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17 OCTOBRE 1961
Entre commémoration par les uns et... souhait de tourner la page pour d'autres
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 10 - 2014

Comme tous les ans à cette même date, de nombreux rassemblements sont prévus à Paris et dans d'autres villes françaises ce 17 octobre 2014 pour rappeler que des Algériens, sortis le 17 octobre 1961, manifester pacifiquement contre le couvre-feu qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris d'alors, ont été, ce jour-là et les jours suivants, jetés à la Seine, arrêtés et torturés ou encore refoulés en Algérie. Le ton, cette année, est plutôt à «l'apaisement» lorsqu'il s'agit de relations avec la France.
La commémoration du 17 Octobre 1961 et l'exigence de vérité sur les massacres perpétrés en France sur les Algériens prend cette année une tournure particulière. Alors que les infatigables militants –algériens et français acquis à l'indépendance algérienne – continuent à exiger que toute la lumière soit faite sur les crimes commis ce jour-là par les autorités coloniales sur les Algériens de France, certains officiels algériens se sont déplacés cette semaine à Marseille pour chanter une nouvelle chanson : il faut tourner la page, il ne sert à rien de ressasser le passé. «Il faut apaiser les esprits et se projeter sur l'avenir» avec le partenaire français.
La rencontre organisée dans la ville phocéenne par l'Union des universitaires algériens et franco-algériens (qu'est-ce que cette association et par qui a-t-elle été créée ?) relayée par Canal Algérie dans son JT de 19 heures de dimanche dernier, se voulait évoquer le devoir de mémoire et marquer cette commémoration, a pris un ton pour le moins étonnant.
Ainsi, Babes, le président du Cnes, au micro de la correspondante de Canal Algérie, s'est fendue de ces propos : «Un tandem Algérie-France résolument tourné vers l'avenir» et d'enfoncer encore le clou : «Il faut apaiser les esprits en évoquant les projets.»
Chevènement à partir d'Alger ne disait pas autre chose : «Plutôt que chercher la cause des faits loin en arrière et chez les autres, nous servirons mieux nos patries en nous tournons ensemble vers l'avenir et en regardant chez l'autre ce qu'il y a de positif et qui peut être mobilisé dans l'intérêt mutuel» (in l'Expression du lundi 13 octobre).
En fait, du passé il ne faut peut-être pas faire table rase mais cessons, semble-t-on nous recommander, d'un côté comme de l'autre, de remuer ce passé qui ne semble plus déranger ni indisposer. L'heure, nous tonne-t-on, est aux affaires, au business. Ce nouveau ton n'est en vérité pas si nouveau que ça. Au début de cet été, des soldats de l'ANP et le ministre algérien de l'Energie et des Mines Youcef Yousfi, ont pris part au défilé du 14 Juillet, malgré toute la polémique que cette présence avait soulevée.
Le Premier ministre lui-même a, le 15 août dernier, effectué un voyage à Toulon et pris part au 70e anniversaire du débarquement de Provence. Si l'exigence de repentance prônée par certains a été abandonnée, et c'est sûrement mieux ainsi, la colonisation et ses méfaits n'ont jamais fait l'objet d'une condamnation claire et ferme, même si Hollande a, du bout des lèvres, tenté une timide percée vers un peu de vérité, loin toutefois de reconnaître les crimes d'Etat commis alors.
Que pensent ceux qui continuent à militer depuis vingt ans pour cette reconnaissance des massacres perpétrés en ce 17 Octobre 1961 et de l'évolution de ce combat ? Nous avons choisi d'interroger Samia Messaoudi, membre fondateur et responsable de l'association «Au nom de la mémoire» pour nous répondre.
Khedidja Baba-Ahmed
Samia Messaoudi, responsable de "Au nom de la mémoire", au Soir d'Algérie :
«Une page sombre qu'un jour il faudra bien éclairer»
Le Soir d'Algérie : En quoi la commémoration cette année par votre association «Au nom de la mémoire» peut-elle différer des commémorations passées ?
Samia Messaoudi : Notre association Au nom de la mémoire, dont je suis responsable, œuvre depuis plus de 20 ans à la connaissance d'abord et à la reconnaissance enfin, de ce que fut dans l'histoire de l'immigration algérienne et de la France, la manifestation sanglante du 17 Octobre 1961. Porter à la connaissance fut essentiel dans un premier temps et nous l'avons fait avec d'autres (LDH, MRAP, 17 Octobre contre l'Oubli). Nous avons, au cours de ces deux décennies, fait avancer cette connaissance, pour qu'enfin, 40 ans plus tard, soit apposée sur le pont Saint-Michel, une plaque commémorant ce que fut la répression policière ce jour-là et les Algériens morts et jetés dans la Seine. Il ne fallait pas complètement se satisfaire de cela. Le responsable, Papon, préfet de Paris, n'était pas nommément désigné mais une avancée était faite. Les années suivantes ont vu apparaître dans près de 20 villes de banlieue parisienne (Sarcelles, Bobigny, Clichy, Bagnolet, Saint-Denis...) une plaque, une place, une rue et même un boulevard du 17 Octobre 1961 à Nanterre, ville de la plus grosse immigration algérienne de la région parisienne. Certaines villes de province ont également nommé une rue 17 Octobre 1961 : Grenoble, Valence, un arrondissement de Lyon...
Pensez-vous que la reconnaissance des massacres du 17 Octobre par les autorités françaises est un fait acquis aujourd'hui après la déclaration d'Hollande ou qu'il reste encore du chemin à parcourir, comme par exemple la formalisation de cette reconnaissance ?
L'année dernière, le président de la République fit une déclaration qui reconnaît de la plus haute autorité de l'Etat la répression sanglante du 17 Octobre 1961. Il faut souligner que cela a été fait aussi et surtout grâce à la mobilisation citoyenne et militante des associations qui veulent porter haut et fort la reconnaissance de cette date qui doit être le socle d'un apaisement, et non d'une nostalgie ou d'un passéisme. Nous poursuivons cette année un rassemblement sur le pont Saint-Michel, comme à chaque fois. Dans la matinée, nous serons aux côtés de la maire de Paris, pour le dépôt d'une gerbe, avec les personnalités politiques françaises et algériennes. Le soir à 17h, un rassemblement citoyen occupera le pont Saint-Michel.
Dans la soirée, un hommage sera rendu aux hommes qui ont porté cette reconnaissance avec nous, Mouloud Aounit, président du Mrap, Jean-Luc Einaudi, écrivain, et d'autres encore qui ne sont plus là. L'histoire est collective, ce combat gagné est celui d'hommes et de femmes qui sans relâche transmettent une histoire commune, qui reste la plus grande répression sanglante lors d'une manifestation dans l'histoire de la 5e République.
Le chemin qu'il reste à faire est mémoriel, comme d'autres dates sont célébrées dans les manuels scolaires, ou lors des rendez-vous historiques (1914-1918), nous travaillons aussi sur les «poilus d'ailleurs» les troupes coloniales dans la Grande Guerre, et rappeler que le 8 Mai 1945 reste aussi dans nos mémoires, celles de l'immigration algérienne et des Français épris de justice, une page sombre, qu'un jour il faudra bien éclairer.


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