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La société malade de ses violences accrues et banalisées !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 05 - 2021

C'est dans l'ordre du vivant : les sociétés produisent de la violence dans le temps et dans l'espace. La question n'est donc pas de savoir pourquoi les humains sont violents, même si tous ne le deviennent pas, mais pourquoi des individus et des sociétés peuvent être plus violents que d'autres, et surtout qu'elles génèrent un surcroît de violences. C'est le cas de l'Algérie où, après les années noires du terrorisme à grande échelle, le pays a sombré dans une violence polymorphe et en forte croissance. Violences sociales, économiques, ethniques. Terrorisme résiduel et diffus. Délinquance petite et grande. Violences urbaines et sur les routes. Pédophilie accrue, violences contre les femmes, violences sur les personnes. Autant de symptômes d'une société crisogène et davantage conflictuelle.
Pour se convaincre encore de la dimension du phénomène, il suffit de se reporter aux faits divers scabreux de la presse, aux constats personnels et aux témoignages récurrents. Outre les statistiques de la police, la constatation empirique est édifiante ! Naturellement, la violence n'est pas inscrite dans l'ADN, mais s'acquiert, se développe et s'exprime à travers des pulsions stimulées par des facteurs variés. L'on peut parler aussi d'une certaine «culture» de la violence dans une société pas encore assez démocratique, pas encore suffisamment imprégnée de la culture du droit, pour arbitrer pacifiquement ses conflits individuels ou de groupes.
Il n'y a pas de violence atavique, mais plutôt un imaginaire de guerres subies à travers le temps. Une croyance collective dans la force comme moyen privilégié de règlement des différends personnels et des contradictions sociales. De plus, il y a dans le vécu historique violent des Algériens suffisamment de périodes effroyables dans lesquelles on trouverait une préhistoire des violences d'aujourd'hui. Et même dans certaines ères de paix relative, le pays a toujours disposé d'une «noblesse» de l'épée et du fusil, celles que Mostafa Lacheraf qualifie de «féodalités mercenaires et dynastiques» qui assoyaient leur pouvoir sur la violence. Il y a de même un imaginaire islamique, islamiste par extension, qui, depuis la mort du Prophète, alimente «l'ardente aspiration à la Cité Vertueuse», selon la belle formule de Mohamed Arkoun. Inclination sans cesse amplifiée, portée dans les temps modernes par les différentes formes du salafisme belliqueux.
Bien d'autres facteurs sont à rechercher dans l'historicité de la société, dans l'anthropologie politique, la sociologie, le rapport de l'Islam à l'Etat et de l'Etat à la religion. De même, dans l'histoire de la création et du règne d'Etats et de féodalités structurées. Et bien sûr, au bout du processus accumulatif, dans l'histoire des colonisations et de la dernière guerre d'indépendance. Des paramètres nécessaires pour expliquer les ressorts de la violence autrement que par les seuls paramètres de la sociologie, la psychologie et les inégalités économiques. Il n'y a pas un facteur détaché des autres qui surdéterminerait les comportements des producteurs de violences, à un moment ou à un autre.
S'ajoutent, depuis l'indépendance, l'héritage de la violence coloniale, les violences sociales découlant du creusement des inégalités économiques propres à la redistribution inéquitable de la rente pétrolière. De même que l'échec de l'expérience de développement, accentué par un libéralisme mal pensé et mal régulé, et par la prédation et la déprédation de l'argent public durant l'ère antipatriotique et chaotique des Bouteflika. D'autre part, le nihilisme barbare des groupes terroristes a creusé encore plus le lit de l'oued de la violence depuis les années 1990. À la violence désormais résiduelle des groupes terroristes, fait écho une violence d'essence mafieuse. Et, dans le quotidien, une violence devenue ordinaire et propre aux interactions des rapports sociaux.
Les chiffres officiels de la pulsion de morts sont effarants : l'actuel directeur de la police judiciaire a indiqué en effet que le nombre de crimes divers recensés était de l'ordre de 258 171 affaires en 2020 : en nette hausse par rapport à 2019. En cause, les délits contre les individus et les biens, les crimes économiques, familiaux, cybernétiques, de drogues et de mœurs. Sans oublier les atteintes aux personnes et aux systèmes informatiques, l'escroquerie, le cyberterrorisme et la pédopornographie, la violence contre les femmes, la violence physique et la maltraitance. 258 171 crimes/an, soit 707/jour et 29/heure, à l'échelle du territoire national, avec d'évidentes disparités régionales !
Et si la police ne précise pas le mode opératoire des criminels, la presse livre en revanche des détails sur une tendance en vogue chez les Jacques l'Eventreur locaux : l'égorgement et la décapitation, parfois un effort d'équarrissage chez ces Landru qui utilisent couteaux de différentes sortes, mais aussi haches, hachettes et machettes.
La banalisation de la violence a même mobilisé les imams. Nombre de leurs sermons ont été dédiés à l'extension de l'aire et du nombre de crimes de sang, notamment par égorgement et décollation. Mais l'émotion fut telle que ces prêcheurs ont préconisé l'application stricte du «qassas» coranique, à savoir la loi du talion. Cet appel à son usage est justifié selon eux par l'impuissance présumée de l'Etat à combattre le crime, et surtout à son absence de réaction supposée face à la multiplication des actes macabres de terroristes ordinaires !
Ceci dit, l'appel à la vengeance et sa justification religieuse sont absolument périlleux ! Dans le sens où ils constituent une porte ouverte sur le pire : favoriser un autre cycle de violence rythmé par le diptyque infernal : vengeance-contre-vengeance. À interpréter aussi comme le signe ostentatoire d'une plus grande perte de confiance en la capacité de l'Etat à appliquer la loi et rendre équitablement la justice. Le comprendre ainsi comme symptôme d'une inquiétante anomie sociale, synonyme d'une installation dans les esprits de la culture de la loi de la jungle.
Les pulsions de violence semblent résulter d'un trop plein d'énergies rendues libres par ce que Bruno Etienne appelle la rupture des «capacités contenantes de représentation». C'est-à-dire quand il n'y a plus de modèle politique dynamique, d'espoir et d'utopie, en clair, lorsque les représentations du possible s'arrêtent, on explose ! Et on éclate d'autant plus lorsque l'école, la famille et la mosquée sont défaillants dans une société ultra-consumériste. Soumise en même temps à la banalisation de la violence par des médias médiocres et irresponsables notamment sur internet. Cette sphère du pire qui suscite régulièrement des vocations criminelles, surtout des amants de l'apocalypse terroriste metteurs en scène de l'égorgement et de la décapitation.
N. K.


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