La DG de la communication à la Présidence de la République présente ses condoléances suite au décès du moudjahid et technicien à la télévision algérienne, Ahmed Bouhired    Confiance totale en nos capacités et en nos ressources    Les raisons de l'écart du cours du dinar algérien entre le marché officiel et celui du marché parallèle : quelles solutions ?    Comment faire face à la concurrence étrangère ?    La feuille d'autoroute de deux SS (Semmar et Sifaoui) du système sioniste    Téhéran suspend la coopération avec l'AIEA    L'USMA fête le 5 Juillet comme il se doit face au CRB    Le HBC El-Biar s'illustre dans cinq catégories    Arrestation de plusieurs individus lors des vastes opérations de contrôle    Ballalou préside la cérémonie de sortie d'étudiants    Inauguration et lancement de nombreux projets à l'Est du pays    L'unique solution au conflit au Sahara occidental demeure l'organisation d'un référendum d'autodétermination    Les missions diplomatiques et consulaires algériennes célèbrent le 63e anniversaire de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse    Le Sommet national de la jeunesse, une occasion pour sensibiliser à l'importance de la citoyenneté active    Nouveaux projets de développement à l'occasion du 63e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale    Le Maroc joue la carte des investissements au Sahara occidental pour contourner le droit des Sahraouis à l'autodétermination    Athlétisme / Ligue de Diamant 2025 - Etape de Monaco : les Algériens Sedjati et Moula engagés sur 800m    Banques : la BNA inaugure son nouveau siège à Bab Ezzouar    Athlétisme / Meeting National Est Lyonnais : les Algériens Harek et Ouanis en Or    Chargé par le président de la République, M. Attaf à Singapour pour une visite officielle    Djanet: "S'beiba", un rite pérenne, festif et d'attachement au patrimoine    Transport: Sogral lance une application de réservation de taxis agréés    Assurances : le chiffre d'affaires progresse de plus de 13% au 1er trimestre    Festival national de poésie de la jeunesse à Mostaganem: des poètes de Setif, M'Sila et Tizi Ouzou récompensés    Ghardaia: "Ibaoune", un plat traditionnel pour célébrer Achoura    Tébessa : remise des clés de plus de 4.700 logements et d'aides à l'habitat rural    Palestine: des dizaines de colons sionistes prennent d'assaut l'esplanade d'Al-Aqsa    Electricité: mise en service de plusieurs nouvelles installations à Alger pour renforcer le réseau de distribution    Djanet : les mécanismes de préservation de la poésie "S'beiba", thème d'une rencontre académique    Foot / Coupe d'Algérie 2025 - Finale USM Alger - CR Belouizdad (2-0) : La Fiche technique    Zouhir Ballalou se félicite des résultats d'une étude ciblée    Des pluies orageuses attendues mercredi sur des wilayas de l'Est    Ça démarre ce 5 juillet, les Algériennes face aux Nigérianes !    Ooredoo mobilise ses employés pour une opération de don de sang    A peine installée, la commission d'enquête à pied d'œuvre    «L'Algérie, forte de ses institutions et de son peuple, ne se laissera pas intimider !»    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tu es un mauvais Algérien, va !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 01 - 2021

Visiblement, une guerre n'est jamais vraiment finie... Même quand on le croit, elle se poursuit, en fait, par d'autres moyens, tendant d'autres pièges, faisant d'autres victimes. Et les prolongations occasionnent autant de dégâts que la version live.
En guerre, alors ? Non. Mais, voilà... Elle se voulait pourtant équilibrée – et, en tout cas, sereine - cette chronique de la semaine dernière portant sur ce qu'on appelle le rapport Stora. On le croyait, du moins !
Eh bien, c'est raté ! Elle a provoqué un retour de tirs sur plusieurs fronts. En plus de la qualification rédhibitoire de «mauvais Algérien» !
D'abord, est-il opportun de faire cette mise au point ? Le regard critique - critique tranquille et nécessaire ! - sur ce rapport, ne visait en aucune façon son auteur, Benjamin Stora. A posteriori, il paraît utile de le préciser. Il n'est pas difficile de supposer deux choses. La première, c'est que, vu les circonstances politiques et le confinement franco-français de ce document, il ne pouvait que nous désagréer, nous autres Algériens. Ensuite, quelles qu'aient été ses conclusions, il paraît difficile de toutes les façons d'éviter le malaise, compte tenu de la profondeur et de l'acuité du contentieux et de la disparité des intérêts de groupes de mémoires antagoniques.
Fils lui-même de cette déchirure, Benjamin Stora reste sans doute l'un des historiens contemporains ayant le regard le plus apaisé sur l'histoire de la colonisation française en Algérie. Les moins malveillants de ses contempteurs ne remettent nullement en cause sa bonne volonté ni sa maîtrise du sujet, mais lui reprochent d'avoir accepté la commande d'Emmanuel Macron. Leur argument ? Il n'appartient pas à un historien d'élaborer un rapport politique sur l'Histoire.
