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Pourquoi je n'aime pas la méloukhia
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 07 - 2021

Je me suis toujours demandé pourquoi je ne suis jamais arrivé à avaler une bouchée de «méloukhia», cette plante qui évoque pourtant les épinards qui transformaient Popeye en Hercule. J'étais d'autant plus prédestiné à en manger que mon enfance avait été nourrie de ces herbes diverses dont on faisait des plats nourrissants que la famille a fini par interdire(1) au profit de la viande. Il devait donc y avoir une autre raison plus sérieuse qui expliquait, à défaut de la justifier, la répulsion que j'éprouvais devant cette plante qui donnait des mets savoureux selon ses adeptes. J'ai été tenté de crier eurêka, lorsque j'ai reçu la semaine dernière comme un flash aveuglant la soudaine révélation des origines, disons historiques, de cette aversion inexpliquée jusqu'ici. Patience ! Si je vous dis tout d'emblée, vous allez jeter le journal, quitter son site internet, ou vous déconnecter de FB, si vous avez attendu cette chronique sur ma page et je ménage mes effets. Je ne veux pas jouer les cabotins, comme d'aucuns peuvent le penser, mais je veux simplement que votre lecture soit plus complète, et plus enrichissante, en lui restituant d'abord son contexte. Donc, la semaine dernière, lors de ma quête habituelle sur les réseaux, je suis tombé sur un lien conduisant à un entretien avec le très controversé écrivain égyptien Youssef Zeydane.
Les plus assidus de mes lecteurs, ceux qui ne craignent pas de perdre leur temps en lisant ma chronique hebdomadaire, connaissent ce romancier dont j'ai déjà dit pis que pendre, naguère.(2) L'entretien mené par un célèbre journaliste de la télévision portait sur le dernier roman que l'écrivain a consacré au khalife fatimide, Al-Hakem bi Amrillah (985-1021), sixième de la lignée. De son vrai nom, Al-Mansour Ben Al-Aziz Billah et de culte chiite ismaélien, Al-Hakem était un monarque absolu, en dépit du titre de khalife, qui dissimule le monarque de droit divin. Car, c'est l'autre paradoxe que nous ont transmis les anciens, en plus de celui d'usurper le titre de khalife, c'est que plus on invoque Dieu urbi et orbi, plus on s'éloigne de ses lois. Le roman de Youssef Zeydane est un roman historique dont les personnages sont du XIe siècle, mais celui qui nous les fait découvrir et revivre est un jeune étudiant prénommé Radhi. C'est ainsi que l'auteur nous invite à suivre deux itinéraires séparés par dix siècles de distance historique, mais qui ne sont pas si différents qu'on peut le croire, surtout au chapitre de la foi. Inscrit en magister à l'université du Caire, comme tout jeune diplômé de Haute Egypte, poussé à l'exil par des problèmes familiaux et l'ambition de réussir, y trouve son sujet et l'amour.
Il s'agit d'Oumnia, inscrite en magister comme lui, qui fait découvrir à Radhi d'autres courants de pensée que sa soumission à la tradition religieuse(3) lui interdit d'évoquer même quand il est seul. Premier choc pour Radhi, le soumis, alors qu'il pensait qu'Oumnia était chrétienne parce qu'elle n'est pas voilée, elle lui dit qu'elle n'est ni musulmane, ni chrétienne, lorsqu'il pose la question. Lui qui pensait, comme on le lui a appris, que l'Islam était la quintessence des religions, l'entend lui asséner d'autres vérités : ainsi les zoroastriens n'adorent pas le feu, comme il le croit, mais ils le sacralisent. Une façon de le renvoyer à ses chères études, mais le musulman borné qui est en lui est trop subjugué par la belle pour entrer déjà en conflit avec elle, et il se promet d'y revenir plus tard. En attendant, elle oriente sa recherche vers des sujets d'histoire, et il se souvient opportunément que le vieux coffre de son père regorge de vieux manuscrits datant de la période fatimide. Encouragé par un vieux professeur, repris de justice au sens noble de l'expression, pour son non-conformisme, Radhi retourne en Haute Egypte, pour exhumer l'histoire de sa famille. Il sait déjà par le nom de sa tribu les «Amr» qu'il est de la lignée du sulfureux conquérant de l'Egypte, Amr Ibn Al'As, ami et conseiller en duplicité du fondateur de la dynastie omeyyade.
Tout commence par la rencontre de l'ancêtre de Radhi avec le premier khalife fatimide, Al-Mu'iz, racontée comme une légende, sur la prospérité des «Amr» sunnites sous une dynastie chiite. Mais venons-en à notre histoire de méloukhia, et à la découverte d'un lien héréditaire possible entre moi et les très pieux khalifes fatimides, dont l'un a interdit la consommation de cette plante. Ce que j'ai appris pour la première fois, et j'en suis désappointé, moi qui suis friand de ce genre de détails de l'Histoire : d'abord, la dernière épouse du Prophète, Aïcha, adorait la méloukhia. Mais Aïcha s'est lancée aussi en politique, et elle a rejoint le camp de Mua'wya dans sa guerre pour le pouvoir avec le khalife Ali, quatrième de la lignée des khalifes bien guidés. Ce faisant, elle a encouru la colère des chiites qui lui vouent une hostilité presque égale à celle qu'ils entretiennent à l'encontre du premier khalife omeyyade. Or, les sunnites qui vivaient encore au Caire du temps d'Al-Hakem ont trouvé une façon originale de manifester leur opposition au régime chiite: manger de la méloukhia de façon ostensible, et même la cuisiner en plein air pour que le fumet offense l'odorat des chiites qui n'en pouvaient plus. Pour éviter d'éventuels affrontements, Al-Hakem décréta purement et simplement l'interdiction de la méloukhia.
Cela dit, Al-Hakem ne s'est pas fait connaître seulement par sa cruauté gratuite et ses excentricités: il a su aussi s'entourer des plus grands penseurs et scientifiques de son temps comme le physicien et astronome Ibn-Al-Haythem, d'où la référence à «La folie d'Ibn Haythem», en couverture du roman. Bien avant Nasser, Al-Hakem a conçu le projet de construction d'un barrage sur le Nil, et il en a confié la réalisation à Ibn-Al-Haythem qui s'est rétracté devant les difficultés, insurmontables pour l'époque, que présentait le projet. Mais c'est une autre histoire sur laquelle il me faudra revenir.
A. H.
(1) En fait, mon oncle et son frère cadet, mon père, avaient connu une telle misère, symbolisée par ce plat d'herbes des champs «Avazine», que l'aîné s'est empressé de le supprimer de notre ordinaire aux premiers signes de recul de la pauvreté.
(2) En 2009, après le match d'Omdourman, et la qualification de l'Algérie à la Coupe du monde 2010, il avait été l'un des principaux animateurs de la campagne anti-algérienne. De colère, j'avais suspendu la lecture de son grand roman.
(3) Autre découverte surprenante : en Haute Egypte, dont les habitants sont généralement très pieux et même un tantinet ultras, les filles n'ont pas le droit d'hériter de la terre, et je ne vous dis que ça.


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