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L��tranger Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 07 - 2005

La plage du Rouet, � Carry-Le Rouet, est en demi-lune. La crique est balafr�e par une jet�e qui cl�t un port minuscule o� des bateaux de plaisance ondulent sous le mistral. Un sexag�naire � la t�te de Piccoli et au bedon d'assidu de l'ap�ro entre dans l'eau glac�e en s'auto-stimulant : �Il ne manque que le pastis, tin !� (Imaginez l'accent marseillais). J'�carquille les yeux. La finesse m'�chappe, il s'en aper�oit. �On a d�j� le gla�on !�, dit-il dans un rire grand comme cette mer qui a tant de rives, parfois, � souvent � hostiles les unes aux autres, qu'elle fait � elle seule un monde qui vaut tous les mondes.
�Sur l'immense pass� de la M�diterran�e, le plus beau t�moignage est celui de la mer elle-m�me�, �crivait Fernand Braudel. Parle, mer, dis ! Dis ta m�moire �plus vieille que la plus vieille des histoires humaines qu'elle aura port�es� ! La colline tombe � pic dans la mer, h�riss�e de pins maritimes, en une falaise coup�e � la serpe. Bond�e, la plage reste paisible, ferm�e dans la perfection d'une anse qui ne laisse rien voir sur les flancs. Tout ce que tu peux voir d'ici, c'est la ligne de fuite de l'horizon. Tu devines, � la couleur qui mue, le partage des eaux. Par le miracle de l'imagination, tu gommes les constructions et la petite plage plonge alors dans les limbes de la m�moire pour rappeler ces criques d�sertes dans lesquelles Ulysse accostait dans les p�plums de l'enfance. Au cin�ma l'Eldorado, au bord de l'oued El-Harrach, la mer en technicolor, un bleu pastel, faisait oublier l'eau �paisse des excr�ments de toute la Mitidja que la rivi�re pestilentielle s'appr�te � balancer par-dessus bord. Ah ! Ulysse ! Celui-l� ! Il n'en finit pas de parcourir les mers et lorsque, frapp� par la limite d'�ge, condamn� par la p�remption, il se met sur cale, il reste, pour le sillage, autant d'Ulysses qu'il y a de gouttes d'eau dans l'oc�an. Un voyage qui ne finit jamais ! Un vertige ! Le Rouet, encore. Le vent murmure dans les m�ts des embarcations pench�es vers l'onde le chant d'Hom�re. Les p�r�grinations d'Ulysse s'�gr�nent �tape apr�s �tape et c'est la m�me rapsodie qui fulmine au ras du sable br�lant : la m�lancolie de la condition d'�tranger. Ulysse, l'�tranger ! Le Rouet, toujours. Un peu plus tard, alors que le soleil est vertical, qu'il tape dur sur la calotte cr�nienne � faillir bouillir la cervelle dans sa marmite, j'entends ces bribes de dialogue d'un Pagnol qui roulerait au m�lange, comme cette mobylette � laquelle les beurs des ann�es 1980 comparaient la France : �On devait aller se faire un sandwich � la Plaine mais on y a renonc�. Le mec avec qui je suis ne mange que hallal�, dit une jeune Asiatique � sa voisine, une jeune femme aux cheveux blonds cendr�s. Le Piccoli de circonstance sort de l'eau, congel�. Il s'�broue au soleil puis �tend une serviette � m�me le bitume. Je me dis, comme �a : c'est la faute au soleil, � ce sacr� soleil ! Quand il te tanne le cuir chevelu, tu ne sais plus o� donner de la t�te. C'est d'ailleurs ce qui s'est pass� pour Meursault, le personnage paum� de l'Etranger de Camus. Puisqu'on y est, je verrais bien le Rouet comme cette plage ferm�e sur laquelle, � cause du soleil, Meursault tire sur l'Arabe, �et c'�tait comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur�. M�moire de la mer. Cette plage ressemble tant � celles de chez