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A FONDS PERDUS
Images d�Epinal
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 03 - 2011


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La rue, les foules, les r�seaux sociaux (Facebook, Youtube, Twitter) et les cha�nes satellitaires monarchiques du Golfe ont ravi la vedette aux acteurs traditionnels de la contestation et du changement. Image d�Epinal ou v�ritable r�volution ?
Les masses arabes � jadis confin�es � des images de barbus en armes drap�s de djellabas �ont, du m�me coup, chang� de visage pour se muer en adeptes des technologies modernes, en virtuoses de la musique rap, tous ras�s de pr�s, en jeunes femmes affranchies et, naturellement, �d�voil�es�. Quelle qu�en soit l�issue, ces images donnent le vertige, tant elles sont inattendues. Images surr�alistes de la victoire politique de monarchies p�troli�res moyen�geuses, redoutables puissances de frappe m�diatiques, sur des r�publiques de pacotille � la t�te desquelles tr�nent � vie, par la force et la fraude, des despotes sanguinaires et pr�dateurs. Le monde arabo-musulman, tel que fa�onn� par l�Occident capitaliste dominant, d�file sous nos yeux comme dans un film de fiction qui, au r�veil, � plus ou moins court terme, ne semble cependant pas augurer une �happy end�. La fiction qui se d�roule, en direct, sous nos yeux a naturellement �clips� les v�ritables acteurs, d�un changement profond et durable, qui n�ont pas attendu janvier 2011 pour se mettre en mouvement, hors des cam�ras de t�l�vision. Aussi bien pour la Tunisie que pour l��gypte, les deux grands vecteurs du changement, il est plus juste de parler de 2008 comme ann�e charni�re dans ce qui d�file aujourd�hui en direct sous nos yeux. En Tunisie, la premi�re et v�ritable ligne de fracture ne vient pas du triangle La Marsa-Sidi Bousa�d-Carthage, mais du bassin minier de Gafsa � ville indomptable, en r�f�rence � de tr�s anciennes traditions de luttes syndicales � qui, des mois durant, en 2008, a courageusement d�fi� le r�gime autoritaire b�nalien. Certains analystes clairvoyants ont tr�s t�t � il y a plus d�un an � d�cel� �la charge politique et contestataire de la r�volte du bassin minier, au point de se demander si elle n�anticipait pas les contours d�un mouvement social, � venir qui, � moyen terme, pourrait �branler les bases du r�gime�(*). Ces lignes ont d�autant plus de valeur qu�elles datent. Les auteurs de la m�me �tude �crivent : �Il est vrai qu�une sociologie �in fine� des �meutiers du bassin minier r�v�le la pr�dominance des membres des classes populaires, des dipl�m�s au ch�mage, des anciens salari�s prol�taris�s, des femmes seules avec enfants (veuves de mineurs), etc. qui contraste point par point avec l�assise sociale des partis et des ONG ayant pignon sur rue. M�me les leaders du mouvement, membres des syndicats de base, appartiennent g�n�ralement � la classe moyenne intellectuelle en voie de paup�risation.� La �victoire symbolique� du bassin minier de Gafsa avait �t� ch�rement pay�e, sur fond de silence m�diatique complice ou, tout au moins, complaisant avec les tyrans tardivement et subitement vou�s aux g�monies : �Trois morts, des dizaines de bless�s, une centaine d�interpellations, une trentaine d�inculp�s et un retour en force de la torture pratiqu�e non seulement dans les commissariats de quartier mais aussi dans les centres p�nitentiaires o� ont �t� d�f�r�s les leaders du mouvement social.� Cinq le�ons politiques sont tir�es de ce conflit social :
1- L�ambivalence de la centrale UGTT et la dissonance syndicale comme vecteur paradoxal de la dynamique protestataire.
2- Une opposition ind�pendante coup�e du mouvement social (le signe de l�impuissance).
3- L�hypoth�se d�un changement venant du �bas�.
4- Le r�le inattendu et renouvel� de l�opposition diasporique (tuniso-fran�aise).
5- La fuite en avant s�curitaire du r�gime (signe de force ou de faiblesse ?).
