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ICI MIEUX QUE LA-BAS
Celui qui dit non, celui qui dit oui(1)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 05 - 2012


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Peut-�tre, comme moi, avez-vous lu cette info dans El Watan ? Il s'appelle Tarek Mameri. A 23 ans, il est ch�meur et n'a pas la c�l�brit� de Takfarinas ou celle de Houari Benchenet. Visiblement, il comble son temps, forc�ment creux vu le ch�mage, dans l'activisme militant sur les r�seaux sociaux. Et bien s�r, en dehors des blogueurs comme lui, personne ne le conna�t ! Jusque-l� ! Mais voil� que mardi 1er mai, son nom explose sur le Net et m�me en dehors.
Ce jour-l�, des hommes en civil le kidnappent � Belouizdad (ex- Belcourt, Alger) d'o� il est originaire. Ils le jettent dans un v�hicule de marque Kadi et, en trombe, d�marrent vers une destination inconnue. Le jour-m�me, un membre de la Ligue alg�rienne des droits de l'Homme (LADDH) d�clare au quotidien qu'il cherche � �savoir exactement les accusations retenues contre lui�. Ind�pendamment de ce que l'on ignore et de ce qu'ils peuvent �fabriquer� comme chefs d'accusation, ce que l'on sait de science certaine, c'est que Tarek Mameri a post� des vid�os dans lesquelles il appelle au boycott des l�gislatives du 10 mai. D'ailleurs, on peut encore voir ces vid�os sur internet. Il aurait aussi critiqu� les appels au vote du chef de l'Etat et de ses ministres. L'une de ces vid�os fait le buzz. Une autre, publi�e le 17 avril, montre Tarek Mameri et deux autres jeunes d�montant des panneaux d�affichage �lectoraux. Commentant son acte, il affirme : �Nous allons les enlever et faire passer le message � tous les Alg�riens. Nous ne voulons pas les d�truire pour qu'ils ne disent pas que nous sommes des va-nu-pieds. Nous allons les d�manteler, les ranger pour que l'Etat vienne les r�cup�rer.� Sans doute Tarek Mameri �tait-il loin de penser que nous �tions encore dans l'�re de la police politique avec ce qu'elle a de plus implacable. Car, enfin, si on lui imputait un acte de vandalisme, il aurait suffi de le convoquer au lieu de l'enlever dans une voiture banalis�e.(2) On ne sait pas exactement ce que ces vid�os contiennent, ni ce qu'on reproche au jeune Tarek Mameri, mais ces m�thodes, elles, on les conna�t. On les reconna�t ! Ce sont celles d�avant ! Cependant, si la r�ponse est � ce point visc�rale, c'est que le coup est ressenti douloureusement. Si ces vid�os sont effectivement � l'origine de la r�pression exerc�e contre ce jeune internaute, on peut en imaginer deux raisons. La premi�re r�sulterait de la frayeur du r�gime � l'endroit des blogueurs depuis �le printemps arabe�. La seconde concernerait l'appel au boycott, d�faut de la cuirasse du pouvoir actuel qui a toujours besoin de se l�gitimer par une forte participation. Ce que le pouvoir ignore ou feint d'ignorer, c'est que si les Alg�riens boycottent ou s'abstiennent, ce n'est pas parce qu'un jeune internaute a post� des vid�os pour exprimer son ras-le-bol. Ce n'est pas non plus parce que des partis politiques les appelleraient � cette position. C'est seulement en raison de leur exclusion du champ politique par un pouvoir qui s�accapare tout l�espace, ne r�alisant la pr�sence du citoyen qu'au moment du vote. Au fond, l'appel au boycott, l'invitation � l'abstention, sont eux-m�mes incarn�s dans chacun des actes de ce pouvoir. Et c'est peut-�tre � ses membres qu'il convient d'attribuer cette lente et inexorable d�saffection de la confiance des Alg�riens en leurs dirigeants impos�s, m�me en cas d'�lection. Petit point de droit : rien dans la l�gislation alg�rienne ne r�prime l'abstention ou le boycott ! C'est pourquoi