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A propos de la prochaine Conférence mondiale des ministres des Sports
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 05 - 2013

L'Allemagne accueille à Berlin, du 28 au 30 mai 2013, la 5e Conférence mondiale des ministres des Sports et hauts fonctionnaires responsables de l'éducation physique et du sport, MINEPS V, pour débattre de trois points : 1-L'accès au sport : un droit fondamental pour tous ; 2-promouvoir l'investissement dans les programmes de sport et d'éducation physique ; 3-préserver l'intégrité du sport.
Dès 1952, la Conférence générale de l'Unesco adopte une résolution présentant des programmes et des activités visant à «développer et promouvoir les sports à des fins éducatives». En 1976, l'Unesco réunit la première Conférence internationale des ministres et hauts fonctionnaires responsables de l'éducation physique et du sport (MINEPS I) en vue de développer des outils et mécanismes appropriés favorisant une coopération internationale et de définir des orientations et des stratégies communes en matière d'éducation physique et sportive (EPS). MINEPS I sera présidée par le ministre algérien, Abdallah Fadhel. Les conférences des MINEPS sont devenues le point culminant d'un processus de collaboration internationale visant à : 1- Promouvoir l'EPS en tant qu'élément fondamental du droit universel à l'éducation et 2- Utiliser le sport comme moyen d'atteindre le développement social et de bâtir des relations harmonieuses entre les Etats. MINEPS II sera organisée à Moscou en 1988. Comme MINEPS I, elle souligne le rôle éminent que le sport, s'il demeure fidèle aux valeurs dont il est porteur, peut jouer comme «élément privilégié de compréhension internationale et de rapprochement entre les peuples en faveur de la paix, de la compréhension, de la coopération et du développement de relations amicales». S'agissant de MINEPS III à Punta del Este, (Uruguay 1999) et de MINEPS IV à Athènes (Grèce 2004), j'ai eu le privilège d'être désigné par le directeur général de l'Unesco comme secrétaire général de ces deux conférences mondiales, avec pour mission d'assurer leur préparation et organisation en concertation avec les Etats membres. De l'avis unanime des participants, les résultats des travaux de MINEPS III et IV et les Déclarations de Punta del Este et d'Athènes ont marqué un véritable tournant dans la perception et la place du sport dans le système des Nations unies. L'Unesco sera félicité par Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, qui installe, en juillet 2002, un groupe de travail «Le sport au service du développement et de la paix» sous la présidence de Mme Carol Bellamy, directrice générale de l'Unicef, et de Adolf OGI, ancien président de la Confédération suisse, conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU sur le sport au service du développement et de la paix. Les travaux de ce groupe auxquels j'ai participé en tant que représentant de l'Unesco ont montré combien la contribution du sport peut être importante à la santé publique, à l'éducation, à la réduction de la pauvreté, à la lutte contre la pandémie de VIH, à l'environnement durable ainsi qu'à la consolidation de la paix et à la résolution des conflits. Le rapport, intitulé «Le sport comme outil au service du développement et de la paix : vers la réalisation des objectifs de développement du millénaire», est remis au secrétaire général des Nations unies en mars 2003. Du 9 au 10 janvier 2003 est organisée au siège, conformément à une recommandation de MINEPS III et à la décision 3.2.2 du conseil exécutif de l'Unesco, une table ronde des ministres qui souscrit à la proposition relative à l'élaboration d'une convention internationale contre le dopage dans le sport. Soulignant que «le dopage risque de tuer le sport comme il tue les sportifs», les ministres et représentants de 103 Etats membres présents à la table ronde reconnaissent «le besoin d'une coordination accrue des efforts à l'échelle internationale» et souscrivent à la proposition relative à l'élaboration d'une convention internationale contre le dopage dans le sport. Les Etats participant à cette table ronde ont également invité le directeur général de l'Unesco à : «Porter à la connaissance du secrétaire général des Nations unies les conclusions de cette rencontre, en attirant