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Nour-Eddine Boukrouh répond au professeur K. Merad-Boudia
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 07 - 2016

Je vous remercie, Professeur, de l'intérêt que vous portez à mes écrits, mais il eut mieux valu que votre texte soit adressé à Renan (même post mortem on peut corriger quelqu'un) qu'à moi qui, contrairement à ce que vous affirmez, ne me suis jamais prévalu de sa définition de la «nation» si vous aviez bien lu mon article «L'esprit d'une nation», épisode d'une série consacrée à l'idée de nation, ou les dizaines d'autres que j'ai consacrés à cette thématique depuis le début des années 1970. C'est là que se trouve ma conception de la «nation», pas dans les idées de Renan en dehors de l'heureuse inspiration qui lui a fait écrire un jour que la nation est d'abord un «désir de vivre ensemble». Suivons plutôt le fil de votre écrit :
1) Vous écrivez en paragraphe 1 : «Je tiens à vous avertir que je suis un Algérien ombrageux qui, connaissant bien son pays, l'aime profondément pour son passé, son courage héroïque et ses multiples qualités...» D'abord, il eut été plus séant de m'informer que de m'«avertir» patriotardement. Que vous soyez, ensuite, «ombrageux» ne me concerne pas ni ne me dérange. Cette qualité, selon vous, et ce défaut, selon moi, ne prédestine personne à mieux connaître ou à aimer son pays plus que d'autres. Le mot signifie «soupçonneux, susceptible, farouche...». Je me prévaux d'aimer notre pays commun avec la même intensité que vous au moins, mais sereinement et activement. Activement parce que si j'écris depuis 1970 et que je me suis impliqué en politique depuis 1989, c'était du fait de cet amour maternel mais aussi et surtout poussé par l'espoir de contribuer à son éveil pour le rendre meilleur, pour que notre nation ne reste pas parmi les dernières dans tous les classements mondiaux, place qui lui dénie toute prétention à se vouloir une nation «admirable». Le premier est le premier et le dernier le dernier en toutes choses.
2) Vous écrivez au paragraphe 2 : «Je ne peux adhérer à votre contribution sur l'esprit d'une nation...» J'écris et publie comme on jette une bouteille à la mer sans chercher à savoir si on l'a trouvée ou non, si on adhère au message qu'elle contient ou non.
3) Vous évoquez sur plusieurs paragraphes les définitions possibles de la nation, écrivant : «La vôtre me semble inappropriée, je veux parler de celle d'Ernest Renan.» Tout ce que j'ai fait dans l'article auquel vous vous référez, c'était de mettre en comparaison la formule de Renan («le désir de vivre ensemble»), la remarque de Régis Debray («le désir de faire ensemble») et l'idée que l'islamisme se fait de la nation («le fait de croire ensemble») pour en déduire ma vision personnelle du cas d'espèce que nous sommes, nous autres Algériens qui ne satisfaisons à aucun de ces critères.
Puis vous ajoutez, comme pour me faire passer pour un émule des thèses racistes ou racialistes : «Renan est connu pour son mépris pour les races sémitiques, l'Arabe et le musulman... Qu'on en juge dans ses écrits où il établira même une classification des races. I- La classe des ouvriers, celle des Chinois qui sont d'une grande dextérité mais qui n'ont aucun sentiment d'honneur : gouvernez-les avec justice n'en prélevant d'elle tout le bienfait d'un gouvernement, un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite. II- La race des travailleurs de la terre c'est le Nègre, soyez bons et humains et tout sera dans l'ordre. III- La race des maîtres c'est la race des soldats, c'est-à-dire la race des Européens...»
Quarante ans avant vous j'ai relevé et dénoncé le racisme de Renan. C'était en 1976, dans la préface au livre Les grands thèmes de Malek Bennabi, page 50, où j'ai cité ce même passage selon les termes utilisés par Renan lui-même : «La colonisation en grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre... La conquête d'un pays de race inférieure par une race supérieure n'a rien de choquant... Autant les conquêtes entre races égales doivent être blâmées, autant la régénération des races abâtardies par les races supérieures est dans l'ordre providentiel de l'humanité... La nature a fait une race d'ouvriers : c'est la race chinoise, d'une dextérité de main merveilleuse sans presque aucun sentiment d'honneur, gouvernez-la avec justice, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre : c'est le Nègre ; soyez pour lui bon et humain et tout sera dans l'ordre...» (La réforme morale et intellectuelle de la France, pages 142-143). Au passage, vous vous êtes trompé dans le titre de l'ouvrage, il s'agit de La réforme morale et intellectuelle de la France et non «individuelle».
