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LE MERCENARIAT EN AFRIQUE : UNE TRISTE R�ALIT�
Qu�en dit le droit international ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 09 - 2011

La presse nationale et �trang�re a beaucoup �crit sur la pr�sence, r�elle ou suppos�e, de mercenaires africains dans les combats arm�s qui se sont d�roul�s et se poursuivent aujourd�hui encore en territoire libyen.
Par Zineddine Sekfali
Du c�t� des insurg�s, qu�ils soient civils ou militaires, on semble cat�gorique : Kadhafi emploie des mercenaires venus du Sahel et cela peut �tre prouv�, puisque certains d�entre eux ont �t� captur�s et auditionn�s. Dans le camp adverse, on est tout aussi cat�gorique : il n�y a pas de mercenaires dans les forces loyales � Kadhafi ; tous les Nig�riens, Maliens, Tchadiens et autres Touareg que l�on voit aux fronti�res sud et sud-ouest de la Libye, ne sont, selon leur version, que de simples travailleurs pacifiques, fuyant la guerre et ses exc�s. Une chose est s�re, le conflit libyen est en voie de solution et la v�rit�, bonne ou mauvaise, finira par se savoir. En attendant, deux choses, essentielles � mon avis, m�ritent d��tre rappel�es � propos du mercenariat en Afrique. La premi�re est que le mercenariat est un fl�au qui a pris l�Afrique comme terre d��lection d�s les premi�res ann�es du d�clenchement du processus de d�colonisation et n�a cess� d�y s�vir. La seconde est que le mercenariat est au regard du droit international une activit� criminelle dont les �l�ments constitutifs sont bien d�finis, et que les Etats doivent r�primer avec la plus grande rigueur. D�o� la division de cet article en deux parties.
Le mercenariat en Afrique : une sanglante histoire
L�Afrique compte � ce jour 54 Etats. Si l�on excepte le Lib�ria dont l�ind�pendance a �t� proclam�e en 1847, c�est la Libye qui a inaugur�, le 24 d�cembre 1951, les ind�pendances des pays africains alors colonis�s par les Europ�ens. Les plus r�centes proclamations d�ind�pendance sont celles de l�Erythr�e (mai 1991) et le Sud-Soudan (09/07/2011), deux cas tr�s particuliers car ces ind�pendances sont intervenues apr�s des guerres de s�cession faites contre l�Ethiopie dans le premier cas et contre le Soudan dans le second. Ces deux s�cessions ont ruin� le sacro-saint principe de �l�intangibilit� des fronti�res h�rit�es du colonialisme �, principe que les P�res fondateurs de l�OUA avaient inscrit dans les documents de cette organisation. Quant � l�Egypte sous protectorat puis sous tutelle de la Grande-Bretagne, elle ne sera �en r�alit� ind�pendante qu�en 1952, apr�s que les officiers libres eurent renvers� la monarchie et proclam� la R�publique. Les pays nouvellement ind�pendants o� les mercenaires ont gravement s�vi sont le Congo (Kinshasa) de 1960 � 1963 et le Nigeria de 1967 � 1970.
- L�ind�pendance du Congo (Kinshasa), ancienne colonie belge, a �t� proclam�e le 30/06/1960. Le g�n�ral Kasavubu en devint pr�sident et Lumumba, Premier ministre. Onze jours plus tard, Mo�se Tshomb� faisait s�cession et proclamait l�ind�pendance du Katanga, province dont le sous-sol contient d�importants gisements de min�raux, de radium, d�uranium et de diamant. Pour l�aider � combattre les forces gouvernementales congolaises, Tshomb� a fait appel � Bob Denard et Roger Faulques, deux anciens d�Indochine, qui lui montent des bandes de mercenaires, appel�s �les Affreux�. Ceux-ci combattront les forces gouvernementales durant presque trois ann�es, Patrice Lumumba sera assassin� en janvier 1961. La s�cession sera certes r�duite, mais le Congo a plong� dans l�instabilit� et va conna�tre de graves troubles. Mobutu qui voulait le pouvoir pour lui seul finit par se d�barrasser de Kasavubu, puis accusera de trahison Tshomb�, qui fuira vers l�Espagne de Franco. En voyage par avion, Tshomb� sera arr�t� � Alger o� son avion a �t� d�tourn� dans des circonstances � ce jour non �lucid�es. Alors qu�il faisait l�objet d�une demande d�extradition formul�e par les autorit�s congolaises, Tshomb� mourra en 1969 d�une crise cardiaque dans une prison d�Alger. Ainsi d�barrass� de tous ses �ventuels concurrents, le g�n�ral Mobutu restera au pouvoir jusqu�en 1997. Mais le Congo est, � ce jour encore, comme englu� dans une zone de fortes turbulences politiques.
