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A FONDS PERDUS
�Illusions meurtri�res�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 09 - 2011


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Voici une r�flexion, profonde et active, pour rompre avec le d�faitisme face � l�obscurantisme, d�faire le nihilisme motivant l�absence de toute perspective de progr�s dans nos soci�t�s et, cons�quence logique, manifeste ou tacite, solliciter le recours aux alliances les plus sordides, internes comme externes. Le dernier ouvrage de Yadh Ben Achour � La deuxi�me f�tiha : l�Islam et la pens�e des droits de l�homme(*), r�cemment paru chez PUF, tombe � pic pour dire �� la fois que le monde musulman est un terrain d�esp�rance et qu�il ne faudrait rien en esp�rer, parce qu�il est en quelque sorte condamn� � la r�clusion, par le fait m�me de son mode de penser et de croire �.
Un r�alisme qui ne doit toutefois pas conduire au d�faitisme, tient-il � pr�ciser dans sa conclusion. �L��tatisation de la religion islamique� l�a amen�e �au plus profond d�une phase de r�gression�. La soci�t� islamique est, pour sa part, �atteinte au plus profond de son �tre, gangren�e par un formalisme outrancier, une politisation d�sastreuse, un attachement maladif aux manifestations socioculturelles externes, une pu�rilit� sans limite de la pens�e religieuse�. Elle souffre d�une glaciation de la pens�e sociale r�sorb�e �dans les menus d�tails du licite et de l�illicite, de la gestuelle corporelle, du niqab, de la burqa ou de l�alitement des adultes en vue d�une mixit� innocente�. La responsabilit� premi�re de cette r�gression incombe � l�Etat pour des raisons �videntes que l�auteur �voquera plus loin, mais pas seulement, car �tous les pouvoirs en sont complices�. Nous sommes en pr�sence d�entit�s aux antipodes de celles qui les ont pr�c�d�es au XIVe si�cle, lorsque l��l�ment �tatique et institutionnel participait � la grandeur de l�Islam par ce qu�on appelle le �contractualisme musulman�, par opposition au �corporatisme statutaire hi�rarchique h�r�ditaire de l�Occident�. L�Islam a besoin de �retrouver l�inspiration du souffle proph�tique, ce d�sir infini de changer le monde et de le sortir de l�ignorance et de la passivit�. Sur le plan cognitif, la scl�rose est attach�e � �l�inaccessibilit� au doute m�thodique� que repr�sentent �l�attachement � la lettre du texte transcendant l�espace et le temps�, d�une part, �la sacralisation du savoir et de la sagesse des anciens, dont la parole tient lieu d�argument �, d�autre part. Ce double travers emp�che la plupart des pays musulmans de �s�ins�rer dans l�esprit des temps modernes�. Intellectuels �concordistes� et ul�mas �r�v�lationnistes radicaux� se disputent un �arc r�f�rentiel� dont les enjeux de pouvoir sont �vidents. Leurs armes communes, mais diff�remment mani�es, sont : la qualification, la comp�tence et l�habilitation en sciences religieuses : �Pour les ul�mas, les intellectuels et leurs acolytes ne sont que des fauteurs de troubles ne disposant pas de la comp�tence n�cessaire en mati�re de sciences religieuses. Cette comp�tence seule leur donnerait le droit l�gitime � la parole. Pour les autres, les ul�mas sont les premiers responsables de la crise g�n�ralis�e du monde musulman, pour avoir fig� la pens�e religieuse dans les sch�mas d�formants, arbitraires, archa�ques et inamovibles.� Il resterait alors � d�choir ces derniers de �leur monopole du savoir et discours� pour incomp�tence. L�enjeu du bras de fer qui semble consacrer la victoire des ul�mas est la relecture du Coran : �Les musulmans ne sont pas victimes de leur texte, mais de ses d�rives historiques (�) Il faut donc revenir � l�esprit du texte.� Fazhur Rahman voit dans ce biais (renouer avec l�esprit du texte sacr�) notre condition d�acc�s � la modernit�, alors que Mohamed Arkoun plaide pour un retour � l�humanisme qui a caract�ris� la civilisation islamique au IVe si�cle de l�h�gire afin de concilier les droits du croyant avec les devoirs de la citoyennet� et lib�rer �la pens�e islamique des fermetures dogmatiques impos�es par des si�cles de lecture close, r�p�titive et rigide du texte coranique �. La vision positive de la personne humaine et de sa libert� dans le texte coranique a �t� malheureusement confisqu�e par les institutions cl�ricales et �tatiques, soucieuses d�asseoir leurs pouvoirs et, il faut avoir le courage de le dire, �justifier et r�tablir les hi�rarchies, les in�galit�s et la domination�. Les nouveaux modes de relecture sollicit�s par l�auteur varient en fonction de leurs perspectives : historique, anthropologique, linguistique, psychanalytique, s�miologique, structurale, t�l�ologique, f�ministe. Les ul�mas, �galement appel�s �r�v�lationnistes radicaux� (ils ne le sont pas tous - fort