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1er Novembre 2014
Ne sous-estimons aucun danger potentiel
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 11 - 2014


Par Karim Younès
Nous célébrons dans quelques jours, la soixantième année d'une date que l'Histoire de l'Humanité a gravée dans son registre d'or pour avoir porté tout un peuple -et à sa suite tout un continent- vers la fin d'une oppression coloniale, vers la liberté enfin retrouvée... C'était à une époque où les dirigeants faisaient du passé de l'Algérie une référence et de l'avenir un objectif commun.
Le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er novembre 1954, intervient en pleine guerre froide entre l'Occident et l'Union soviétique.
La France coloniale refuse de prendre en considération l'aspiration du peuple algérien à la liberté et à l'indépendance. Pourtant, ce peuple-là n'a jamais cessé de faire entendre sa voix par la voie pacifique avant de prendre les armes. Mais la France est toujours restée sourde. Elle ne comprend que ce qui ne dérange pas son ordre injuste... Elle fait mine, cette fois aussi, de ne voir en ce peuple «mineur» qu'un faire-valoir pour nuire à ses intérêts. Voilà qu'aux sifflements des premières balles de la guerre de Libération, elle impute aux pays communistes ce que le discours politique colonial banalise à l'époque en une subversion communiste, voire «une agression étrangère déguisée en insurrection nationale».
Les analyses développées en ces temps-là se recoupent : l'équilibre des forces entre les deux grandes puissances, URSS et Etats-Unis, étant instauré par la maîtrise de l'arme nucléaire, il restait la conquête d'un territoire en organisant des «prétendues guerres de libération» contre le pouvoir politique établi au moyen du terrorisme et de la propagande. Cet état d'esprit colonial ne peut imaginer qu'un pays «sous-développé» en arrive à revendiquer une indépendance nationale, territoriale et politique.
Le choix de prendre les armes pour mettre fin au système colonial rassemble la majorité des Algériens. La matrice du nationalisme algérien en cette moitié du XXe siècle est née de la culture du peuple, qui, à travers l'Histoire, a démontré ses capacités de lutte contre toute forme d'oppression. Elle s'est nourrie de l'action inlassable des milieux religieux, pour rejeter l'assimilation, des milieux politiques qui réclamaient droits et justice.
Tous ces ingrédients ont donné corps à la volonté de faire aboutir la revendication essentielle dans un cadre concerté et unifié : le recouvrement de la liberté pour le peuple algérien. Les services de propagande français se trompent. Le déclenchement de la guerre est l'œuvre des Algériens et non de l'URSS, de Cuba, ou de la Chine. Le sacrifice de toute une génération, jeune pour la plupart, n'aura pas été vain. Rappelons-nous, les militants du mouvement national qui ont déclenché la guerre pour l'indépendance du pays étaient tous des jeunes. Didouche n'avait que 27 ans, Bitat 29, Ben M'hidi 31, Krim Belkacem 32 ans, Aït Ahmed 28 ans, Amirouche 28 ans, Abane Ramdhane 34 ans. Seuls Boudiaf, Ben Boulaïd, Ben Bella et Khider dépassaient à peine les 40 ans. Les étudiants grévistes en mai 1956 ont rejoint les maquis à l'âge de 17, 18,19 ans au plus. Le combat par les armes, puis par la diplomatie a imposé inéluctablement l'inscription de la «question algérienne» à l'ordre du jour dans les instances de l'Organisation des Nations Unies.
Pour atteindre cette grande ambition, la libération du pays, il y a eu plusieurs étapes. Celle du 20 Août 1955, une opération politique et militaire d'envergure s'il en est. Malgré des incidences extrêmement préjudiciables à une population écrasée par le rouleau compresseur des soldats coloniaux qui de l'avis même de leurs chefs (Aussaresses entre autres) ont fait un autre massacre qui rappelle par sa férocité, celui de Mai 1945, les opérations du 20 Août 1955 ont peut-être sauvé la Révolution de l'essoufflement.
