Après l'unité de la Sonipec (production des cuirs) de Aïn Defla fermée depuis longtemps et dont il ne reste que les hangars et une montagne de déchets toxiques contenant du chrome, après la délocalisation quasi totale de la SN Métal de Miliana, qui produisait de l'électroménager voilà que la sucrerie ex-ENA Sucre de Sidi Lakhdar ferme ses portes avec 275 employés, tous des chefs de famille qui sont mis à la porte et dont 75 sont contractuels depuis 16 ans, soit 275 familles qui vont se retrouver sans ressources. Cette unité, qui est entrée en production le 22 juillet 1966, fabriquait du sucre à partir de la betterave qui se cultivait sur d'immenses superficies du territoire de la wilaya, culture qui a été abandonnée pour la transformation du sucre roux importé, est passée de mains en mains pour atterrir entre celles du Groupe Berrahal dont le siège est installé à Oran. Cela fait une semaine que le collectif des travailleurs a été averti par ce qu'ils appellent le gardien de l'usine» et non pas le directeur, que l'usine fermait ses portes définitivement, nous ont déclaré les ouvriers qui se sont rassemblés dès le matin de jeudi dernier devant l'entrée de l'usine, dans le calme, affichant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire l'appel lancé au président de la République sollicitant son intervention. Selon la déclaration écrite dont une copie nous a été remise, le collectif des travailleurs reprochent au propriétaire, le Groupe Berrahal, de ne pas avoir respecté les engagements qu'il avait pris auprès du SGP (Société de gestion et de participation) lors de l'acquisition de l'usine, à savoir la remise à niveau de l'Unité, le renouvellement des équipements, la rénovation entière de la ligne de production, la mise en place d'un plan d'investissement d'un montant de 475 milliards sur 5 ans à partir de 2008, dont 250 milliards à investir entre 2008 et 2010, le maintien des acquis des travailleurs, son engagement à accroître la production de 300 à 800 t/jour. Le collectif des travailleurs relève que le désengagement et la négligence du propriétaire à rénover les outils de production, se contentant de bricolages, la gestion de loin de l'usine, l'absence d'un plan de production judicieux, l'approvisionnement aléatoire en sucre brut et un disfonctionnement dans les financements, ont induit de fréquentes et graves perturbations qui se sont répercutées sur le rendement. S'agissant des moyens humains mis en œuvre par le propriétaire, le collectif des travailleurs dénonce l'instabilité de gestionnaires locaux et note la succession de 6 responsables en l'espace de 8 années et des conflits qui les ont opposés. Ceci a eu une incidence sur la gestion de l'usine et a induit le départ massif des compétences, des cadres et des techniciens qualifiés. Sur le plan des salaires, on note que «l'absence totale d'une intention d'augmentation qui a fait que l'employé de l'unité est devenu le moins payé du pays». Pour dénouer la crise, une réunion a été organisée au niveau de la wilaya, toute la journée de jeudi dernier pour trouver une solution, une réunion qui a regroupé les représentants du Groupe Berrahal dépêchés à partir d'Oran, les partenaires sociaux, les responsables de la Wilaya, réunion qui s'est tenue sous la houlette de M. Guerrache Brahim, chef de cabinet du wali, qui a demandé 9 heures de discussions, de 10 h du matin à 19 h. Selon nos informations de source sûre, un accord est intervenu entre les 2 parties, à savoir les 275 travailleurs seront mis au chômage technique comme le prévoit la loi sur le travail, ils percevront 90% de leur salaire majoré de la prime de salaire unique, excepté les primes de poste, et ce, pour une durée de 4 mois à partir de samedi. De plus, il a été entendu que le salaire du mois de décembre passé sera réglé dans sa totalité au courant de la semaine à venir. Comme il a été entendu que tout le personnel reprendra son travail à la fin du délai qui sera consacré à la rénovation des outils de production. A noter aussi qu'il s'agit là d'une réunion tenue à titre exceptionnel sous la présidence de la Wilaya dans le but de sauver et l'usine et les 275 emplois menacés de disparition et assurer ainsi des ressources à 275 familles. Cet accord a été accueilli avec un grand enthousiasme par l'ensemble des travailleurs, avons-nous appris.