- L�ind�pendance du Nigeria a �t� proclam�e le 1er octobre 1960. Mais rapidement, des dissensions sont apparues dans les hautes sph�res civiles et militaires de l�Etat nig�rian � propos de la r�partition des recettes p�troli�res entre les r�gions. A vrai dire, il existait d�j� dans la soci�t� nig�riane de s�rieuses tensions d�origine tribales et religieuses. Mais les personnalit�s originaires de la province du Biafra ne paraissaient invoquer, pour justifier la s�cession du Biafra, que des motifs d�ordre �conomique et financier. Selon elles, le Biafra o� se situent les 2/3 des ressources en hydrocarbures �tait gravement l�s� et ne recevait pas la part de recettes qui lui �tait due. Malgr� quelques tentatives de m�diation initi�es par les Kenyans notamment, le conflit a �clat� au grand jour. En effet, le 30/05/1967, le colonel biafrais Ojukvu proclamait l�ind�pendance du Biafra. Devant la r�action rapide et massive des forces gouvernementales, Ojukvu a fait appel � Bob Denard, et � Roger Faulques qui avaient d�j� �offici�, comme on l�a vu, au Katanga, ainsi qu�� Rolf Steiner, un Franco-Allemand, ancien l�gionnaire et ex-membre de l�OAS dans le secteur Hussein Dey- Hydra� Steiner montera une �L�gion Noire� qui fera subir d�importantes pertes � l�adversaire. La s�cession sera �vit�e, mais la guerre qui a dur� de juillet 1967 � janvier 1970 a caus�, directement ou indirectement, la mort de 2 � 3 millions de Nig�rians. Les chefs mercenaires rentreront chez eux, sans que personne les inqui�te. Bob Denard ira ensuite vendre ses services et son expertise en coups tordus au Y�men ( !), en Angola, au Cabinda (Angola), en Rhod�sie (qui deviendra le Zimbabwe), aux Comores et au B�nin. On verra Rolf Steiner dans le sud du Soudan en 1970, puis en Ouganda. Je citerai deux autres pays africains qui ont eux aussi subi le mercenariat. D�abord, la Sierra Leone, qui fut en guerre civile de 1991 � 2001. Ce pays, r�put� pour ses grands gisements de diamant, �tait parcouru par les milices lib�riennes qui y semaient la terreur, � la joie des diamantaires europ�ens et sud-africains. Ensuite la C�te d�Ivoire o� sont venus d�autres mercenaires en provenance du Lib�ria, que les m�faits du sergent Samuel Doe et de l�aventurier Charles Taylor ont transform� en un v�ritable vivier de tueurs et d�hommes en armes pour soutenir et prot�ger Laurent Gbagbo qui s�agrippait au pouvoir, envers et contre tous. A ce jour, la Sierra Leone et la C�te d�Ivoire ont les plus grandes difficult�s � se stabiliser. De tout ce qui pr�c�de, il r�sulte nettement que l�apparition et le d�veloppement du mercenariat en Afrique sont incontestablement de la faute de certains dirigeants africains ; ils sont les premiers responsables des malheurs de leurs concitoyens. En d�finitive, Paris, Bruxelles, Berlin et Amsterdam n�ont fait que s�inscrire dans les �desiderata� de ces Africains avides et incons�quents ; les �trangers n�ont fait que profiter des aubaines qui leur �taient offertes, et consolider des int�r�ts politiques plus ou moins avouables. Ceux qui persistent � pointer un doigt accusateur vers l�Occident, d�s qu�on parle des mercenaires, participent � l�occultation des vraies responsabilit�s.