En 1956, le FLN qui a su rassembler toutes les forces politiques et sociales du pays organise le Congrès de la Soummam, le 20 août. C'est bien cette coordination entre les forces de tout le pays qui avait cruellement manqué aux résistants algériens de 1830 à 1954.
Traverser l'Algérie de long en large avec le risque permanent de se faire prendre par l'ennemi, préparer dans la clandestinité les futurs textes de la Révolution par des moyens réduits, se réunir enfin pendant une vingtaine de jours quasiment au cœur du dispositif répressif de l'armée coloniale est une gageure que ne peuvent ignorer que des esprits mesquins, auxquels l'Histoire de notre révolution n'a octroyé que de petits paragraphes. Ces quelques rappels doivent suffire pour contredire les allusions pénibles de ceux qui voyaient mal, très mal le fait de n'avoir pas été les héros d'un tel évènement. Des forces éprises de paix et de justice dans le monde, des intellectuels de gauche notamment ont apporté leur soutien sous diverses formes, des prises de position jusqu'au «port de valises» du FLN.
En 1960, l'ONU proclame le droit à l'autodétermination du peuple algérien. Une grande victoire pour le peuple algérien qui voit à travers cette déclaration la fin d'un calvaire qui a duré 130 ans. L'organisation FLN/ALN bénéficiant de la pression internationale, maintient la pression intérieure où les combats continuent, aussi bien sur le territoire algérien qu'en «Métropole» même où le peuple maintenant bat le pavé des grands boulevards.
La France contrainte ouvre des négociations officielles avec le GPRA. C'est le début de la fin. Mais à quel prix ? L'Algérie a perdu 1 million et demi de ses enfants. Elle compte des milliers de veuves et d'orphelins. Ses villages ont été dévastés par l'horreur, ses terres calcinées par le napalm. Rejetant la politique d'intégration, le président Charles de Gaulle qui mena concomitamment une guerre à outrance à partir de l'été 1959 tout en essayant de séduire par de grandes initiatives socio-économiques qui n'ont pu entamer la volonté des Algériens à se libérer d'un interminable joug colonial des plus inhumains, de plus d'un siècle, est contraint à proposer une politique d'autodétermination qui se traduit par un référendum tenu en «Métropole» et en Algérie. A ses interlocuteurs qui le poussaient en désespoir de cause à accepter l'intégration des Algériens, de Gaulle, conscient que la loi du nombre serait à terme, en faveur des Algériens musulmans, opposa :
«Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoires, les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français. Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau.
Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ?
Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et les Berbères d'Algérie étaient considérés comme des Français, les empêcheriez-vous de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-deux-Eglises, mais Colombey-les-deux-Mosquées.»
La sentence de l'Histoire tombe le 5 juillet 1962. L'Algérie recouvre son indépendance après 132 ans d'occupation coloniale. Une occupation décidée sous le règne de Charles X, petit-fils de Louis XV, que poursuivit son cousin Louis-Philippe de 1830 à 1848. L'Algérie vécut durant cette période de conquête la politique résumée par le général Saint Arnaud en ces quelques mots : «On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres.»
De la IIe République de 1848 à 1852 sous Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, l'Algérie résiste toujours à la puissance de feu des forces coloniales qui ne se retiennent pas de procéder à des «enfumades», à des razzias et autres saccages des récoltes, des douars entiers. De la IIIe République, l'Algérie a connu les lois scélérates, les senatus consulte de 1863, la loi instaurant l'état civil en 1881 appliquée avec l'intention de bouleverser la société algérienne en la déstructurant, l'atomisant, l'émiettant, de déposséder les Algériens de leur patronyme, façon de casser l'identité. Tous les Présidents successifs ont été témoins de la tragédie vécue par les Algériens demeurés pour eux des sujets, chair à canon de leur armée. Napoléon III a imaginé inclure l'Algérie dans un vaste «royaume arabe» qui s'étendrait jusqu'à Baghdad et devait dépendre de la Syrie.
