Par Arezki Metref [email protected] Face � Sa�d Jalili, �missaire de l�ayatollah iranien Ali Khamenei, le pr�sident syrien Bachar Al-Assad joue les Kadhafi en jurant sa d�termination � �purger le pays�. En effet, quelques jours avant d��tre tu�, Kadhafi clamait, lui, qu�il allait �nettoyer la Libye maison par maison�, confirmant, a posteriori, � son corps d�fendant, que le glossaire prophylactique si cher aux dictateurs ne leur r�ussit pas. C�est que �a va plut�t mal pour Al Assad ! Alors que la bataille d�Alep faisait 226 morts dont 146 civils en une seule journ�e, Ryad Hijab, le monsieur personne jusqu�alors Premier ministre, jouait les filles de l�air pour aller se r�fugier au Qatar via la Jordanie. Son parcours de d�fection dessine, � lui seul, l��tranglement g�ostrat�gique auquel la Syrie est soumise. Pas que des amis alentour, non ! Mais qui est donc ce Hidjab qui crie aux �crimes de guerre� et au �g�nocide� commis depuis 16 mois par le r�gime syrien contre son propre peuple, selon son porte-parole, Mohamed Otri ? Un inconnu nomm� en qualit� de faire-valoir sunnite � un poste qui ne conf�re aucun pouvoir dans la galaxie alaouite. Il s�en va � l�heure o� les rats quittent le navire, quand il commence � prendre l�eau. Pour qu�il revienne en h�ros dans le barda du Conseil national syrien (CNS) et des ses arm�es de djihadistes et de salafistes, il a int�r�t � ce que sa d�fection serve � r�crire sa bio en opposant, car de son cursus, il n�y a rien � tirer. A 46 ans, Ryad Hidjab a �t� nomm� Premier ministre par Al Assad au mois de juin dernier car de tous les sunnites de sa remuante tribu des Sukhons entr�e en r�bellion entre Homs et Deir Al-Zor, il �tait le plus insipide. Baasiste d�vou� au r�gime, il a fait carri�re dans la soumission � la dictature. Processus classique de cooptation dans les syst�mes dictatoriaux � parti unique : cadre de l�Union des �tudiants, puis responsable r�gional du parti Baas, plusieurs fois gouverneur, avant de d�crocher, au d�but du soul�vement, le maroquin de l�agriculture D�fections, attaques de l�opposition, attentats contre les responsables militaires de la s�curit�, vote par l�ONU sans la Chine et la Russie d�une r�solution r�clamant le d�part d�Al Assad, la pression devient insoutenable pour l�h�ritier. L�Arabie saoudite et le Qatar sont loin d��tre les seuls � se r�jouir des d�convenues du N�ron de Damas. Ils ne sont pas non plus les seuls � y �uvrer en finan�ant g�n�reusement, et avec l�assentiment des services de renseignements occidentaux, toutes les bandes d�allum�s du djihad impatients de trucider Al Assad pour se trouver face � l�Iran chiite. Jusqu�� L�international Herald Tribune (26 juillet) qui titre �Al- Qa�da se faufile en Syrie et change la nature du conflit�. Les services de renseignements estiment, � Paris et � Washington, de 1 000 � 3 000 ou m�me � 10 000 les djihadistes �trangers parmi les insurg�s syriens. Ceci est confirm� par le cri de victoire lanc� d�ores et d�j� par Al- Zawahiri, le successeur de Ben Laden, en faveur des �Lions du Levant�, les l�gionnaires du djihad affluant vers la sunnite Alep pour faire le coup de feu. Les puissances occidentales, � commencer par les Etats-Unis, s�interrogent sur l�apr�s-Al Assad en salivant � l�avance sur l��clatement du pays et l�embrasement de foyers de conflits religieux qui d�sagr�geront la Syrie et affaibliront l�Iran. Si le gouvernement socialiste fran�ais man�uvre avec prudence pour ne pas m�contenter ses alli�s atlantistes et ne pas commettre d�actes contraires aux int�r�ts de la France, les forces de la guerre grondent. Dans une d�claration sur laquelle il �tait revenu, l'ancien pr�sident fran�ais, Nicolas Sarkozy, critiquait l'immobilisme de son successeur, laissant entendre