particulièrement son attention sur l'importance de l'éducation physique et du sport ainsi que sur l'opportunité d'engager un débat à ce sujet à l'Assemblée générale.» Le 3 novembre 2003 est adoptée à l'unanimité la résolution A/58/L.2 intitulée «Le sport en tant que moyen de promouvoir l'éducation, la santé, le développement et la paix». L'Année internationale du sport et de l'éducation physique sera inaugurée le 27 octobre 2004 par l'assemblée générale de l'ONU. Le soutien rencontré auprès du gouvernement tunisien et de M. Adolf OGI mérite d'être particulièrement signalé. A Athènes, décembre 2004, la quatrième Conférence mondiale verra pour la première fois la constitution d'une commission «Les femmes et le sport». Les recommandations de cette commission aboutissent en 2007 à la création, sous l'égide de l'Unesco, d'un Observatoire international pour les femmes, le sport et l'éducation physique. MINEPS III et MINEPS IV ont indiscutablement contribué à accroître largement l'égalité entre les femmes et les hommes dans le sport, améliorer l'enseignement du sport à l'école, à soulever la grave question du «commerce» des jeunes sportifs originaires, notamment, des pays en développement. MINEPS IV parviendra surtout à créer un large consensus autour du projet de la Convention internationale contre le dopage dans le sport : ce fut loin d'être facile. Lors de ces deux conférences mondiales, en l'absence d'une délégation du ministère de la Jeunesse et des Sports de l'Algérie, j'ai eu grand plaisir à travailler avec deux remarquables ambassadeurs algériens qui ont activement influé sur les résultats des travaux : Nourredine Ayadi, ambassadeur de l'Algérie en Argentine et en Uruguay, et Ahmed Benyamnia, ambassadeur de l'Algérie en Grèce. Ce fut franchement un motif de fierté. Rappelons également qu'en juillet 1999, l'Unesco organise à Paris, conjointement avec le CIO, la Conférence mondiale sur l'éducation et le sport pour une culture de la paix en présence de J.A.Samaranch, président du CIO, et d'un grand nombre de personnalités du sport, de la culture et de politiques. M. Mayor, directeur général de l'Unesco, déclare lors de la séance d'ouverture : «Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons écrire le futur, Le sport est un des mots-clés pour écrire ensemble le futur.» Cette conférence sera présidée par l'ancien chef du gouvernement Grec M. George Papandreou. Fekrou Kidane du CIOcen sera le rapporteur et moi-même le vice-président. La conférence lance «un appel solennel à tous les acteurs concernés, en particulier à l'Unesco, au CIO, aux responsables politiques, aux organisations non gouvernementales, aux fédérations et associations sportives nationales et internationales, aux dirigeants et supporters des clubs sportifs, à toutes celles et à tous ceux qui pratiquent le sport et en particulier aux sportifs de tout niveau à promouvoir parmi les jeunes les valeurs, les attitudes et les comportements qui caractérisent une culture de la paix». Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, souligne dans un chaleureux message adressé à la conférence : «L'Unesco et le Comité international olympique méritent notre gratitude... Il existe d'autres moyens, moins traditionnels que la diplomatie officielle qui peuvent jouer un rôle dans la promotion de la paix... Le sport est l'une de ces voies. Il a depuis longtemps montré une capacité remarquable à dépasser les différences nationales, politiques, ethniques et culturelles.» Neuf ans après MINEPS IV, quel est l'état des lieux du monde sportif et quels sont les enjeux politiques qui sont au cœur des politiques du sport à travers le monde ? Le sport est partout : dans l'économie, dans les programmes scolaires, dans les émissions télévisées, dans les politiques de la santé, de la famille... Il est loisir, spectacle, travail, profession, industrie... Il régit, dit-on, la paix dans le monde, favorise l'intégration et l'esprit d'équipe. L'ampleur de ce phénomène universel mérite d'évidence qu'on s'y arrête. Néanmoins, il ne faut jamais oublier que dans le domaine du sport, tout dépend de l'usage qu'on en fait, des mains dans lesquelles il se trouve et de l'esprit qui le dynamise. Le temps du danger «existentiel» du sport est plus que jamais présent. Citons rapidement quelques exemples : le milieu associatif est vampirisé par le caractère