Ses successeurs à partir de décembre 1870 et l'avènement de la IIIe République, sont tous restés sourds aux luttes politiques menées par les partis politiques algériens musulmans qui réclamaient un ordre social et économique plus juste, un rôle politique conforme à celui en cours pour les Français. Tous les Présidents sans exception d'Adolphe Thiers en 1871 à Albert Lebrun en 1940. Il en est de même pour les Présidents de la IVe République : Vincent Auriol 1947-1954, et René Coty 1954-1958 qui fut témoin du déclenchement de la guerre de Libération. Charles de Gaulle de 1958-1965 (puis de 1966/1969), premier Président de la Ve République vivra comme «acteur-observateur» de son siècle, la mer coloniale se retirer dans un mouvement de marée basse et clore la longue nuit coloniale de 132 ans.
Notre pays, à l'instar de bien d'autres, a vécu un long «processus d'aliénation historique et d'annihilation de notre propre anthropologie culturelle et linguistique» mais le redressement est à notre portée : aux ressources naturelles énormes dont nous disposons s'ajoute, en effet, un réservoir de ressources humaines jeunes et surtout disponibles pour l'économie nationale.
La jeunesse algérienne avec ses besoins, ses aspirations, ses problèmes, constitue l'un des principaux défis de l'avenir. Et il est vraiment dommage et même inacceptable qu'aujourd'hui cette jeunesse ne soit pas associée à la préparation de son avenir, celui du pays alors que c'est elle qui a mené le combat libérateur d'hier.
Notre avenir ? Il est indubitablement lié à celui de l'évolution du monde d'aujourd'hui. Posons-nous cette question : notre pays, l'Algérie, est-il en ordre de marche pour aller au-devant des défis du siècle ? Car les défis sont multiples et interdépendants. Pouvons-nous avoir un partenariat stratégique avec la première puissance du monde hors dimensions sécuritaires ? Pouvons-nous espérer partager une vision géostratégique et forger des alliances structurées pour affronter les grands enjeux et défis du monde et des relations internationales ?
Le défi de l'eau, de la terre et de l'environnement est encore plus important parce qu'il s'agit d'assurer la sécurité alimentaire des futurs 60 millions d'Algériens, avec des ressources en eau qui seront de plus en plus rares, des sols insuffisamment exploités et mal protégés en ce moment. Un peuple qui arrive à se suffire sur le plan alimentaire, est un peuple qui peut affronter tous les autres défis. Nous nous étonnons de voir l'Occident, parfaitement homogène malgré les naturelles divergences humaines, imposer des recettes de gouvernance alors que de tout temps, il a créé — et crée encore — des monarques et des présidents, les a imposés et soutenus, empêchant par là, l'expression et l'exercice politiques libres. Ce qui comptait, naguère encore, c'était le bénéfice escompté d'accords économiques et commerciaux juteux, conclus en l'absence d'opposition politique crédible.
Il est efficace parce qu'il agit, il a des politiques, des stratégies, des visions géopolitiques élaborées, concertées et approuvées par les citoyens. Dans la poursuite de ses objectifs, il a l'appui des institutions dont il s'est pourvu, l'OSCE, l'OTAN, l'AIE, etc.
Ne nous trompons pas, chacun défend ses intérêts mais qui défend les nôtres ? Les puissances étrangères nous observent et nous jugent à l'aune de leurs propres intérêts. Pour ce qui est de l'Algérie, trois facteurs essentiels retiennent l'attention de nos partenaires étrangers : la position stratégique en Afrique et en Méditerranée, les intérêts commerciaux, avec les réserves de change de 200 milliards de dollars US, et les ressources en hydrocarbures pour approvisionner notamment les marchés européens. D'où aussi l'urgence d'une véritable politique de transition énergétique indépendante à vision lointaine, au lieu de messages d'apaisement conjoncturels basés sur une exploitation hypothétique d'hydrocarbures non conventionnels. D'abord une meilleure logique économique, historique, culturelle pour faciliter l'intégration maghrébine.
