Venus jeudi dernier expliquer aux militants de la fédération de Tizi-Ouzou les objectifs de leur rencontre d'il y a une quinzaine de jours avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchich, et le coordinateur de l'instance présidentielle, Hakim Belacel, ont eu droit à un accueil des plus houleux et agité de la part de nombreux militants, visiblement très remontés et toujours en colère contre une direction qui, à leurs yeux, s'est compromise avec le pouvoir en tournant le dos à la révolution du peuple. De fait, la grande salle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, où s'est tenue la rencontre en présence de quatre membres de l'instance présidentielle, ainsi que d'un responsable fédéral, a pris l'allure d'une véritable foire d'empoigne où opposants et partisans de la direction se sont affrontés. Quelques-uns à coups de poing. À plusieurs reprises, on a frôlé la rixe générale. Sitôt l'audition de l'hymne national achevée, des cris et des slogans hostiles aux représentants de la direction nationale alignés sur la tribune se firent entendre. «Dégage ! Dégage !» et d'autres quolibets montèrent de nombreux endroits de la salle livrée à une agitation indescriptible. Des affichettes fustigeant la visite des deux responsables du parti au Palais d'El-Mouradia ont été brandies. «Le FFS dans la rue et non au dialogue !» a-t-on pu lire. Youcef Aouchiche et Hakim Belahcel cristallisent visiblement la colère des protestataires. Leur visite au Palais d'El-Mouradia leur a valu d'être taxés de «mercenaires et de missionnés contre la révolution populaire ». Le président de la CAF, qui a lancé des appels au calme, en invitant les militants en colère à exposer leur point de vue et à dialoguer avec les membres de la direction dans la sérénité, peinait à se faire entendre. Il en fut de même pour le coordinateur de l'IP, H. Bellacel, qui a réussi, non sans difficulté, en raison des cris de colère qui fusaient de la salle, à lire sa déclaration dans laquelle il expliquera les raisons qui l'ont motivé, lui et le premier secrétaire national du parti, à répondre favorablement à l'invitation de Abdelmadjid Tebboune. «Nous sommes partis au dialogue, nous avons posé nos exigences et défendu la feuille de route du FFS», justifiera-t-il. L'intervention de Brahim Meziani, membre de l'IP, mettra le feu aux poudres. « Que ceux qui ne sont pas d'accord avec l'initiative de la direction quittent la salle !» a-t-il lancé. Il n'en fallait pas plus pour exacerber la colère déjà à son comble des protestataires. Plusieurs d'entre eux monteront sur la scène transformée désormais en une véritable arène, gagnée par une grande mêlée provoquée par les bousculades et les empoignades entre les militants en colère et ceux qui étaient favorables à la direction. Après avoir exfiltré Brahim Meziani de la scène, les organisateurs ont réussi à réinstaurer un calme relatif dans la salle. Celle-ci s'enflammera de nouveau lorsque Youcef Aouchiche prendra la parole. Le premier secrétaire national du FFS dut crier très fort au micro pour se faire entendre. Il se lancera dans une intervention où il a tenté de convaincre de la justesse de l'initiative qu'il a pilotée avec le coordinateur de l'IP. «Notre démarche est claire et transparente, clamera Aouchiche qui veut, visiblement, prendre date en affirmant que leur initiative est juste et que le temps finira par leur donner raison. Il ne manquera pas, au bout de son laborieux laïus, de fustiger des individus à l'intérieur du parti qui, selon lui, sont à la manœuvre pour la déstabilisation du FFS et de sa direction, et qu'il désigne par «ceux qui sont mus par leurs intérêts et qui ont rencontré des ministres pour négocier des postes». Profitant du retour au calme, les organisateurs ont ouvert le micro aux militants pour un débat avec les membres de la direction. Des questions politiques et organiques ont été évoquées, notamment la préparation du prochain congrès ordinaire qui, ont insisté plusieurs intervenants, «doit être rassembleur et ouvert à toute la famille du FFS». S. A. M.