Installés depuis quelques jours seulement, les membres du comité directoire chargé de la gestion temporaire des œuvres universitaires étaient réunis hier en présence des directeurs des œuvres universitaires. Objectif : arrêter les mesures les plus urgentes afin d'améliorer les conditions d'hébergement, de restauration et de transport des étudiants. Un véritable casse-tête chinois. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La réforme des œuvres universitaires était jugée nécessaire avant de revêtir le caractère d'urgence en raison d'une grogne difficilement contenue au sein de la famille estudiantine. Le décès de la jeune étudiante dans sa chambre de la cité universitaire de Ouled-Fayet a mis la tutelle face à l'obligation d'accélérer le processus. Dans l'urgence, c'est le directeur général des œuvres universitaires qui avait été démis de ses fonctions pour voir la gestion temporaire des œuvres universitaires confiée à un comité directoire. Ce dernier tenait hier une réunion au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur afin de fixer les priorités. Un état des lieux des différentes résidences universitaires a été dressé à l'occasion et les nombreuses lacunes à rattraper ont été mises en évidence. Composé de quatre membres, dont deux représentants de la tutelle et deux autres de l'Office national des œuvres universitaires (Onou), le comité a été instruit par le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur de procéder «dans l'immédiat à une évaluation de la situation» et de faire preuve de «rigueur dans la gestion des œuvres universitaires en cette conjoncture sensible et exceptionnelle». Pour mener à bien sa mission, le comité a été chargé d'établir «une feuille de route consistant à prendre des mesures rigoureuses en matière d'amélioration de la prise en charge des étudiants dans les résidences universitaires, notamment le chauffage et la restauration et surtout veiller à la sécurité des lieux». La réunion d'hier visait justement à établir des priorités car en matière de réforme des œuvres universitaires, la liste des actions à mener est longue. Le décès de la jeune étudiante n'a fait que remettre en lumière des réalités connues de tous sur les conditions dans lesquelles sont hébergés les étudiants. L'Onou, qui en est responsable, assure la restauration de plus d'un million d'étudiants, alors que plus de 900 000 sont transportés et que près de 400 000 sont hébergés en cités universitaires. La gestion des œuvres sociales mobilise pas moins d'un tiers du budget du secteur avec les performances que tout le monde s'accorde à qualifier de médiocres. Avant même la tragédie qui avait mis en émoi l'opinion publique, le ministère de tutelle était déjà engagé dans un processus de réformes qui devra se faire sur plusieurs phases. Dans l'immédiat, le ministre de l'Enseignement supérieur préconise d'«investir dans l'existant» en améliorant la gouvernance qui fait, dit-il, souvent plus défaut que les moyens financiers. A moyen terme, il sera envisagé une «réforme profonde» et «sans exclusive» mais surtout «sans tabous». La question du coût des repas, de ce que coûte l'hébergement d'un étudiant sera au cœur de cette réflexion. Des voix s'élèvent déjà pour proposer que la bourse de l'étudiant soit plus conséquente et que l'Etat se désengage peu à peu des œuvres universitaires. Une option que les pouvoirs publics sont peu enclins à privilégier, lui préférant d'autres pistes de réflexion qui continueront d'être débattues avant que ne soit définitivement tranchée la question de la gestion d'un secteur budgétivore. N. I.