Une mise à plat institutionnelle entre les 5 pays du Maghreb (Maroc, Mauritanie Algérie, Tunisie, Libye) est nécessaire, mais est-elle réalisable ? Il s'agit du préalable de la démocratie, socle commun indispensable pour construire un processus d'intégration. Une solution juste et équitable de l'avenir du Sahara occidental est une autre épineuse condition pour entrevoir les prémices d'une intégration politique et économique. L'Afrique que beaucoup d'acteurs politiques considèrent comme un continent en devenir est déjà disputée aussi bien par les pays du Maghreb, séparément, que par l'Asie et l'Occident.
Sans unité maghrébine, quelle chance avons-nous devant les puissances économiques déjà sur le terrain, Chine en tête ? Enfin sommes-nous condamnés à rester prisonniers de l'idéologie populiste de «one two three viva l'Algérie». Et d'abord, de quelle Algérie s'agit-il ? De celle qui dépendrait du résultat d'une compétition sportive ? Ou de celle interpelée dans son existence au sein d'un monde en perpétuelle ébullition, où le faible est la proie du plus fort ? De l'Algérie pensée, rêvée par nos aînés qui ont payé de leurs vies la libération du pays ou s'agit-il de l'Algérie du conteneur, de la précarité, de la soumission aux nouveaux barons du pouvoir de l'argent... ? Il ne s'agit pas ici de critiquer pour critiquer, mais d'attirer l'attention sur l'essentiel car notre responsabilité politique c'est d'incarner l'idéal et non de laisser se dégrader l'image de la nation.
Les clignotants de l'actualité qui s'affolent nous obligent à trouver les solutions les plus urgentes et les plus pérennes pour éviter à notre pays de s'enfoncer davantage dans la régression sociale.
L'Algérie rêvée par nos aînés qui ont consenti le sacrifice suprême pour libérer le pays des griffes du colonialisme peut-elle continuer de s'offrir le luxe de laisser impunis les prédateurs d'une économie promise à un autre destin, un destin national matrice et porteur d'espoir ? La corruption gangrène plus que jamais la société, et l'impunité l'enracine dans les mœurs, l'encroûtement engourdit les esprits, la démagogie gèle tout effort de réflexion, l'intérêt personnel et celui de clans l'emportent sur l'intérêt général et du pays.
L'ampleur des dégâts se révèle sous nos yeux, corroborée par des remous sociaux de plus en plus exacerbés. Ne sous-estimons aucun danger potentiel. La menace rôde autour de nos têtes... La paix sociale est volatile. L'achat des consciences n'est pas la solution. Plutôt la mobilisation autour d'une gouvernance juste, attractive car émanation d'institutions crédibles, légitimée par le choix libre et réellement démocratique de la Nation. Le danger d'une atteinte à notre socle identitaire, à notre devenir historique dépend en grande partie des moyens retenus par notre pays pour le doter d'instruments efficaces afin que son entrée dans le siècle des innovations le met à l'abri du statut des peuples «globalisés» face à la coalition des puissants qui rythment le monde au gré de leurs intérêts exclusifs. Toutes ces dernières années j'ai eu le temps d'observer le temps.
Le temps de notre pays, celui de notre peuple. Celui du temps présent et de ses bouleversements parfois dramatiques, le temps d'une jeunesse innombrable angoissée, désabusée mais encore disponible. Celui d'une économie en perpétuelle désintégration, celui d'une citoyenneté en éternelle décrépitude. Celui de nos institutions devenues désuètes, archaïques et archaïsantes, celui de la pulvérisation de nos valeurs de fraternité, de solidarité, d'urbanité qui avaient cimenté par le passé les règles de notre vie.
Que cette célébration de la date de notre renaissance en tant qu'Etat moderne nous donne l'occasion de valoriser le message d'un ancêtre, Jugurtha, qui a donné le meilleur de sa personne pour faire renaître celui de ses aïeux, message dont la matrice a inspiré les militants de Novembre. N'est-il pas temps d'une réflexion collective profonde et d'un courage civique partagé pour traduire les espérances de notre peuple en une formule nouvelle, dynamique et performante qui réponde à l'intérêt de notre collectivité nationale et qui permette son ancrage dans la réalité du monde d'aujourd'hui, un monde qui avance mais qu'il est possible encore d'arracher une place ?


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