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C'est ma vie
Aïssa, le ciseleur de l'amour
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 10 - 2014

La valeur n'attend pas le nombre des années. Cette tirade du Cid de corneille qui consacre le talent comme qualité innée chez une personne est... taillé sur mesure pour le jeune Maâkri Aïssa, sculpteur sur pierre et sur bois qui a trouvé et tracé sa vocation, alors qu'il n'avait que onze ans, lors d'un hommage rendu au chanteur Matoub Lounès.
L'enfant de Souk El-Khemis (Maâtkas), une région plutôt célèbre pour sa poterie, a fait une heureuse reconversion en optant pour la sculpture, une vocation artistique qui lui a été révélée au moment de son recueillement sur la tombe de l'artiste.
Ce jour-là, il était tombé en admiration devant une statuette réalisée par un sculpteur dédiée au chanteur. Une œuvre qui se ressent et qui ne s'oublie pas.
Cela a provoqué chez l'enfant une véritable onde de choc. Et une foule de questions l'assaillirent : comment une main humaine a-t-elle réussi à réaliser cette fresque d'une beauté vous à couper le souffle ? Que faire pour y arriver moi qui ne connais rien à la sculpture ? S'ensuivirent alors une quête introspective et un combat intérieur qu'il se livra pour arriver à la conclusion que si les autres sont bien arrivés à transformer la matière en objets suscitant admiration et émotion, lui aussi en serait capable. Mieux, il jura que ses œuvres seraient si belles qu'on les regarderait comme on lit un joli poème ou comme on admire une fleur épanouie.
Et le voilà parti à la recherche du matériau idéal. Il prospecta minutieusement les bords d'un cours d'eau où venaient s'échouer et mourir des arbres déracinés par les intempéries. Et d'entre toutes ces essences, il jeta son dévolu sur le chêne, bois noble par excellence, qu'il transforme à sa guise. Il avait raison le petit puisque le chêne apporte plus de force à ses œuvres auxquelles il donna une âme pour devenir avec le temps à la fois poétique et énigmatique. Il commença bien sûr par de petits bibelots et autres gadgets qui ravissent l'œil, ce qui le conforta dans sa démarche artistique à laquelle il s'habitua au point de devenir sa seconde nature. Il entraîna dans son sillage les jeunes de sa génération séduits par toute cette beauté qui revit à travers cette matière morte.
Un peu plus tard, lui qui est profondément attaché à la culture des ancêtres, habilla intelligemment ses œuvres de signes et autres symboles de sa culture ancestrale amazighe. Une manière pour lui d'apporter sa contribution à une culture millénaire vouée à l'oubli si rien n'est entrepris pour la sauvegarder et la promouvoir. Puis surgit une autre passion : la sculpture sur pierre de par son amour pour la matière consacrant à ses créations un effort acharné à travers un projet personnel qui s'enrichit de jour en jour d'idées nouvelles. C'est dans le charme de la campagne de Maâtkas qu'il se ressource pour s'accomplir avec la pierre et réaliser ses œuvres qui font la part belle aux rois numides Massinissa, Jugurtha ressuscités par l'art.
Et c'est le début d'une carrière de sculpteur de pierre qui l'a conduit à exposer un peu partout en Algérie. Des expositions qui l'ont mené de Tizi-Ouzou à Alger, Boumerdès, Bouira, Oran, Tamanrasset, Constantine, Guelma, ainsi que dans beaucoup de villages de Kabylie où ses œuvres font fureur. C'est cependant dans les universités qu'il se sent le plus à l'aise avec des étudiants raffolant de belles œuvres qui donnent une projection à leurs rêves et à un futur qu'ils idéalisent par les objets exposés.
Aïssa est en effet très connu parmi la communauté estudiantine. Et les jeunes font la chaîne pour se faire sculpter le nom d'un ami ou d'un être cher inscrit sur un pendentif en ardoise. Et beaucoup se souviendront pour toujours du modeste présent offert par un ami ou une copine devenus aujourd'hui leurs légitimes compagnes. On imagine toutes les romances vécues par ces couples que le génie du sculpteur a devinées d'un regard fugitif et illustrées pour la postérité d'un geste auguste et avec amour par la grâce de son ciseau à pierre. Lisant mieux que quiconque dans les yeux de tous ces jeunes aux cœurs embrasés, il laisse aller son ciseau qui donne alors naissance à un objet reflétant leurs doux rêves.
D'une situation aussi anodine soit-elle, il tire une idée qui se transforme en monde enchanté que sa main a façonné avec adresse et une tendresse infinie, convaincu qu'il est plus facile de suggérer les choses de la vie par ce travail que par des mots. Car toute cette démarche artistique a un secret : Aïssa vous ouvre son cœur avant que vous ne lui ouvriez le vôtre. Cela lui permet de mieux voir en vous. Et ses œuvres déclinent alors des thèmes qui se rapportent à vos pulsions et se rapprochent de votre bonheur. Il aime la matière, mais son médium de prédilection c'est la pierre qu'il sait si bien façonner. Et ce n'est pas une surprise si des beausaristes de l'école régionale viennent le questionner sur sa démarche artistique et ses techniques de travail. Et ils en ont eu pour leur curiosité, eux qui repartent avec de riches enseignements que l'on ne tire qu'au contact d'artistes qui gardent intacts cette passion et ce goût pour la matière à laquelle ils redonnent vie. Car Aïssa est altruiste. Il rêve lui aussi de s'extasier un jour à la vue des œuvres de tous ceux à qui il a livré les secrets de son travail. C'est le cas de cette imprimerie réalisée manuellement à échelle réduite. De 10 cm2, elle renferme 16 carreaux de 1 cm2 de coulage. Destiné à un remodelage dont l'apprentissage permet de retrouver rapidement d'autres caractères par simple adjonction ou retrait de signes, elle constitue un outil pédagogique irremplaçable pour les férus des signes de l'alphabet tifinagh.
Ne possédant pas de machines, il réalise artisanalement ses œuvres. Et à la longue son corps ressent les effets de la fatigue nés d'une position inconfortable et de la poussière envahissante dégagée lors de son activité, même s'il ne s'en plaint pas. Cela l'a fait réfléchir pour fabriquer une petite machine pour éviter à ses mains les crampes provoquées par la pression exercée par le ciseau sur la pierre.
Que de chemin parcouru alors par Aïssa depuis l'année 1998 ! Aujourd'hui, ce talentueux autodidacte, qui a peaufiné sont art venu à lui un jour de recueillement, voit grand. Il souhaite l'aide de l'Etat pour permettre aux jeunes sculpteurs de s'adonner à leur passion dédiée à la beauté. Ces esthètes privés d'ateliers ne peuvent aller au bout de leurs rêves habités par des œuvres essentielles réalisées à partir de projets personnels. Une façon pour lui de parer et d'orner nos villes et villages de belles fresques à même de leur redonner leur cachet typiquement culturel où le regard est toujours attiré par leur charme exquis. De cette aventure artistique entamée dès l'âge de 13 ans dans son petit village de Maâtkas, Aïssa est sorti grandi de son art qu'il aime faire partager un peu partout dans le pays.


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