L'œuvre grand format Romance sur l'herbe, qui a connu un grand succès sur internet, certainement une allusion au tableau Le Déjeuner sur l'herbe d'Edouard Manet, montre deux couples algériens en tenue traditionnelle assis sur l'herbe, sous un écriteau «Pratique du romantisme interdite». L'Homme Jaune, déjà icône d'une jeunesse hyper-connectée et en recherche d'idéal, expose pour la première fois ses œuvres dans une galerie d'art en Algérie. L'expo, à juste titre, intitulée «L'Homme Jaune s'expose», se déroulera jusqu'au 27 mai prochain à la Seen Art Galery de Dély-Ibrahim à Alger. «L'homme jaune», Yasser Ameur de son vrai nom, propose au regard et à l'esprit du visiteur des œuvres à la frontière entre le pop art et la peinture «classique», style qui a déjà connu un grand succès sur internet et à l'étranger. L'Homme Jaune est un personnage au crâne rasé, au regard vide et à la peau jaune, inspiré de l'expression algérienne «dahka sefra» (sourire jaune), signifiant un peu «faux sourire». Il est le centre de l'ensemble des œuvres présentées dont une première série de 16 portraits en petit format montrant ce personnage avec différents costumes. La société ultra-connectée, et donc dépendante, est illustrée à travers des œuvres comme Low Battery (batterie faible), Fuel (carburant), ou encore Le rat de laboratoire montrant la dépendance à internet ou à d'autres produits de consommation et l'aliénation découlant du désarroi causé, par exemple, par un simple téléphone sans batterie. La place de la femme et son image dans la société sont également abordés par l'artiste dans Je suis une honte, montrant une fille écrivant sur le mur «Ana maraa hachakoum (je suis une femme sauf votre respect). L'Homme Jaune dénonce également Les caleurs (titre d'une œuvre), ces «hommes» qui pratiquent le harcèlement sexuel dans les transports en commun. L'œuvre grand format Romance sur l'herbe, qui a connu un grand succès sur internet, certainement une allusion au tableau Le déjeuner sur l'herbe d'Edouard Manet, montre deux couples algériens en tenue traditionnelle assis sur l'herbe sous un écriteau «Pratique du romantisme interdite». L'Homme Jaune expose également des œuvres comme El Boulitik (la politique), Opinion publique, Préservez-vous l'esprit ou encore Société du spectacle qui lui ont été inspirées par les discussion entre les gens dans les cafés populaires de Mostaganem. Né en 1989 à Blida, Yasser Ameur a étudié les arts et le design à l'université de Mostaganem avant d'intégrer l'Ecole des beaux-arts de la même ville où il dit avoir installé son atelier dans les cafés populaires, sa principale source d'inspiration. En 2012, il a travaille en tant qu'assistant des artistes Denis Martinez et Ali Silem avant de décrocher en 2013 le 3e Prix Ali-Maâchi de peinture et de participer à la 3e Biennale méditerranéenne d'art contemporain d'Oran. A partir de 2015, Ameur entame une carrière à l'étranger et expose dans différents salons et foires internationales d'art contemporain en Europe, notamment au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en Espagne. L'Homme Jaune a acquis aujourd'hui une notoriété internationale. Son regard transcende son pays natal pour se fixer sur la condition de l'homme moderne en général, «son hypocrisie, son individualisme ou encore sa perfidie». Il est devenu le porte-parole d'une nouvelle génération sans frontières qui partage les mêmes repères, le même mal-être, la même quête d'idéal universel. Au sujet de son expo à la Seen Art Gallery, l'Homme Jaune avoue : «j'ai hâte et j'appréhende d'être enfin face à mon public.»
