Auteur aussi complet que prolifique, Aziz Djaouti continue d'exprimer avec enthousiasme le monde magique du 9e art. Il édite régulièrement ses œuvres, se lance dans d'autres projets... Pourtant, Aziz Djaouti est à l'âge d'une retraite bien méritée (il est né en 1955 à Tili Ouakadi, wilaya de Béjaïa). Quelqu'un d'autre que lui aurait plutôt envisagé de transmettre le relais. Seulement voilà, il possède un don réservé à quelques personnes : la faculté qui existe chez les artistes de s'émerveiller, d'inventer des situations, de modeler le monde comme bon leur semble. Lui qui fréquente assidument l'univers de la bande dessinée et de l'illustration depuis les vertes années, garde cette éternelle jeunesse créative qui l'accompagne dans son élan. «Ne jamais cesser de tenir dans sa main la main de l'enfant que l'on était», disait Miguel de Cervantès à propos du besoin pour un artiste de toujours éveiller l'enfant créateur qui est en soi. Aziz Djaouti n'a donc pas changé, il partage avec les enfants cette imagination féconde à la source de son plaisir de créer, d'éditer des BD, des livrets illustrés... naturellement destinés aux jeunes lecteurs en priorité. Des œuvres simples et ludiques, à voir et à lire pour s'instruire tout en s'amusant. Au cours de notre rencontre, il nous a présenté un échantillon de ses œuvres (parfois rééditées) : L'œuf magique, Jugurtha, le roi intrépide, L'histoire de Si Mohand ou M'hend, L'épopée de Lalla Fatma n'Soumeur, Identification des motifs ornementaux amazighs, La vache des orphelins, Massinissa, le grand roi, Mes souvenirs sur le Mouvement national (1936- 1962), etc. Tous des livrets illustrés et centrés sur des contes, légendes et fables du terroir, de grandes figures historiques et sur le patrimoine culturel. Cette mémoire construite au fil des ans, par le moyen des BD et des collections de livrets, participe grandement à l'éveil de la personnalité de l'enfant. Aziz Djaouti a un parcours riche en récits d'aventures et d'images que lui-même a conçus et réalisés. Il ne s'interdit aucun sujet, aucune forme de récit et aucun style graphique. Il est tour à tour bédéiste, illustrateur, caricaturiste et auteur de textes en français et en tamazight. Comme pour nous rappeler qu'il est passé maître dans les techniques de l'illustration et de la combinaison des séquences, il sort de son sac quelques souvenirs de «guerre» : de nombreuses BD éditées dans les journaux, des caricatures, des planches en couleurs et en noir et blanc... Et là, nous ne sommes plus dans l'univers des histoires pour enfants, mais beaucoup plus dans le langage mature qui, par-delà le divertissement, fournit au lecteur un raisonnement critique et réfléchi. L'auteur de La ruée vers l'or (une BD qui raconte l'histoire de Moh la Malchance et Ali la Poisse) et de Les aventures de Tchipouh (sa première BD, éditée en 1990) a aussi la capacité de redevenir un enfant facétieux, car il sait cultiver l'humour et l'ironie. Et là il invente des personnages à qui il arrive de drôles d'histoires, des histoires qui nous font rire de la bêtise humaine. Retour aux écoliers, à l'histoire et au patrimoine culturel, après cet intermède : Aziz Djaouti nous apprend qu'il a de nouveaux livrets illustrés, actuellement en chantier, dont l'un est consacré à Tarik Ibn Ziyad. Pour les écoliers amoureux d'art visuel à lire, ces futurs compagnons sont déjà la promesse de ce monde magique dont Aziz Djaouti adore partager les secrets. Rien que pour cela, cet artiste au parcours laborieux mérite respect et reconnaissance.
