation parfaite et l'ambiance familiale qui caractérisent les sorties des deux clubs ont aussi encouragé le sexe faible à y prendre part. De randonnée en randonnée, les réseaux sociaux aidant, leur nombre ne cesse de croître. L'attrait que suscite cette passion auprès de ses adeptes ne relève pas du simple fait sportif, comme le soutiennent les présidents des deux clubs. Ils jugent que les participants aux différentes randonnées donnent l'impression aussi de chercher du neuf, de voir d'autres paysages et de découvrir de nouvelles régions. «Les gens sont très attachés à leur patrimoine, il suffit juste de leur offrir le cadre idéal pour ce faire», estime M. Berchi. Il est vite relayé par M. Baâli: «Nous avons eu à relever que les gens sont très attirés par les nouvelles découvertes et aussi par le contact direct avec les habitants autochtones. On a eu à le constater lors d'une randonnée dans la région féerique d'Affensou, dans le massif de Collo, où nos randonneurs ont été subjugués par la beauté de la nature et très intéressés par des échanges avec les habitants de la région». SORTIR DES SENTIERS BATTUS Même si les deux associations partagent les mêmes visées, chacune d'elles garde sa propre vocation et sa façon de faire. «Alto» exprime sa volonté de concentrer ses activités dans la wilaya de Skikda uniquement. «La wilaya dispose d'une large étendue et d'une multitude de sites naturels, archéologiques et historiques à visiter. On en a déjà visité quelques-uns, comme le mont de Kaf-Aouennar, le Cap de fer, le sommet de Toumiates, Oued-Saboune, etc., Et il reste encore plusieurs autres trésors à découvrir. Pour cette nouvelle année, nous entendons poursuivre nos activités et répondre à une demande de plus en plus importante. Au début, et pour nous déplacer vers les sites retenus, on n'a eu recours qu'à un seul bus. Aujourd'hui, pour chaque programme on loue au moins quatre bus. Il nous faut être à la mesure de ces demandes», dira M. Baâli. Le club «Alto», en plus de ses sorties proposées dans le périmètre de la wilaya, a enclenché, il y a plus d'une année déjà, un programme de randonnées hors wilaya. A ce sujet, M. Berchi dira : «Pour les randonnées faites dans la wilaya, on a joint l'utile à l'agréable en apprenant à nos adhérents la toponymie exacte de chaque coin qu'on a visité. Nous estimons qu'il s'agit d'un patrimoine qu'il nous faut transmettre. Pour revenir à nos sorties hors wilaya, on a décidé, il y a plus de deux années déjà, de proposer, chaque dernier samedi du mois, une sortie bivouac dans différentes régions du pays où on a tissé de grands liens. C'est une offre très prisée par nos randonneurs, qui ont eu à bivouaquer et à faire des randonnées à l'Assekrem, Bou Saâda, Bouzeguen, dans l'Akfadou, Djanet, Ghardaïa, Seraïdi et Roknia. Cette année, on reprendra le même programme pour nous essayer à des randonnées dans d'autres sites du pays.» L'activité des deux clubs se poursuit, même en hiver, et les dernières chutes de neige devraient certainement les encourager à faire découvrir à leurs adhérents le charme blanc de Aïn Slamate, à Hbaba, Guendoula à Essebt et Siouane à Ouled-Attia. K. O. À pied ou à vélo : Le sport pour valoriser les sites historiques fondée par un groupe de jeunes avides d'explorations touristiques en montagne et sur la corniche, l'association Assafir de Jijel a organisé de nombreuses randonnées pédestres sur des itinéraires explorés dans la bonhomie et la convivialité. Des célèbres sentiers de Chrea, sur les hauteurs de Ziama Mansouriah, au sommet d'Aziar, à El Ancer, en passant par Ouled Askeur et en faisant un détour par Erraguene, de nombreux adeptes des randonnées pédestres ont appris à explorer la Montagne sous l'égide de cette association. «Nous sommes les pionniers dans ce domaine», aime à répéter le président de ce groupe associatif. Depuis 2012, de nombreuses randonnées ont, en effet, été organisées, d'un sommet à l'autre. «Nous avons même brisé l'isolement de nombreuses localités montagneuses, grâce à ces randonnées nous avons été en contact avec des populations enclavées, l'amélioration des conditions sécuritaires et l'apport précieux des services de sécurité nous ont permis d'organiser des randonnées en direction de ces régions encore impénétrables il y a quelques années», poursuit notre interlocuteur. Pour ce bénévole dans l'organisation des sorties en montagne, la marche est non seulement