Emporté par votre véhémence, vous reprochez à Renan de «donner du baume au cœur à tous les envahisseurs coloniaux qui, pour apaiser leurs concitoyens, vont justifier leur conquête par le devoir de civiliser les races inférieures. L'Algérie fait partie de ces races inférieures et elle subira le statut de sujet pendant 130 ans». Savez-vous que Renan était âgé de sept ans lorsque l'Algérie a été envahie par les troupes françaises ?
5) Sortant du sujet de la nation et reportant sur moi votre vindicte, vous écrivez : «En outre M. Boukrouh, vos appréciations sur les Algériens n'ont pas changé depuis que vous avez prononcé cette fameuse phrase (qui vous a discrédité à jamais) : "Vous n'êtes pas un peuple, vous êtes un djoumhour.'' Vous alignant ainsi sur le même diapason que ceux qui ont dit qu'ils se sont trompés de peuple, montrant si nécessaire que vous ne connaissez pas vos concitoyens». Là encore, quatre affirmations, quatre erreurs :
a) Je crois que vous êtes le seul en Algérie à l'ignorer : j'ai parlé de «ghâchi», mot que vous utilisez vous-même plusieurs fois par jour depuis votre adolescence sans que personne vous ait «disqualifié à jamais», pas de «djoumhour».
b) Vous affirmez que j'ai été «discrédité à jamais» par l'emploi de ce mot qui n'avait rien de honteux avant qu'il ne devienne un concept parce que moi je l'ai innocemment et spontanément utilisé lors d'une réponse orale à la question d'un journaliste. A vos yeux, certainement, mais ne parlez pas au nom des autres car vous serez étonné par la vérité ; faites un sondage dans votre milieu et donnez m'en des nouvelles ; on peut aussi faire une virée piétonnière ensemble dans le quartier populaire de votre choix. Et puis pourquoi vous intéresser aux élucubrations de quelqu'un de «discrédité à jamais» et vous donner la peine de lui répondre ? N'y avait-il que moi qui manquais à l'appel des merveilleux fils de cette nation ? Que lui à racheter ? Que cette brebis à ramener à la bergerie ?
c) J'ai utilisé ce mot de notre langage populaire dans une émission TV en mars 1990 alors que celui qui a dit qu'il s'est «trompé de société» l'a fait en décembre 1991. Qui s'est aligné sur l'autre ?
d) Là encore vous avez mal choisi votre terme : je ne cesse depuis mes articles sur «Le génie des peuples» et «Le khéchinisme» (qui remontent à 1979) de déplorer que nous nous complaisions à rester à l'état de foule alors qu'il nous est possible de devenir une grande et belle société. Je n'ai pas dit comme Saïd Sadi (pourquoi ne l'avez-vous pas cité?) «je me suis trompé de société» ; moi je me prévaux de ce peuple, de ses valeurs et de ses défauts, et œuvre à son évolution vers de meilleures formes d'organisation et de pensée en le secouant et le provoquant pour capter son attention et ouvrir sa réflexion sur lui-même dans l'Histoire et dans le monde d'aujourd'hui.
6) Revenant à votre personne. Vous écrivez : «Il n'y a pas de sentiment de volonté de vivre ensemble, dites-vous, détrompez-vous, durant la décennie noire lorsque nos vies étaient menacées quotidiennement et que j'avais la possibilité d'émigrer, j'ai ressenti le profond sentiment que je ne pouvais vivre qu'ici.» Vous auriez eu raison si vous aviez été à vous seul le peuple algérien...
7) Votre conclusion dans laquelle vous dites «néanmoins, M. Boukrouh, gardons l'espoir que nous sommes toujours capables de nous redresser...» éclate comme une contradiction avec ce que vous disiez précédemment. Pourquoi, en effet, chercher ou espérer un «redressement» quand on est sûr d'être au pays où tout va bien, M. le marquis ?
Avec toute ma considération et mes fraternels sentiments, Professeur.


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