nous, de l'autre c�t� de ce �trait archa�que de la g�ologie du globe� (Braudel, encore) qu'est la M�diterran�e, que des souvenirs se mettent � glisser un peu comme des �les. Camping au Chenoua, aux temps de l'espoir. La tente plant�e entre les arbres et la discutaille autour du feu, avec les menus bruits de la mer fermant les fen�tres pour rentrer chez elle pour la nuit. Autre s�quence : L�o Ferr� chantant, sur la sc�ne du th��tre de plein air de Sidi Fredj La m�moire et la mer. Pendant que les vagues s'�crasaient avec une fureur harmonique contre le mur dans son dos, il crie: �Rappelle-toi ce chien de mer que nous lib�rions sur parole/ Qui gueule dans le d�sert des go�mons de n�cropole�. Ivresse de la baignade � A�n-Taya, � Surcouf, � Decca-Plage. Plongeons � la plage du Lido. Brass�es initiatiques � la Verte-Rive. Emois adolescents au rythme du ressac � la crique d'Alger-Plage en �coutant Marie Jolie des Aphrodite's Child. Plus loin dans le temps, ce spectacle vesp�ral des chalutiers s'en allant du petit port de Cherchell avec, en guise du bruissement des vagues, le fatalisme de Bahr Ettoufane d'El Badji. Plus t�t, bien plus t�t, lorsque la t�l� commen�ait � peine � entrer dans nos chaumi�res, cet hymne � la mer, en interlude, d'Abderrahmane Aziz : El Bahr ! Et toujours, comme un trait permanent, ces fugues � Douaouda-Marine, ces pas sur la gr�ve et ces mains tendues vers le soleil comme vers une nouvelle divinit� de l'amour. L'ennui, c'est que le temps passe. L'ennui aussi, c'est de n'avoir pas assez de place dans ta m�moire pour 1200 km de c�te, sans compter les millions de kilom�tres de toutes les autres c�tes qui sont aussi les tiennes, et des mill�naires d'histoire. Le Rouet, suite et fin. La plage entame sa sieste digestive. Direction : Avignon. Ce n'est pas au bord de la mer, mais c'est tout comme. Cela fait 59 ans que le festival de th��tre tient bon. Au seul volet off, il y a quelque chose comme 700 pi�ces. Le vertige, l� encore. Mais dans ce maquis de la trag�die, le but est pr�cis. Au th��tre des �Corps saints�, Marc Gooris, un com�dien belge de la compagnie de la Grande Ourse, est seul sur sc�ne. Le d�cor est �l�mentaire : une table, une chaise, un lit et un seau d'eau. Dans la salle, le public retient son souffle. Il fait une chaleur d'�tuve l�-dedans. Le com�dien se l�ve et entonne le c�l�bre : �Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-�tre hier, je ne sais pas.� C'est la premi�re phrase de l'Etranger d'Albert Camus. Pendant une heure et demie, avec la force du d�sespoir, il raconte l'histoire absurde de Meursault, cet homme sur lequel tout glisse, qui plane � une telle hauteur d'insensibilit� qu'il n'est plus dans la communaut� des hommes. Il est � la hauteur des anges. Du bien, du mal ? �a d�pend o� tu es. Et voil�, justement, la sc�ne de la plage au cours de laquelle Meursault tue sans raison et sans mobile celui que Marc Gooris n'appelle pas l'Arabe. La chaleur dans la salle est la r�plique de l'air enflamm� de �toute cette plage vibrante de soleil (qui) se pressait derri�re moi�. La chaleur et le jet de mots froids : c'est la douche �cossaise. Tu sors de l� comme du bain � la plage du Rouet : tu grelottes de froid dans le soleil caniculaire. C'est qu'il y a comme un hiatus avec ta propre peau. C'est �a qui fait l'�tranger, c'est la peau. Quand elle devient un pays o� tu te sens mal, tu es alors �tranger partout.

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