spectacle, l'économique prend de plus en plus en otage le sport, Les médias s'approprient le sport et deviennent des amplificateurs d'une autre version du sport. L'idée initiale du sport qui se définit comme la meilleure école est dévoyée. C'est pourquoi, MINEPS V doit en appeler aux fondamentaux de l'humanisme et de l'esprit sportif. Il est reconnu que les évolutions de la société entraînent des évolutions de la règle de droit. Loin d'être un ensemble immuable, la modification des mœurs entraîne la modification de la règle. Cela nous amène à penser qu'Il n'y a pas de question qui ne soit controversée. C'est ce qui explique que même le sport est, aujourd'hui, controversé à la fois dans son organisation, sa pratique et dans sa théorisation. Selon le professeur Jean-Marie Harribey : «La mondialisation sportive s'intègre dans le processus d'achèvement de la marchandisation de toutes les activités humaines dans le monde, processus conduit par le capital financier.» Fondée prioritairement sur le spectacle sportif, cette marchandisation expose le sport à de sérieuses dérives. Elle affaiblit l'esprit sportif et amplifie ses distorsions. D'une manière générale, sans parler de violences qui commencent à prendre de l'ampleur et parfois de conflits diplomatiques, le sport est devenu une industrie qui ne saurait, dans ce contexte, échapper à la crise internationale à cause de ses imbrications avec les multinationales et ses nombreux liens avec le marché financier. Le modèle de recettes sportives est devenu de plus en plus lié au monde des affaires. N'ayons pas peur des mots ! L'exigence de contrôle et d'une saine organisation du sport mondial se font grandement sentir. La morale et l'éthique sportives l'exigent, le devenir et le développement du sport l'imposent. Le véritable problème est que sous la pression d'enjeux commerciaux de plus en plus élevés et
de lobbies des plus actifs, «l'universalisme» des jeux est devenu synonyme de multiples dérives, argent, corruption, dopage, commerce des jeunes talents, sur-compétitions, sophistication, gigantisme des installations, déréglementation..., autant de phénomènes qui atteignent progressivement l'ensemble des niveaux et des pratiques, mettant gravement en danger l'éthique sportive. Comment stopper une telle dérive ? Peut-on imaginer une mondialisation du sport qui échappe aux logiques de la concurrence économique ? Doit-on se doter de nouvelles règles internationales pour préserver l'éthique sportive ? Quelles relations doivent guider sport et politique ? C'est là un débat de fond extrêmement important qui mérite d'être abordé avec franchise et sérénité dans toute sa globalité. Il importe de soutenir les Jeux olympiques et les grandes manifestations sportives internationales. Il n'est pas de meilleur moyen de le faire que de veiller à ce que ces manifestations demeurent, dans leur préparation, leur organisation et leur déroulement, fidèles aux principes de la charte olympique. Il faut souhaiter que ce débat soit repris par toutes les personnalités éminentes pouvant contribuer grandement au renforcement des valeurs originelles de l'humanisme sportif. Pour relancer l'intérêt sportif, limiter les dérives financières, à l'instar de la réaction contre la suprématie de la finance sur l'économie réelle, le sport professionnel a besoin de nouvelles règles et de régulations qui arbitrent de manière plus équilibrée entre la recherche du profit et les aléas des compétitions : en un mot, d'une profonde moralisation. Un sursaut est nécessaire pour sauver le sport du discrédit et des scandales dans lesquels le mènent certaines pratiques actuelles. Les valeurs du sport ne peuvent être confisquées par une personne ou un groupe de personnes. Elles ne peuvent l'être par telle ou telle idéologie. Pour se renforcer, ces valeurs doivent tendre à l'universalité. Elles ont besoin de responsabilités collectives pour préserver, à la fois, un système d'aides publiques au monde sportif et le réformer afin d'anticiper et de limiter les multiples dérives auxquelles il est de plus en plus exposé. C'est à ce prix que nous serons fidèles aux valeurs fondatrices du sport et de l'humanisme sportif. La bonne gouvernance et l'éthique sportive, le souci de savoir comment redonner une place aux laissés-pour-compte, sont autant de points qui doivent retenir l'attention de Mineps