on trouve loufoque la suggestion d'un avocat c�l�bre de rendre le vote obligatoire et d'infliger des sanctions appropri�es aux �abstentionnistes � Cette joyeuse suggestion est le fait de Farouk Ksentini, pr�sident de la commission charg�e des droits de l'Homme. Comme on peut le constater, chez nous, les droits de l'Homme sont bien d�fendus... surtout la libert� d'opinion assur�e par la Constitution. Tandis que l'on kidnappe de jeunes internautes qui poussent des coups de gueule sur le Web, celui-ci est truff� de vid�os d'artistes alg�riens vendant la camelote des �lections au profit des d�tenteurs de patente. Ainsi, peut-on voir d'illustres noms de la chanson et du spectacle d�biter des morceaux de bravoure �lectoralistes comme on d�clame une tirade au bout de laquelle tombe le cachet. Hasard du calendrier ? Le 26 avril dernier, Journ�e mondiale de la propri�t� intellectuelle, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, annon�ait un nouveau programme comportant le montant de 398 millions de dinars attribu�s � des auteurs nationaux et �trangers. 51 de ces millions de dinars sont r�partis entre 563 artistes et 67 producteurs nationaux. La soir�e fut l'occasion de rendre hommage � des artistes parmi lesquels les Alg�riens Cheb Bilal et Takfarinas. C'est sans doute � la sortie de cette c�r�monie qu'on a tendu � Takfarinas le micro � travers lequel il nous apprend que ceux qui ne votent pas le regretteront. Je suis particuli�rement incommod� d'avoir � le dire car Takfarinas est un artiste auquel je reconnais de grandes qualit�s humaines et musicales. J'ai juste envie de lui demander : �Mais qu'est-ce que tu fiches dans cette gal�re ?� Devant sa contrition � prononcer ces paroles presque contre nature, en tout cas contre sa nature d�artiste, je ne suis pas loin de me demander, rejoignant en cela un jeune ch�meur de Sidi A�ch interrog� par l'Agence Siwel : �L'avez-vous vu ? Il �tait tellement g�n� qu'on dirait qu'un agent du pouvoir lui pointait un pistolet sur la nuque.� Naturellement, la politique du pouvoir consiste � mobiliser les artistes en jouant, au mieux sur la fibre nationaliste, au pire sur celle du portefeuille. Des caravanes d'artistes sillonneraient, semble-t-il, le pays pour faire le travail d�agit-prop qui est celui des politiques. A Oran notamment, 75 artistes parcourent les 26 communes de la wilaya, missionn�s par la Direction de la culture pour appeler les citoyens � se rendre en masse aux urnes, le 10 mai prochain. Certes, les artistes ont le droit de s'impliquer dans des causes citoyennes et m�me politiques. Ils ont le droit de soutenir le pouvoir. Mais il vaudrait mieux pour eux, pour nous, pour l'Alg�rie, qu'ils s'en tiennent � ce qu'ils savent le mieux faire : chanter, jouer, etc. Quoi qu'il en soit, le b�ton du kidnapping pas plus que la carotte tendue aux artistes ne parviennent � d�geler l'indiff�rence des Alg�riens pour l'�lection des d�put�s qui auront, il est fort � craindre, pour unique souci de g�rer une carri�re et leur propre patrimoine.
A. M.
1) Les Brechtiens reconna�tront dans le titre de cette chronique celui, invers� ici, d'une c�l�bre pi�ce de Berthold Brecht.
2) Au moment o� cette chronique se bouclait, on apprenait que le tribunal de Sidi M'hamed a ordonn� la lib�ration de Tarek Mameri et annonc� qu'il serait jug� le 30 mai. Accus� de �destruction de biens d'autrui, incendie de documents administratifs et incitation � l'attroupement�, l'accus� a reconnu les faits devant le procureur en disant : �Oui, j'ai d�truit les panneaux d'affichage �lectoraux et br�l� ma carte d'�lecteur. J'ai pr�f�r� commettre cela plut�t que de m'immoler. �


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