Il faut reconnaître qu'il est courageux d'avoir accepté une mission, disons-le comme cela, aussi casse-gueule. C'est peut-être une forme de militantisme. En tout cas, nous ne sommes ni de ceux qui lui font grief d'avoir fait le boulot, - tant qu'à être fait, on préfère encore que ce soit par lui - , ni de ceux qui, désapprouvant l'esprit du rapport, en fustigent l'auteur.
Venons-en aux différentes catégories de critiques essuyées.
1. De façon générale, nous avons eu droit à la sagacité offensive des gardiens du temple sacré. Comment peut-on tomber dans le piège de parler d'un passé vaseux et évasif, et donc accepter, du même coup, ce qui est une fumisterie de diversion du présent ? C'est l'Algérie elle-même dans son existence en tant que nation qui est menacée et se concentrer sur autre chose que sur les dangers immédiats qui la guettent, c'est forcément jouer le jeu de ses ennemis. Il faut se parer contre la menace israélo-marocaine sur l'Algérie, de l'islamisme qui mine le pays de l'intérieur, du Hirak qui, en dépit du confinement, continue à être la main de l'étranger. Pas du passé colonial. Pas de ces questions qui nous renvoient in fine à une impasse.
2. D'avoir demandé, par exemple, la repentance - non pas dans sa dimension religieuse, mais simplement symbolique, comme l'Angleterre pour les Mau-Mau du Kenya ou l'Australie pour les Aborigènes – nous a ipso facto valu d'être classés dans le courant décolonial qui ne cherche pas la paix des mémoires mais, au contraire, la continuation de leur fracassement !
Au lieu de refuser la symétrie dans la souffrance entre colonisateurs et colonisés, et de rappeler cette vérité primale (la colonisation est la spoliation de la souveraineté d'un peuple par un Etat) nous aurions dû nous contenter de ces petites choses qui, dans le rapport Stora, rapprocheraient, dans un premier pas qui demandera à être consolidé, les mémoires et les groupes qui les portent.
Oui, bien sûr ! Sauf qu'il faut commencer par le commencement et admettre la nature déstructurante et meurtrière du colonialisme.
Tout est question de temps ? Il a fallu attendre 1999 pour que, dans les documents officiels français, le terme «Opérations de maintien de l'ordre en Afrique du Nord» soit remplacé par «Guerre d'Algérie».
Il n'y a rien qui compromette une proximité des mémoires dans la demande lucide de qualifier d'abord la nature de l'occupation française de l'Algérie. Tout au contraire !
3. Des amis - algériens - qui ne sont pas dupes de ce que le pouvoir algérien, autant que le pouvoir français, utilise la question sensible du colonialisme pour sortir de mauvais pas internes, nous mettent en garde, à l'inverse, d'être de ceux qui demandent la repentance, exactement comme «ces caciques du FLN qui, au pouvoir, exigent de l'ancien colonisateur des excuses quand il faut orienter le regard sur des choses internes et, une fois balayés du pouvoir, courent couler une retraite en France».
Cette repentance-là est, en effet, un fonds de commerce. Il y a des formes plus nobles et désintéressées, celles qui consistent à reconnaître les crimes commis par le colonialisme !
4. Il y en a aussi qui ne comprennent pas qu'on se mêle du débat franco-français, négligeant celui que nous devons avoir nous-mêmes entre nous. Ils disent que les mémoires n'ont pas besoin de se faire écho, et ce qui nous intéresse, nous, c'est le récit national que nous devons construire sur notre propre histoire. Ni repentance, ni excuses, ni rien du tout : juste permettre à nos historiens de travailler correctement et abandonner la vision idéologique de l'Histoire qui sert à gouverner en promouvant rétroactivement les gouvernants du moment.
Ces amis-là nous exhortent à nous occuper de ce qui nous regarde.
5. Il y en a, enfin, qui insistent sur leur désintérêt total pour ce qu'ils considèrent comme un troc loufoque : une statue de l'Emir Abdelkader contre la liberté de circuler en Algérie pour les harkis !
Comme pour confirmer l'inconfort provoqué par ce rapport, des enfants de harkis ont publié une tribune dans laquelle ils s'opposent à la panthéisation de l'avocate du FLN Gisèle Halimi, en application d'une des recommandations du rapport Stora, et trouvent que les harkis ont la portion congrue dans cette mémoire.
Un lecteur nous traite carrément de «mauvais Algérien», ne précisant pas ce qu'est un bon Algérien. Ah ces délivreurs de certification patriotique !
A.M.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.