Une trentaine de sites à travers le monde entier espèrent faire leur entrée sur la liste du patrimoine protégé, lors de la 40e session à Istanbul en Turquie de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Cette 40e session de l'Unesco qui se tient durant dix jours dans la capitale économique et culturelle de la Turquie pour réviser la liste du patrimoine mondial de l'humanité, accueille la demande de 29 autres sites qui attendent d'être classés par l'agence onusienne en plus des 1 031 sites répartis sur 163 pays, déjà classés. Parmi les œuvres proposées figurent celles de l'architecte franco-suisse Le Corbusier. Le dossier, porté par la France, regroupe 17 sites dans sept pays (France, Suisse, Belgique, Allemagne, Argentine, Japon et Inde) pour montrer la dimension planétaire de l'œuvre de Charles-Edouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier (1887-1965). Est également en lice l'architecte brésilien Oscar Niemeyer (1907-2012), père de la capitale Brasilia. Son pays propose d'inscrire sur la liste du patrimoine mondial l'ensemble moderne de Pampulha, un centre de loisirs conçu en 1940 autour d'un lac artificiel à Belo Horizonte. Plusieurs autres dossiers sont, en revanche, liés à la préhistoire : la réserve de Mistaken Point (Canada), avec ses fossiles de plus de 560 millions d'années, les sites d'art rupestre de Zuojiang Huashan (Chine) qui datent du Ve siècle avant J.-C., les dolmens d'Antequera (Espagne)... Des sites naturels sont également en lice, notamment le désert de Lout en Iran, l'archipel de Revillagigedo au Mexique ou la chaîne des Puys en France. Lors de l'ouverture de sa 40e session dimnche, l'Unesco a appelé la communauté internationale à apporter «une réponse forte» aux extrémismes en se mobilisant pour la préservation du patrimoine et de la culture. La 40e session du Comité du patrimoine mondial s'est ouverte donc dimanche à Istanbul (Turquie) sous la présidence de Lale Ülker, ambassadeur, directrice générale des affaires culturelles et de la promotion à l'étranger au ministère turc des Affaires étrangères. La cérémonie d'ouverture a été l'occasion de rappeler que le patrimoine mondial, qui fait aujourd'hui l'objet de nombreuses menaces, doit plus que jamais demeurer un vecteur de cohésion et de dialogue. Le Vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmuş a rappelé dans son discours d'ouverture le rôle fondamental que doivent jouer la culture et le patrimoine. Ce rôle est rendu plus décisif encore dans une période marquée par les guerres et les attaques terroristes. «L'Unesco a pour vocation de protéger nos valeurs communes (...) et ce rôle est encore plus crucial aujourd'hui alors que nous vivons une période difficile», a-t-il déclaré. «La meilleure réponse à ces attaques n'est pas seulement politique mais aussi artistique et culturelle. Il faut faire front ensemble.» «Le patrimoine mondial incarne une idée révolutionnaire a souligné, de son côté, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, l'idée selon laquelle toutes les cultures et croyances peuvent s'unir autour de la notion de valeur universelle exceptionnelle. Lorsqu'un site est détruit où que ce soit dans le monde, nous souffrons tous, nous sommes tous affaiblis, même s'il est situé dans une autre région, date d'une autre période ou appartient à une culture différente.» «Ce qui est en jeu ici, ce n'est pas seulement d'ajouter de nouveaux sites sur une liste. Il s'agit aussi de réaffirmer l'importance des valeurs humaines et des droits de l'homme. Il s'agit de soigner des mémoires blessées, d'utiliser le patrimoine pour reprendre confiance, se rétablir et se tourner vers l'avenir», a poursuivi Mme Bokova. Le ministre turc de la Culture, Nabi Avcı, a, lui, insisté sur le fait que l'Unesco est la mieux placée pour promouvoir la coopération : «L'Unesco est l'étendard de la "soft power", un principe fondamental sur lequel on peut construire la paix.» «Aujourd'hui, nous sommes tous témoins des menaces qui pèsent sur le patrimoine mondial. Attaquer le patrimoine revient à attaquer l'histoire, l'identité et les valeurs d'un peuple. Face à de telles menaces, nous devons rester unis. Au cours de cette session, sur la base des actions déjà entreprises, nous débattrons des mesures complémentaires à prendre pour faire face à ces menaces», a souligné pour sa part Lale Ülker. Le Comité du patrimoine mondial, qui se réunit du 10 au 20 juillet 2016 à Istanbul, examine au cours de cette session les propositions d'inscription de 27 sites sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco : 9 sites naturels, 14 sites culturels et 4 sites mixtes (à la fois naturels et culturels). Le comité examinera également l'état de conservation de 108 sites déjà inscrits sur la liste et des 48 sites figurant sur la liste du patrimoine mondial en péril.