Est-ce un hasard que, pratiquement au m�me moment, l'arm�e �gyptienne mettait en garde Moubarak contre les centaines de gr�ves que les changements �conomiques d'apr�s 2004 avaient d�clench�es. �Ils soutenaient, notamment, que la gravit� de la question sociale la transformait en question de s�curit� nationale. � L'un des groupes aujourd�hui les plus actifs, les plus m�diatis�s sur Facebook s�appelle �le Mouvement du 6 avril�, du nom d'une gr�ve organis�e par les travailleurs du textile dans le delta du Nil le 6 avril 2008 et qui fut sauvagement �cras�e par le r�gime. �C'est la mont�e puissante de la classe ouvri�re qui s'est approfondie et �largie depuis 2008, que les commandants militaires se sont appliqu�s � d�faire � tout prix. Loin de repr�senter un instrument d�mocratique, l'arm�e est une force consciemment contrer�volutionnaire, d�termin�e � �craser le soul�vement des travailleurs pour d�fendre ses propres int�r�ts tr�s �tendus, ainsi que ceux de ses tr�soriers aux Etats-Unis�, commente un observateur avis� de la sc�ne �gyptienne. Dans une r�cente �tude, James Petras, professeur de sociologie � la Binghamton University de New York, �crit : �Les millions de personnes mobilis�es par les mouvements sociaux en vue de renverser la dictature ont �t� efficacement exclues par la nouvelle junte autoproclam�e �r�volutionnaire� en d�finissant les institutions et mesures politiques, sans parler des r�formes socio�conomiques n�cessaires pour faire face aux besoins �l�mentaires de la population (40% des �gyptiens vivent avec moins de 2 dollars par jour et le ch�mage des jeunes d�passe les 30%). L��gypte � comme c�est �galement le cas des mouvements estudiantins et sociaux populaires contre les dictatures de Cor�e du Sud, de Ta�wan, des Philippines et de l�Indon�sie � d�montre que le manque d�organisation politique nationale permet aux personnalit�s et partis de l��opposition� n�olib�rale et conservatrice de remplacer le r�gime. Ils se sont arrang�s pour instaurer un r�gime �lectoral qui continuera � servir les int�r�ts imp�rialistes et � d�pendre de l�appareil d��tat existant tout en le d�fendant. Dans certains cas, ils remplacent les vieux copains de l�imp�rialisme par de nouvelles t�tes. Ce n�est pas un hasard si les mass media encensent le caract�re �spontan� des luttes (et non les revendications socio�conomiques) et conf�rent un �clairage favorable au r�le de l�arm�e (sans consid�ration pour les 30 ans durant lesquels cette derni�re aura �t� le bastion de la dictature). Les masses sont encens�es pour leur �h�ro�sme�, la jeunesse pour son �id�alisme�, mais on ne les propose jamais comme acteurs politiques centraux dans le nouveau r�gime. Une fois la dictature tomb�e, l�arm�e et les l�galistes de l�opposition ont �c�l�br� le succ�s de la r�volution et se sont empress�s de d�mobiliser et d�manteler le mouvement spontan�, afin de faire place nette pour des n�gociations entre les hommes politiques �lectoralistes lib�raux, Washington et l��lite militaire dirigeante. �(**) Tout indique que l�issue ne sera pas forc�ment celle qu�on escompte que, dans ce sc�nario, le danger n�est pas toujours l� o� il est annonc� : �Dans le cas d�une �r�ussite� et de la mise en place d���lections�, les Fr�res musulmans seront la fraction principale au Parlement. Les �tats-Unis encouragent ce cas de figure et ont, d�ailleurs, qualifi� les Fr�res musulmans de �mod�r�s�. C�est normal puisque les Fr�res musulmans acceptent la soumission � la strat�gie am�ricaine et laissent Isra�l libre de continuer � envahir la Palestine. Les Fr�res musulmans sont �galement en faveur du syst�me de �march� actuel, qui d�pend totalement de l�ext�rieur. En r�alit�, ils sont �galement en faveur de la supr�matie de la classe bourgeoise �compradore� au pouvoir et se sont oppos�s aux gr�ves de la classe ouvri�re et � la lutte des paysans pour pr�server la propri�t� de leurs terres. Le plan des �tats-Unis pour l��gypte est tr�s semblable au mod�le pakistanais : mettre en place un pouvoir qui combine �islam politique� et services de renseignements de l�arm�e�, relevait Samir Amin le 7 f�vrier dernier � Dakar lors du Forum social mondial. Dans ce sc�nario, o� �la forme d�exercice anti-lib�rale, anti-renti�re et anti-autoritaire de la politique d��mancipation reste � construire� � dixit notre ancien ministre de l�Economie, Ghazi Hidouci, l�Alg�rie semble fort heureusement �pargn�e par, tenez-vous bien� la conjoncture p�troli�re. �La question que nous devons nous poser est celle-ci : est-ce que tout cela va se limiter � la Libye ou bien s'�tendre � l'Alg�rie, expliquait mercredi dernier le Pdg de Schlumberger, Andrew Gould, aux investisseurs. La Libye exporte 1,2 million de barils par jour en Europe. Un arr�t serait probl�matique, mais les march�s p�troliers peuvent le g�rer. En revanche, si l'Alg�rie est touch�e aussi, vous vous retrouvez alors avec une capacit� d'exportation de 2,8 millions de barils par jour et cela commence � devenir tr�s s�rieux.�(***) �La r�cr�ation est termin�e�, semblent dire les magnats du p�trole et ma�tres du monde. A moins qu�ils ne d�cident autrement.
A. B.
(*) Larbi Chouikha et Vincent Geisser, Retour sur la r�volte du bassin minier. Les cinq le�ons d�un conflit social, L�ann�e du Maghreb, VI, 2010, Paris, p. 415- 426.
(**) James Petras, �gypte : Les mouvements sociaux, la CIA et le Mossad, 24 f�vrier 2011.
(***) Emmanuel Grasland, Les Echos, 25 f�vrier 2011.


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