L'émotion provoquée par l'ignoble exécution d'Hervé Gourdel était jusqu'à hier toujours aussi palpable qu'elle l'a été tout juste après que soit tombée, mercredi en fin d'après-midi, la confirmation de l'horrible nouvelle. De l'émotion, mais aussi des interrogations sans fin quant aux circonstances de son enlèvement et de tout ce qui a suivi. Azedine Maktour - Tizi-Ouzou (Le Soir) Marquée par les quatre-vingts enlèvements qui, de manière quasi cyclique, défraient la chronique sécuritaire dans la région depuis pas loin d'une dizaine d'années maintenant, lorsque ce ne sont pas les quelques menées terroristes ou les coups que leur portent les éléments de l'ANP, comme pour rappeler que la lutte contre les rebuts des années de feu n'est pas terminée, la Kabylie s'interroge avec une acuité jamais égalée depuis longtemps sur la réalité de la situation sécuritaire. La sanglante entrée en lice de Jund Al Khalifah au nom de l'Etat islamique en Irak et au Levant au sud-est de Tizi-Ouzou et la réplique de l'armée ne font plus de doute chez plus d'un : c'est un nouveau chapitre de la lutte anti-terroriste qui s'ouvre désormais dans une région qui, à son corps défendant, se prête, de par la nature de son relief, aux desseins des résidus d'Aqmi. Des desseins que l'armée ne semble pas près de laisser se matérialiser puisque, selon les supputations d'une source sécuritaire, il ne faut pas croire, comme c'est la tendance depuis trois jours, que c'est seulement la recherche du corps d'Hervé Gourdel qui importe aux éléments de l'ANP en mouvement dans les vastes contrées entre Tizi-Ouzou et Bouira. La neutralisation du groupe mené par Abdelmalek Gouri, alias Khaled Abou Souleymane, est évidemment l'objectif majeur de l'opération en cours aux confins du majestueux Djurdjura. Du moins, estime la source sécuritaire dans ses convictions. En attendant les suites de l'enquête sur les circonstances ayant amené le touriste français à tomber aussi «facilement» entre les mains du premier groupe activant au nom de Daesh en Algérie, et les résultats sur le terrain des recherches en Kabylie, il est à relever cette méprise dont ont été victimes trois jeunes, mercredi soir au sud des Ouacifs, lorsque des militaires leur ont tiré dessus, leur causant de légères blessures, alors qu'ils roulaient à vitesse réduite et feux éteints dans les parages de la zone des opérations menées par l'armée depuis lundi matin. Par ailleurs, faisant fi de toutes ces circonstances, plusieurs dizaines de personnes ont tenu un rassemblement, jeudi matin, devant l'entrée principale de l'université de Tizi-Ouzou pour dénoncer l'assassinat d'Hervé Gourdel. Une manifestation à travers les rues de Tizi-Ouzou avait été prévue pour le même jeudi pour dénoncer l'enlèvement du touriste, mais la dramatique tournure prise par les événements a fait que les organisateurs de la manifestation, réunis autour d'un comité citoyen kabyle, ont décidé d'opter pour un rassemblement.