un moyen de développer son activité physique, mais aussi une opportunité pour explorer la montagne et faire connaître les sites montagneux les plus captivants. «Nous avons fait de nombreux déplacements à pied, avec de nombreux randonneurs, nous comptons maintenant passer à d'autres régions que nous n'avons pas pu atteindre encore, je pense surtout aux hauteurs montagneuses d'El Milia, à Mechat, Beni Ferguene et Oued Z' hor, qui restent pour nous des localités à découvrir par le moyen de ce sport qui est la marche», soutient-il encore. Les randonnées à vélo en montagne ou sur la corniche ont également fait partie des circuits sportifs qu'organise cette association qui fait de l'activité sportive un moyen de valoriser les sites touristiques. Dans son programme, elle compte retenir d'autres circuits dès l'amélioration des conditions météorologiques. Revaloriser le tourisme local tout en s'adonnant à la pratique sportive en montagne est l'objectif de ces randonnées d'exploration touristiques. Si cette association est passée maître dans ce domaine, d'autres clubs ont également vu le jour à Jijel pour organiser des randonnées du même type. Leur objectif est le même, à savoir donner au sport de la marche une dimension d'exploration touristique. C'est à ce titre que des sorties en groupes de randonneurs ont été organisées en direction des sites les plus connus, à Aïn Lemchaki, Tamezguida, sur les monts de Beni Foughal et ailleurs dans de nombreuses localités sur les sommets montagneux de Jijel. Amor Z. Entre escalalde et bivouac : Les adeptes de la marche active Vendredi, le club Ezzahra a posé ses bagages dans le massif de Collo. Un sentier connu, dompté par la volonté de ces randonneurs, jeunes et moins jeunes, qui ont privilégié le plein air aux salles de sport. Plusieurs heures de marche pour rallier les chutes d'Afensou. Un endroit magnifique, connu par les initiés, loin du tourisme de masse. Un exercice d'endurance, un test pour la condition physique, comme il y en a tant inscrits sur l'agenda du club, qui est affilié à la Ligue des sports de proximité. « Nous sommes attachés à la ligue des sports de proximité et notre ambition est de promouvoir la randonnée en tant qu'activité sportive», soutient Djamel Benelmadani, reconduit à la tête du club qui existe depuis 2014. Ses membres, à la tête de l'association de quartier Ezzahra El Beïda, dans la nouvelle ville Ali Mendjeli de Constantine, ont fait de la randonnée leur credo. L'idée de fonder ce club a émergé en raison du manque flagrant de créneaux d'activités de plein air. Aujourd'hui, l'appellation du club, Ezzahra, de randonnée pédestre, a changé, c'est désormais Ezzahra hiking. Mais qu'importe le nom, le principe d'une telle démarche est toujours respecté. Les rangs du club grossissent au fil des années. Des actifs, autant que les sans-emploi sont «enrôlés» dans cette belle aventure qui associe sport et loisirs. Réussir le pari de fédérer des personnes de divers horizons autour d'une activité récréative, saine et tonique implique indubitablement une force de conviction et de persévérance. C'est ce à quoi s'attelle le président et les membres de son association. «On décide du choix du site après s'être informés sur le Net et auprès de connaisseurs, amateurs et professionnels, ainsi que des autorités, car il y a des aspects à prendre en compte, dont celui de la sécurité en particulier», affirme notre interlocuteur. Une fois l'ensemble des démarches effectuées, le groupe de randonneurs peut entamer son périple sur au moins une dizaine de kilomètres. Aventuriers, mais pas téméraires, ces adeptes de la marche active se sont déjà attaqués aux circuits de la forêt de Chettaba (Aïn Smara-Constantine), Mont Sidi Driss (Beni H'midène-Constantine) et le cap de Bounaâdja (Grarem Gouga-Mila). Une entreprise riche en découvertes et en contacts avec les populations de la montagne. A leur actif, l'escalade du lac Goulmine (Tikjda), le plus élevé d'Afrique, qui culmine à 1864 m. Pour y accéder, il faut franchir deux des plus prestigieux cols de haute montagne du massif du Djurdjura. Ils ont aussi pris part à une compétition nationale qui a eu lieu à Tizi Ouzou en 2016, un circuit de 30 km avec bivouac. Récemment, le club a organisé des randonnées aux alentours de Oued Boukerker, dans la région de Souadek, lieu de la bataille où tomba au Champ d'honneur le martyr Didouche Mourad. Naïma Djekhar
