La plupart des feuilletons et sketchs alg�riens diffus�s pendant le Ramadan sont m�diocres et manquent de s�rieux. Perdus entre l�imitation d�raisonnable et une r�alit� invent�e de toutes pi�ces et clo�tr�e entre quatre murs d�une maison mauresque, nos r�alisateurs n�ont jamais os� s�attaquer aux vrais probl�mes qui rongent la soci�t� alg�rienne. Id�es d�cousues et impertinentes qui ne proposent pas le d�bat et ne poussent pas � la r�flexion. Un conservatisme aberrant, une religiosit� irr�fl�chie et insens�e, et un dialogue st�rile et creux. Des s�quences misogynes et une morale int�griste y sont v�hicul�es � longueur de journ�e. Le cin�ma alg�rien est mort depuis longtemps. Une trag�die qui pousse des milliers de t�l�spectateurs � s�abreuver ailleurs. �C�est fou ! Depuis quand les femmes peuvent s�installer librement dans une caf�t�ria aupr�s des hommes ? Ce n�est pas possible !� s�insurge le serveur dans un caf� en apercevant un p�re de famille qui est venu s�attabler avec sa femme, ses deux filles et son jeune gar�on. Tout en les toisant avec d�dain, le barman laisse �chapper des commentaires d�sagr�ables et machistes. Le p�re et son fils �coutent sans r�agir, �a ne les concerne pas. La sc�ne de la s�rie Djamai Family dure au moins cinq minutes durant lesquelles le t�l�spectateur a droit � toutes les invectives misogynes. La suite des �v�nements passe sous silence cette action d�plac�e que le r�alisateur met en avant. C�est choquant ! Quel est l�int�r�t de ces images ? Meriem la psychologue, �pouse du taxieur Djamai, est une r�leuse qui s�apitoie sur son sort et insulte son mari sans cesse. Sa fille Sara, m�decin, est comme sa m�re. Rien ne laisse croire que c�est une universitaire instruite. Le p�re en fait autant, c�est une comm�re infatigable. A se demander o� le r�alisateur et toute son �quipe ont �t� chercher ces clich�s et quel message veulent-ils v�hiculer ? Annonc�e en grande pompe dans la presse nationale, la s�rie Oum Hani n�est pas mieux. Un rafistolage audiovisuel. Point de sc�nario. Des dialogues longs, futiles et violents mis en avant sous forme d�insultes. L�interpr�tation est mauvaise, l�amour est assimil� � la convoitise et � l�avarice, la femme ob�issante est la femme fatale et parfaite. Les sc�nes sont des cris, de la gesticulation, des pleurs, des injures et des impolitesses diffus�s en boucle. Aucune hymne � l�amour, au r�ve, � la passion et � la beaut�. La femme est une diablesse, une sorci�re qu�il faut abattre co�te que co�te. Cupide, profiteuse, mat�rialiste est l�image f�tiche reproduite dans la plupart de ces s�ries et feuilletons destin�s au grand public. Ce qui rappelle �trangement certaines chansons ra� qui s�en prennent aux femmes. Les hommes, par contre, ont de meilleurs r�les, g�n�ralement, ce sont des h�ros qui sont souvent victimes de leur gentillesse, de leur candeur et de leur g�n�rosit�. Une vision �triqu�e et r�trograde en d�calage avec la r�alit� (beaucoup de femmes se font draguer et insulter dans les rues sans aucune protection), un travail inesth�tique et des acteurs sans talent. C�est l�image que renvoie la production alg�rienne. Une trag�die car au moment o� tous les pays du monde ont admis l�importance des m�dias et de la profusion de la production cin�matographique de qualit� comme vecteur culturel et politique (Inde, Turquie, Syrie, Iran, Qatar�) et se servent de ces instruments pour �coloniser� d�autres continents, l�Alg�rie se professionnalise dans la transmission m�diocre de son image.