Le mercenariat au regard du droit international
La communaut� internationale a assez t�t condamn� et prohib� la pratique du mercenariat. Plusieurs instruments juridiques internationaux ont �t� adopt�s et mis en vigueur. Il s�agit dans l�ordre chronologique de :
- les Conventions de Gen�ve du 18/08/1949 (relatives au sort des bless�s et prisonniers de guerre, � la protection des civils en temps de guerre�) et les protocoles du 08/06/1977 � cette Convention notamment l�article 47 du Protocole 1 qui d�finit le mercenaire ;
- la Convention de l�OUA sur l��limination du mercenariat sign�e � Libreville le 03/07/1977. Elle est en vigueur depuis le 22/04/1989 ; l�Alg�rie l�a ratifi�e en 2007 ; avec plus d�une vingtaine d�autres Etats africains, la Libye, le Niger, le Mali, le Soudan et le Burkina Faso y ont adh�r� ;
- la Convention de l�ONU contre le recrutement, l�utilisation, le financement et l�instruction des mercenaires sign�e � New York le 04/12/1989. Elle est entr�e en vigueur le 20/10/2001 ; le Maroc et la Mauritanie y ont adh�r� ; aux derni�res nouvelles, l�Alg�rie ne l�a pas encore fait. Ce qu�il importe de souligner sans entrer dans les d�tails apr�s ce listing de textes tr�s techniques, complexes dans leur r�daction et d�une lecture r�barbative, ce sont ces quelques donn�es, r�sum�es dans les onze points suivants :
1. l�OUA, ayant assez vite pris la mesure de la gravit� des probl�mes pos�s par le d�veloppement du mercenariat en Afrique, a r�agi en adoptant une convention tr�s ferme, non seulement pour assurer la r�pression des mercenaires, de leurs complices, de leurs instructeurs, de leurs protecteurs ainsi que celle des instigateurs et des pourvoyeurs de fonds du mercenariat, mais aussi pour inciter les Etats membres de l�organisation � prendre les mesures n�cessaires � sa pr�vention ;
2. l�OUA a d�fini le mercenariat, sans complaisance aucune : c�est le fait d�aller massacrer et terroriser chez eux des gens avec lesquels ils n�ont aucun litige personnel ou diff�rend id�ologique, et de le faire � des fins lucratives, pour de l�argent ;
3. l�OUA a qualifi� le mercenariat de �crime�, tandis que les textes onusiens se contentent du terme g�n�rique d�infraction ;
4. l�OUA punit de la peine capitale le crime de mercenariat ;
5. l�OUA exclut express�ment les mercenaires et leurs complices du b�n�fice du statut de prisonniers de guerre ;
6. l�OUA refuse que l�on consid�re le mercenariat autrement que comme un crime de droit commun ; l�usage du qualificatif �politique� � propos de ce crime est non seulement inappropri�, il est aussi ind�cent ;
7. l�OUA n�admet pas qu�un Etat refuse d�extrader des mercenaires au motif que ce sont des nationaux et, dans tous les cas, leur enjoint d�engager contre eux des poursuites criminelles ; 8. l�OUA appelle ses membres � l�assistance mutuelle, � l�entraide judiciaire et � coop�rer dans la pr�vention et la recherche et la r�pression des mercenaires, des recruteurs, des financeurs, et des rec�leurs�
9. l�OUA tient � ce que l�on punisse les mercenaires intervenant dans conflits non internationaux (entendre par l� : guerres civiles) au m�me titre que les mercenaires embrigad�s dans les conflits internationaux (entendre par l� : guerres entre Etats) ;
10. l�ONU a adopt� la convention internationale sur le mercenariat, � l�initiative des Etats africains alors appuy�s par les pays socialistes, et sur son insistance. Cela m�rite grandement d��tre rappel� ici ;
11. ce faisant, l�OUA a permis l��largissement de la pr�vention et de la r�pression du mercenariat au monde entier. C�est incontestablement quelque chose de positif qui a d�rang� bien des chancelleries �trang�res et explique peut-�tre les r�ticences de certains pays � signer et ratifier cette convention onusienne du 04/12/1989. La conclusion qui convient � ce modeste travail de recherche sur le mercenariat qui a ensanglant� l�Afrique, et qui n�a d�autre raison que le stupide attachement des hommes au pouvoir et � ses avantages mat�riels, est tout enti�re dans cette phrase d�Alfred Sauvy : �Bien inform�s, les hommes sont des citoyens ; mal inform�s ce sont des sujets !�


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