V. Pour être crédibles, les décisions qu'exigent les instances sportives internationales au niveau national doivent être sous-tendues et renforcées par un système international qui ne peut avoir de véritable autorité morale, de réelle crédibilité que s'il commence, lui-même, à se rénover de l'intérieur et à s'imposer les mêmes exigences. Comme le rappelle l'article 10 de la charte internationale de l'EPS : «C'est par la coopération et la défense d'intérêts communs dans le domaine de l'éducation physique et dans celui du sport, langage universel par excellence, que les peuples contribueront au maintien d'une paix durable, au respect mutuel, à l'amitié et créeront ainsi un climat favorable à la solution des problèmes internationaux. Une étroite collaboration, dans le respect de leurs compétences spécifiques, de tous les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux nationaux et internationaux, intéressés, doit favoriser le développement de l'éducation physique et du sport dans le monde entier.» La situation actuelle du sport doit inciter les participants à Mineps V à se poser les questions fondamentales quant à la nature et aux fonctions du sport dans notre société : l'Etat doit-il tout mettre en œuvre pour le développement et l'épanouissement de la jeunesse et de l'ensemble de ses citoyens ou servir de marchepied à la volonté d'hégémonie et de profit des magnats du sport, notamment du football ? Durant les prochaines années, l'ordre international va continuer à connaître une période de mutations sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. L'organisation et la pratique de l'éducation physique et du sport ne pourront rester étrangères à ces mutations et bouleversements. C'est là un débat de fond extrêmement important qui mérite d'être abordé. L'Unesco offre un cadre incomparable pour dépassionner ce débat, proposer avec discernement et recul ce qui peut être amendé, ce qui peut être valorisé, rénové et enfin ce qui doit être combattu sans faille. En prévision du prochain Mineps VI qu'il serait souhaitable d'organiser dans un pays africain ou asiatique, il est indispensable de mesurer le chemin parcouru, de recenser les acquis, les difficultés et les contraintes rencontrées depuis l'adoption de la charte internationale de l'éducation physique et du sport adoptée lors de la vingtième session de la conférence générale de l'Unesco en novembre 1978. 35 ans après son adoption, il est temps d'identifier et de fixer les nouveaux objectifs à atteindre et de penser à un réaménagement de la charte internationale de l'éducation physique et du sport. La règle sportive est une règle commune consentie qui se différencie de la loi étatique par son caractère non national. Un corps social ne subsiste pas sans règles, son développement passe par le respect de la règle. L'activité sportive ne déroge pas à cette conception. La responsabilité du pouvoir sportif, à ce niveau, est immense. Qu'il prenne garde à ne pas s'affranchir de ces règles dans un réflexe de facilité et de «pouvoir». La façade de légalité ne pourra faire oublier le manque de légitimité qui finira à coup sûr par amener le pouvoir politique à exiger du monde sportif un comportement sociétal exemplaire. Véritable sacerdoce, le bénévolat ne saurait être une excuse. Prenons garde à ce que cette culture du bénévolat ne soit pas elle aussi détournée au profit de phénomènes de pouvoir pour lesquels la dignité et la transparence ne sont pas les vertus les mieux partagées. Le bénévolat ne saurait être une excuse ou encore moins une justification de comportements malsains, dont la famille sportive est témoin. Même s'ils rechignent à s'y soumettre, les bénévoles ne sont pas exempts de responsabilité civile, parfois fois pénales et également politique. La crise mondiale des activités sportives dans les systèmes éducatifs ne saurait être isolée du déclin constaté des valeurs fondamentales du sport. Il ne suffit pas de dénoncer les maux : il faut agir loin de tout sectarisme. Il ne suffit pas de se scandaliser : il faut réagir. Rêvons d'un sport meilleur en étant conscients de l'ampleur des défis. Affrontons ces défis en refusons de quitter ce rêve quels que soient les difficultés et le pessimisme du moment. La compétition, la recherche de la performance et le sport de haut niveau doivent aller de pair avec le sport pour tous, à