Le nouveau cahier des charges des autoécoles, fixant les conditions d'organisation et de contrôle des établissements d'enseignement de la conduite automobile, ne semble pas du tout du goût des professionnels. Au moment où certains estiment qu'il s'agit de «rectifications», d'autres l'ont carrément qualifié de «bricolage». La limitation de l'âge des véhicules en exploitation pour cette activité est la raison principale de ce «rejet». Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Publié dans le Journal officiel numéro 4, un arrêté ministériel modifiant et complétant les dispositions du cahier des charges des autoécoles fixant les conditions d'organisation et de contrôle des établissements d'enseignement de la conduite automobile a limité le champ d'action des autoécoles. Ce nouveau cahier des charges stipule que l'âge d'accès pour la première fois en exploitation est de moins de dix ans pour les véhicules dont le poids total autorisé en charge n'excède pas 3500 kilogrammes, de quinze ans pour les véhicules de transport en commun de personnes et de transport de marchandises et de dix ans pour les remorques et les semi-remorques. Selon l'arrêté, ces véhicules en exploitation doivent être retirés de l'activité d'enseignement de la conduite automobile lorsqu'ils atteignent l'âge de huit ans pour les motocyclettes, de quinze ans pour les véhicules dont le poids total autorisé en charge n'excède pas 3 500 kilogrammes, de vingt-cinq ans pour les véhicules de transport en commun de personnes et de transport de marchandises, et de trente ans pour les remorques et les semi-remorques. Les propriétaires des autoécoles ont ainsi un délai de trente-six mois pour répondre aux nouvelles dispositions. Les modifications de ce cahier des charges ont d'ailleurs soulevé un tollé chez les professionnels. Le président de la Fédération nationale des autoécoles (FNAE), Bachir Laribi, n'a pas hésité à qualifier ces nouvelles dispositions de «bricolage». «Pour moi, ce n'est pas un cahier des charges qui définit une fois pour toutes les devoirs et obligations de chaque partie. Les autoécoles aspirent à un cahier des charges complet qui évoque toutes les procédures, notamment le dossier des candidats, le prix du permis de conduire, les examens, les examinateurs, les circuits d'examen... Cela nous évitera de revenir à chaque fois pour corriger les imperfections et les insuffisances enregistrées dans le précédent cahier des charges», dit-il. Il rappelle que l'ancien cahier des charges publié en mars 2019, qui avait limité l'âge des véhicules destinés à l'enseignement de la conduite automobile, a fini par être gelé en août de la même année. Pour lui, c'est au contrôle technique de décider si le véhicule répond aux normes et peut être utilisé par les candidats soumis aux cours de conduite et à l'examen du permis de conduire. D'autant, poursuit-il, que «les véhicules sont inaccessibles. Un bus ou un camion sont aujourd'hui à pas moins de 500 millions de centimes sur le marché». Quant à la tarification, Bachir Laribi affirme que bien qu'elle soit fixée à 34 000 dinars par le ministère des Transports, aucun mécanisme n'a été mis en place pour son application. «Aujourd'hui, nous sommes soumis à la règle de l'offre et la demande face à une concurrence déloyale», fait-il remarquer. De son côté, le président de l'Organisation nationale des autoécoles (ONAE), Brahim Yakoubi, estime que ces nouvelles dispositions ont juste apporté des «rectifications» à l'ancien cahier des charges. «Il y a juste l'âge d'accès pour la première fois en exploitation des véhicules autoécoles qui est passé de cinq ans dans le cahier des charges de 2019 à dix ans dans ce nouveau cahier des charges», précise-t-il. Selon lui, certains véhicules ayant dépassé ces dates limites restent en «bon état» et dont la conformité doit être validée par un scanner. En l'absence de production nationale de véhicules, il souligne la difficulté de procéder au renouvellement des véhicules de ces établissements. Il suggère à cet effet d'accorder aux autoécoles des «facilités» pour acquérir les véhicules nécessaires pour leur activité. «Nous proposons à ce que les autoécoles puissent avoir une dérogation d'importation de véhicules de moins de trois ans, ou bien accéder à des conventions avec les entreprises de production de véhicules.» Brahim Yakoubi déplore, par ailleurs, que les tarifs du permis de conduire restent toujours non appliqués dans les autoécoles. «Certaines autoécoles ne respectent pas le nombre d'heures nécessaires pour cette formation, dont 25 heures pour le code de la route et 30 heures pour la conduite, et baissent donc leurs prix», explique-t-il. Il plaide ainsi pour l'obligation d'afficher le prix dans tous les établissements de l'enseignement de la conduite automobile, mais aussi pour leur contrôle par l'inspection des prix. Ry. N.