heureusement), aff�tent, eux aussi, leurs armes pour s�emparer du monopole absolu des trois techniques classiques d�interpr�tation que sont le bien commun ou l�int�r�t g�n�ral ( Ma�laha), la politique de l�Etat musulman conforme aux Ecritures ( Siy�sa shar�iyya) et les desseins r�els de la loi religieuse ( Maq��id). Ce dernier point leur est largement, constamment, et � juste titre, disput� par les intellectuels musulmans r�formateurs ou �concordistes�, au sens o� ils �uvrent � r�concilier la lettre et l�esprit. La tradition et le progr�s, l�authenticit� et la modernit�. Le dessein qu�ils accordent � la loi religieuse est celui de faire valoir l�esprit de cette m�me loi pour lui permettre d�introduire dans sa mati�re les ajustements et les affinements n�cessaires � son adaptation � l��volution des mentalit�s, des m�urs et des besoins. Historiquement, cette technique rationaliste du droit � les Maqa�id � a permis � la soci�t� islamique d��viter de p�rir sous le poids du syst�me rigide scolastique de l�gislation ( taql�d), une r�gression historique g�n�ralis�e du droit qui a failli lui �tre fatale, comme ce fut le cas avec Azzeddine Ibn Abdesselam lors de la chute de Baghdad et de la dynastie abbasside ou Nejm Eddine Ettoufi qui v�cut la p�riode mamelouke ou encore Abou Ishak Echatibi, contemporain de la crise de la dynastie nasride en Andalousie. Ce fut �galement, et plus r�cemment, le cas de l�int�riorisation du concept de droits de l�homme dans la philosophie islamique du droit et des autres progr�s r�alis�s en mati�re de droit p�nal (dans le sens de sa d�corporalisation) ou de droits des femmes (en mati�re de polygamie et de parit�). La politique de l�Etat musulman conforme aux Ecritures ( Siy�sa shar�iyya) peut �galement se r�v�ler un puissant levier aux mains des policy makers et des juges, notamment pour d�passer les r�gles strictes de l�administration de la preuve et r�gler une situation en ayant recours � �une sagesse qui respecte l�esprit du shar�� (l��quit�). Le m�me progr�s est possible en mati�re de libert� de conscience, soutient l�auteur, pour peu � est-ce trop demander ? � qu�on abroge �le crime d�apostasie� et qu�on pr�f�re � toute autre r�f�rence le verset 256 de la sourate de la Vache : �Pas de contrainte en mati�re de religion. � Ou encore : �A vous, votre religion. A moi, ma mienne�. �L�illusion meurtri�re�, particuli�rement incarn�e par Sayyad Qutb, et que les croyants doivent combattre, est celle qui porte sur la n�gation des droits de l�homme, jug�s comme �normes d�une soci�t� d�cadente atteinte par la perversion des m�urs, d�une soci�t� injuste, a-religieuse, livr�e aux ravages du mat�rialisme et de l�individualisme h�doniste�. Droits de l�homme, d�mocratie et la�cit� sont bannis, y compris par la violence. Yadh Ben Achour leur oppose �quatre batailles prioritaires�. La premi�re bataille est livr�e contre les trois forteresses du naturalisme (qui consid�re la vie naturelle comme le fondement de la morale et du droit), de l�historicisme (qui justifie la norme comportementale � partir de la seule exp�rience historique) et du culturalisme (la culture comme fondement du droit) pour asseoir la sup�riorit� de la philosophie des droits de l�homme, afin que s�impose �l�homme libre, ami de Dieu�. La deuxi�me bataille vise � la s�paration entre le politique et le religieux, en partant du constat que �la confusion profite, en derni�re analyse, au pouvoir politique et maintient le citoyen dans un statut perp�tuel d�assujettissement. En effet, quand l�intervention d�un pouvoir quelconque se fait au nom du religieux, sa d�cision �chappe � la d�lib�ration. Elle ne peut �tre remise en cause. Le progr�s devient difficile, sinon impossible�. La troisi�me bataille tient � l�action r�solue visant � �d�noncer sans crainte certaines pr�tentions de la science n�oislamologique des anthropologues, sociologues et autres social -scientistes qui nous invitent � d�crire, calculer et comprendre, sans juger au nom de la science et de l�objectivit�. Enfin, une quatri�me bataille m�rite d��tre livr�e pour �expliquer que l��mergence de la libert� n�est pas un probl�me de mots, encore moins de mensonges. Elle ne peut se r�aliser que dans un syst�me institutionnel dit �d�mocratique� dans lequel les v�ritables principes sont ceux de l�Etat de droit et non de la loi du nombre. Un r�gime antinomique avec les �trahisons constitutionnelles perp�tuelles � caract�re opportuniste destin�es � maintenir un homme au pouvoir�, �la monarchie traditionnelle justifi�e par la descendance ou le pouvoir th�ocratique, justifi� par la transcendance��. Tout est dit.
A. B.
(*) Yadh Ben Achour, La deuxi�me f�tiha : l�Islam et la pens�e des droits de l�homme, PUF, Paris 2011, 194 pages.


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