la portée de tous et pratiqué par tous pour le plaisir, la santé et le bien-être. C'est dans cette voie de coexistence qu'il faut développer l'action concertée et la coopération des différents acteurs, pouvoirs publics et mouvement sportif. Le document de base de Mineps V rappelle : «Reconnaissons le travail accompli par de nombreux acteurs, notamment les gouvernements nationaux, les Nations unies, le Conseil de l'Europe, l'Union européenne, Interpol, Europol, l'AMA, le CIO, les fédérations sportives internationales et nationales, ainsi que les efforts déjà entrepris à de nombreux niveaux pour améliorer la transparence, détecter et combattre les irrégularités, protéger les athlètes, préparer les jeunes, et promouvoir une culture du sport propre et loyal»Pt.3.4. Il souligne avec pertinence : «En d'autres termes, l'enjeu à l'aube du troisième millénaire vise à déterminer le rôle, la place et le statut des activités sportives dans l'action institutionnelle poursuivie par les gouvernements, les entités publiques et parapubliques face à celle du mouvement sportif» et souhaite que cette action bénéficie du soutien des ministres : «résolus à promouvoir et soutenir les mesures de prévention et de bonne gouvernance prises par le Mouvement sportif. » Pt.3.13 et à «explorer la faisabilité de la création d'un service du ministère public spécialisé dans les infractions liées au sport.» Pt.3.22 L'Allemagne a apporté et apporte toujours un précieux soutien au sport. Comment oublier également nos amis Peter Glass, le Conseil international pour l'éducation physique et la science du sport avec Mme Gudrun Doll Tepper et le Dr Margaret Talbot dont le soutien et la compétence ont contribué grandement au succès de la Convention internationale contre le dopage dans le sport. J'ai la conviction qu'une fois de plus, ils sauront montrer à Berlin, avec le précieux concours de tous les Etats membres, combien le sport n'est pas, aujourd'hui, uniquement un exercice physique, un divertissement. C'est aussi un instrument au service d'une cause. Il reste à se poser la question : au service de quelle cause ? Le sport universel est d'abord historiquement un sport amateur. Il a véhiculé des notions de gratuité avant que l'argent ne vienne le corrompre. Loin d'être un adepte de l'angélisme, je constate que dans beaucoup d'activités humaines l'intervention de l'argent est inéluctable. Il reste à canaliser cette intervention. Notre responsabilité est de faire en sorte qu'elle reste compatible avec la culture humaniste et la transmission des valeurs du sport. Mineps V ne peut éviter une analyse rigoureuse des maux qui «cancérisent» actuellement le sport. C'est dans cette voie qu'il faut renforcer l'action concertée, la coopération et la solidarité entre les différents acteurs, pouvoirs publics, mouvement sportif et société civile. Se développant sur le terreau fertile des valeurs universelles de l'humanité, indifférent aux clivages traditionnels, politiques, économiques, sociaux et culturels, s'il doit avoir un sens, le sport ne peut le trouver qu'en direction de l'humanisme. C'est en cela, que l'engagement, la bonne volonté et les efforts de tous sont
plus que jamais nécessaires pour éviter que le sport ne se transforme en une foire d'exhibitionnisme, un marché de muscles voir un simple moyen de jeux de hasard. C'est un véritable «enjeu de civilisation» auquel Mineps V peut apporter un soutien déterminant en replaçant l'être humain comme valeur et préoccupation centrale et en rejetant clairement tout type de violence et discrimination. La réaffirmation de ces principes fondamentaux devraient non seulement irriguer la quintessence des travaux des trois commissions, prévues lors de cette conférence mondiale des ministres des Sports, mais également converger vers l'adoption d'une recommandation prévoyant l'enrichissement de la charte internationale de l'EPS. La question qui se pose est de savoir si toutes les parties concernées et intéressées sont prêtes à mener une telle réflexion et à unir leurs forces lors de Mineps V, à Berlin, pour prendre les décisions qui s'imposent ; rien n'est moins sûr.
H. H. O.
(*) Consultant international, ancien responsable de l'éducation préventive et du sport à l'Unesco, titulaire de la distinction mondiale de l'humanisme sportif


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