que lui aurait d�j� agi. A savoir qu'il aurait envoy� des troupes pour casser le dictateur Al Assad, liberticide et bourreau de son peuple. Ce � quoi Laurent Fabius, ministre des Affaires �trang�res, a r�torqu� que la seule chose dont il se souvienne, c'est que Sarkozy avait convi� Bachar Al Assad � la tribune du d�fil� du 14 Juillet 2008. Pour sa premi�re sortie publique depuis sa d�culott�e du mois de mai, Sarkozy r�cidive en s�entretenant avec le pr�sident du CNS devant qui il accuse implicitement son successeur de ne pas envoyer l�arm�e d�loger Al Assad. Bachar Al Assad �tait-il d�j� un odieux despote � l��poque o� Sarkozy le recevait en grande pompe pour le d�fil� du 14 Juillet ? On a pos�, � raison, la m�me question concernant Kadhafi, invit� turbulent un jour, et le lendemain inf�me dictateur m�ritant d'�tre but� dans un caniveau. Les va-t-en guerre qui veulent en d�coudre avec le r�gime d'Al Assad invoquent bien s�r les exc�s d'une dictature attentatoire aux droits de l'homme. Mais s'agit-il l� d'une d�couverte ? La r�ponse n'est pas dans la question. Elle est dans cet angle mort que l'on nomme g�ostrat�gie et que l'on tente d'expliquer par des �l�ments de politique int�rieure. Il est clair que ce n'est pas pour d�fendre les droits d�mocratiques des Syriens que l'Arabie saoudite et le Qatar, soutenus par les Etats-Unis et l'Europe, ont fabriqu� et financent une trouble opposition jouant sur les f�lures et les conflits irr�solus de la Syrie des Assad qui couvrent, p�re et fils confondus, 42 ans de pouvoir. Opposition qui puise de toute �vidence dans le registre sensible des droits et des libert�s des individus et des peuples pour sensibiliser l�Occident tout en pr�chant, en interne, la puret� sunnite contre la fl�trissure alaouite et la faute chiite. La g�n�rosit� que l'Occident affiche devant les crimes d'Al Assad � l'encontre de son peuple ne tient pas la route. Sinon pourquoi ce c�ur g�n�reux ne s'emballe-t-il pas pour les millions de morts de la guerre civile au Congo, au Sri Lanka, au Soudan� ? Pourquoi aussi ce c�ur si sensible aux droits et aux libert�s demeure-t-il indiff�rent aux archa�smes d�bilitants des monarchies saoudienne et qatarie, aux tortures de Guantanamo, au chaos engendr� par l'attaque am�ricaine de l'Irak ? Il y a encore bien des raisons pour que ce c�ur d�goulinant d'humanisme et de g�n�rosit� batte. Mais non, c'est � la Syrie qu'il a d�cid� de se vouer tout entier. L�ennui aussi, c�est que la presse occidentale est � ce point intoxiqu�e qu�elle contribue � r�duire un conflit qui vise � d�sagr�ger la Syrie et la jeter en p�ture aux chamailleries sanglantes des minarets, et fragiliser l�Iran, au sauvetage d�un peuple tenu en otage par un dictateur. Vieille rengaine consistant � habiller de nobles mots les faits les plus mesquins. Cependant, except� pour des �amateurs� comme Sarkozy qui pense entrer dans l�histoire pour avoir pouss� � attaquer la Libye, sans voir que la d�composition salafiste et djihadiste du Mali en d�coule, le cauchemar hante d�j� les capitales occidentales en anticipation du chaudron que sera la Syrie sans Al Assad et des guerres entre les diff�rentes factions islamistes qui ne manqueront pas de fomenter un embrouillamini sanglant dans la r�gion dont pourrait p�tir Isra�l. L��quation en devient insoluble : comment chasser Al-Assad sans jeter la Syrie dans les pattes des djihadistes ? L�Occident salive et cauchemarde tout � la fois. Pourtant, il y a des solutions : des n�gociations avec l�opposition interne et structur�e soucieuse de l�int�r�t national de la Syrie contre les app�tits imp�rialistes de l�Occident. Mais visiblement, les forces atlantistes conqu�rantes et leurs valets saoudien et qatari pr�f�rent la politique du pire.