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En parler, n'est presque plus tabou
Le Cycle menstruel
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 05 - 2021

C'est le sujet le plus tabou et le plus connu dans la vie d'une femme. Il s'agit des menstrues. Un phénomène naturel qui suscite dégoût, questionnements, non-dits, mal-être, ... dans les sociétés du monde entier, ce cycle naturel provoque les mêmes réactions. En Algérie, contrairement à beaucoup d'autres sociétés, des pas considérables quant à l'acceptation de ce phénomène ont été faits.
C'est avec des mots simples et des phrases pas très scientifiques que les parents expliquent à leur fille qu'elle passe à l'âge «adulte». Des phrases qui permettent de se sentir en sécurité et éloigner toute frustration vécue par nos grands-parents. Des phrases telles que : «ce sang n'est pas sale», «c'est une réaction naturelle de ton corps», «il faut juste que tu te protèges pour éviter de salir tes sous-vêtements, il existe plusieurs moyens» ou encore «ce moment va durer quatre ou cinq jours, tu vas avoir un peu mal au ventre».
«J'ai préparé ma fille à ce passage dès l'âge de dix ans. Mon mari a aussi voulu comprendre ce phénomène et savoir ce qu'il devrait dire dans le cas où je serai en mission. J'ai beaucoup apprécié sa réaction. Il est monté dans mon estime car j'aurais voulu que mes parents m'accompagnent et m'expliquent ce qui m'arrivait.
À part les quelques lignes que j'avais apprises dans le cours de sciences islamiques et des conversations entre copines, je ne savais pas du tout ce que voulait dire les taches de sang que j'avais trouvées dans ma culotte. Ma mère s'est contentée de dire de mettre une sorte de chiffons cousus et que je devais laver.
Et surtout de faire attention au matelas. Ainsi, mon passage à l'âge adulte, en plus de ne pouvoir dire que j'étais malade ou que j'avais mal au ventre, il fallait que je dorme mal pour ne pas souiller le matelas. Tout ce que j'ai vécu, je ne voulais pas que mes filles le vivent», confie Nawel, cadre supérieur dans une entreprise et maman de deux jeunes filles.
Soulaf a eu un passage plus traditionnel : «Ma mère est le genre très moderne et très pratique. Dès que j'ai eu 11 ans, elle a commencé à m'expliquer ce que j'allais vivre. Sa hantise était que j'aie mes règles alors que je suis au collège et que je ne sache pas quoi faire. Alors, comme elle ne travaillait pas et que mon père avait un salaire moyen, elle avait économisé un peu d'argent et m'a acheté un paquet de serviettes, chose qui n'était pas très répandue à l'époque.
Comme un trésor, elle l'avait enroulé dans un petit sachet et l'avait caché au fond de mon cartable avec interdiction de l'ouvrir qu'en cas d'être sûre que j'ai mes règles. En fin de compte, ce paquet n'a servi qu'au bout d'une année. Et la première fois que je les ai eues, j'étais en vacances, chez ma grand-mère. Cette dernière avait insisté pour respecter un rituel qui était de me laver le visage avec du lait de vache et m'essuyer avec un foulard de soie rouge pour éviter d'avoir de l'acné. J'ai même eu de l'argent.
Cela m'a permis d'être fière de mon état. J'ai su par la suite que plusieurs de mes amies n'ont pas du tout vécu ce passage comme un pas magique mais plutôt dans la peur et la hantise.»
Soulaf ajoute : «La seule chose que je n'appréciais pas était l'obligation de laver nos serviettes hygiéniques avant de les jeter. Chez mes parents, ma mère cousait des sortes de serviettes hygiéniques avec du tissu absorbant mais nous devions les laver et c'était vraiment fatigant et dégoûtant. Il fallait le faire juste après leur utilisation pour éviter que les taches ne s'incrustent.
Ma tante pour me faire plaisir m'achetait, de temps en temps, un paquet de serviettes. Eh bien, ma grand-mère m'obligeait à les rincer avant de les jeter car elle estimait qu'on pouvait utiliser ce sang pour la sorcellerie ou bien encore que c'était indécent qu'on puisse les voir même dans les poubelles. Malgré tout, je préférais ses serviettes hygiéniques car elles me permettaient de marcher convenablement au lieu de celles de tissue qui me gênaient beaucoup. »
La publicité et les serviettes hygiéniques ont bouleversé un tabou
À partir de la moitié des années 1980, la fabrication des serviettes hygiéniques a commencé à s'industrialiser en Algérie sans que cela soit à la portée de toutes les femmes. À partir du début des années 2000, plus précisément 2001, une entreprise nationale a industrialisé leur confection, au plus grand bonheur des femmes.
Cette entreprise, à travers sa marque très connue, a même cassé un tabou en réalisant plusieurs spots publicitaires et qui étaient diffusés en prime-time. «Je me rappelle qu'il y a eu même des blagues autour de cela. Parce que dans le spot, il était expliqué que ces serviettes avaient des ailes et permettaient de protéger encore plus les vêtements.
Alors l'anecdote racontait qu'une jeune fille voulait se suicider en se jettent d'un balcon mais elle n'a pas pu parce qu'elle avait une serviette avec des ailes. Mine de rien, cela a permis à la gent masculine de mieux comprendre le cycle menstruel et, par là même, casser un tabou», explique Rachid, la quarantaine.
Cependant, une forme d'hypocrisie liée aux règles mensuelles est encore plus visible lors des achats des serviettes hygiéniques. «Nous pouvons trouver beaucoup de marques sur les étals, des petites, des moyennes, des larges, extra-résistantes et pour tous les prix.
Mais lorsque vous donnez les serviettes au vendeur, il entame tout un rituel pour les cacher, les emballe dans un papier journal et double le sachet qui doit être noir. Comme si cet achat est prohibé alors qu'à quelques mètres, elles sont bien exposées.
C'est une des bizarreries de notre société. Nous faisons un pas en avant parce qu'il y a une réponse à un besoin spécifique mais le comportement de la gent masculine est là pour nous rappeler à l'ordre », fait remarquer Souhila, la trentaine.
Et d'ajouter : «Mais je m'estime heureuse de pouvoir l'acheter à un prix raisonnable et ne pas être confrontée à des difficultés comme les femmes en Inde ou en Afrique.
Nous pouvons vaquer à nos occupations normalement sans être dans la gêne.»
Sarah Raymouche


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